Quelques nouvelles petites merveilles extraites des carnets de mon ami Alain Adam.
Quelques nouvelles petites merveilles extraites des carnets de mon ami Alain Adam.
EDEN SELA
Maria Lucia
Voilà Maria Lucia, le nouvel et deuxième album d’Eden Sela. Eden Sela est un oiseau singulier perché sur un arbre implanté dans l’exact nombril de Brooklyn. Voici un arbre et son oiseau pris dans la houle de leurs propres réverbérations et de leurs effets. Eden Sela est un ange nocturne, un être insaisissable qui semble ici, par flux et reflux, aller de l’ironie au sentimental, dans une réjouissante ambigüité. On le sait, c’est l’ambigüité qui fait profitablement comprendre que le monde n’avance pas. Que le rêve d’avancer est une bêtise. Il y a un enfant de chœur dans la belle Eden, une fillette avec sa voix flûtée, il y a de l’enfance et une joie désespérée, les fils blancs de longs oxymores entremêlés, il y a la fillette et une chauve-souris futée, confiante en son sonar, il y a un aimable démon qui connaît la nuit, la fête, le vide. Il y a la belle Eden, avec son visage d’étoile du cinéma. Eden Sela a parfois la voix d’une adolescente qui court sur le bord de la falaise. Eden est un être attachant, poignant, ce n’est pas certain qu’elle le sache toujours. Rien n’est certain. Ici, plus que dans son premier album, elle joue, elle rit, elle ironise. Pas seulement, mais des pincées d’ironie saupoudrent l’arbre sur lequel elle est juchée et chante, dans Brooklyn, dans les petits lieux hors du grand trafic. Dans un univers sonore artificiel, maquillé, hypnotique, un univers d’une sobriété festonnée, elle avance et démultiplie sa voix, la jette dans d’infinis puits d’écho. Eden Sela est un vent, l’invention d’un vent sur clavier, dans un microphone, une liberté qui ne fléchit pas, qui nage dans l’eau propre de sa clandestinité. On dirait qu’elle a mis au point un espace où l’aube et le crépuscule peuvent entrer en contact. Tout est simple dans cet album, comme la lente poussée d’une fleur artificielle. Mais avec ces sons de synthèse, Eden, la petite reine, la petite sœur, parvient parfois a quelque chose de si chaud, de si vibrant, qu’on entre dans le lieu du sentiment et de l’émotion, juste en son centre. Are you ready est la perle de l’album. A l’intérieur de la conque, elle vit et respire merveilleusement. Elle dit, sur un ton de vent tiède et doux, des choses essentielles :
Are you ready
Can you handle it
Leaving your pain behind
And going into the joy
Though I am broken
I can still dip my hands in the light
I still can walk away at any old time
I’ll repeat this motion
I’ll come to you like a dream in the night
I won’t ask questions
I’ll just sleep tight
Can you feel it
Can you handle it
Leaving your pain behind
And going into the joy
If I have limits
Unchain my feet from the ground
I will manage them
I’ll give back what I found
Though I am aging
I can still see angels in the sky
I still can watch the day
turn into the night
Voilà le singulier univers d’Eden Sela. Dans Laying it to Rest, qui ouvre l’album, c’est la fin d’un amour dont on allonge le souvenir pour qu’il prenne du repos. Demain, j’aurai cessé d’appelé ton nom, je ne me souviendrai pas de ton visage. Oui, c’est touchant, l’ange volète sur les décombres de quelque chose, des plumes girouettent dans l’air déçu.
Signalons que Dave Seidman accompagne Eden Sela aux drums.
I Know You’ve Got A Woman est ce genre de chanson qui oscille entre le pathos d’un amour adultère et une certaine ironie singulière. Une Eden ça doit rire ainsi, avec cette voix flûtée, portée très haut. J’aime assez cette ambiance, ce filet de voix qui nage en altitude, qui sinue entre les nuages, les pylônes électriques et les grands oiseaux prédateurs. Tout cela est lent, inscrit dans le courant de la musique minimaliste, mais tout de même conçu et emporté dans une atmosphère d’étrangeté qui désarçonne et plaît.
Jealours Lovers, une chanson qui ne dit pas exactement ce que disent les jeunes filles dans les chansons d’amour. Je me dis, en réécoutant cet album pour le chroniquer, qu’il a souvent une allure folle, qu’il danse dans une galaxie étonnante et inconnue. Des amis à qui je le fais entendre me parlent de Coco Rosie, d’autres me disent, c’est inédit, ça ne ressemble à rien, c’est passionnant, d’autres renâclent devant les effets techniques, la voix. Moi, avec le temps & l’écoute, je me dis qu’Eden Sela explore et fait des trouvailles, qu’elle danse toute entière sur les fils tendus de ses cordes vocales comme une fildefériste, comme l’un de ses sœurs tout en haut de la piste aux étoiles.
Our love comes from nothing
Our love comes from a hole in the ground
Jealous lovers tied us down
But now we are unbund
Because your taking me away
Because your holding me in
Hour after hour
I’m so far away from you now
Jealous lover tied us down
But now we are unbound
I don’t. Chaque titre pourrait être la bande sonore d’un rêve, d’un court métrage onirique. Eden pourrait être un oiseau, un oiseau blanc et un échassier rapace. Quelque chose de volatil(e). Où est Maria Lucia ? Dans cette redondance du blanc ? Carré blanc sur fond blanc, voix blanche dans les nuages, voix mariale sur fond de drap immaculé ? Quelle neige, quelle poudre ? Quelle lumière ? Quelle éclampsie mariale ? D’où vient qu’il y ait un âtre dans cet univers polaire, de la couleur, du bleu, selon moi, et du rouge, dans cet univers blanc ? Il y a du fascinant.
Resistance est une pièce qui danse. Mais elle danse sur un curieux plancher. Resistance dit des choses étranges. Eden est comme personne, elle a une sphère, elle est respire un autre air (qu’elle dérobe), Eden est comme son regard, étrange et belle. Comme les oiseaux de Picasso, un peu, ces oiseaux qu’on aime entendre chanter mais dont on ne peut dire ce qu’ils chantent. Les mots d’Eden sont de petits souffles qui concertent autour de sa voix multipliée.
I forgave him
I was sleeping
We were better
I was stealing
I was stealing the air I was breathing
Heart singing dreaming stinging beaming
This is a message of love and resistance
I know you are waiting
I want you to be someone
Oui, je ne vais pas détailler chaque chanson. Oui, nous attendions, nous aussi. Nous aussi, nous voulons qu’elle devienne quelqu’un. Nous observons que c’est ce qu’elle fait. Elle se fait un monde étrange, une sorte d’aéroplane en plumes et en chair de vent, un genre de faon-volant, elle le fait danser et tourner très haut. Et je pense que c’est une chance de voir passer ce genre de léger aérostat et d’entendre le chant qu’il répand.
Ecoutez les huit titres de ce bel et original album:
http://edensela.bandcamp.com/releases
Denys-Louis Colaux, juin 2012
Eden, aussi belle et frêle que sa voix.
SABINE MAKKONEN
I'm Sabine Makkonen, born 1959 and live in Helsinki, Finland. At the moment I'm unemployed after working for 34 years as an assistant. I started digiphotographing three years ago and today I go nowhere without my camera. I mostly have taken minimalistic pictures of nature and buildings and started taking self-portraits in February 2012. I'd like to photograph more people in public but don't have enough courage.
In addition to photographing I like literature and films. I admire many writers like Milan Kundera, Mihail Bulgakov, Carlos Castaneda and Sofi Oksanen. The dearest filmmakers are Aki Kaurismäki, Philip Kaufman, Krzysztof Kieslowski and the early works of Woody Allen.
I love the art of Helene Schjerfbeck, Frida Kahlo, René Magritte and photographs of Francesca Woodman and Lillian Bassman.
Quelques mots de moi sur elle:
J’ai d’abord été séduit par les autoportraits de Sabine Makkonen. Délicatesse, poésie, esthétique, présence sur le fil presque de l’évaporation parfois ou affirmation catégorique. Entre le désir de se montrer et le désir de montrer qu’on ne veut pas être vue. Beau jeu, mais un jeu vital, qui joue successivement, et avec un grand sens de la nuance, sur l’art de montrer l’effacement, le silence ou l’affirmation de soi. Il y a bien sûr la magnifique et ambivalente photo bleue de l’artiste sur les genoux et les mains dans l’espace de la porte entrouverte. La photographie, au travers de telles images, atteint pleinement à la poésie et à une captivante étrangeté. Il m’a semblé que Sabine Makkonen cherche davantage à être qu’à plaire, bien que chacune des images qui la montrent dégage un grand charme et une grande intensité. La photo où elle se représente lovée devant la fenêtre, dans une superbe atmosphère de clair-obscur, est splendide. J’ai pensé, ravi par la découverte, qu’il fallait montrer cela, le partager, le relayer.
Ensuite, j’ai feuilleté ses albums et les photographies qui me plaisaient s’additionnaient. Magnifiques photos d’un cimetière, d’une rue, d’un groupe de personnes sur une place, d’une enfilade de façades, portraits de Sara (la fille de l’artiste). J’étais certain qu’il fallait présenter Sabine Makkonen. Le talent de cette finlandaise est d’une grande subtilité, il est le charmant et très original fruit d’une sensibilité séduisante et d’une réjouissante curiosité du regard. Le reste, je vous laisse le soin de le découvrir.
GALERIE
AUTOPORTRAITS
RHODE BATH-SCHEBA MAKOUMBOU
DES ICÔNES DE LA VIE QUOTIDIENNE
« Fête de couleurs, poésie de formes souples et allongées - sublime et fascinante célébration des gestes domestiques - rythme allègre, densité rare, sensibilité poignante - palpitations de l'âme et de l'esprit d'une culture - une rencontre sublime avec le ciel, la chaleur, le sang,l'épiderme, le soleil, le souffle, la terre - des archives peintes qui sont à la peinture ce que le poème est à la littérature ».
Rhode Bath-Schéba Makoumbou compose un remarquable reportage onirique sur la vie quotidienne de son pays natal. Un art étonnant qui semble dire comment il est possible d'être à la fois proche de la réalité et du ciel, de la merveille et de l'ordinaire, de la vérité et de la beauté.
L'art de Rhode Bath-Schéba Makoumbou (il faut aussi découvrir ses sculptures monumentales) est également précieux par la façon dont il rend la noblesse du geste utilitaire, sa dignité, sa grâce, par la façon dont il détecte et restitue dans des attitudes qui sont à la fois singulièrement hiératiques et simples, cette part de sacré qui appartient à l'humanité. Ce qui enchante, c'est que cette vision n'affadit pas l'art, elle ne le commet pas, elle ne le vulgarise pas, pas davantage qu'elle ne rend l'existence lyrique. Cette vision crée entre l'art et "la vie pratique" une communication sensible, un point de rencontre palpitant et vital, une entente qu'on pourrait comparer à la rencontre de l'eau et de la graine, une entente ayant pour objet, et pour sujet, l'apparition du brin de la pensée.
Tout ceci encore ne serait qu'une belle tentative si la vision de cette artiste ne produisait quelque chose qui atteint à l'universel. Car cette vision, elle-même issue d'un ancrage en un lieu et d'un voyage dans l'art, est conçue pour voyager. Visiblement et lisiblement africaine, elle est aussi visiblement et lisiblement issue d'une connaissance de l'art, elle est aussi l'oeuvre d'un pèlerin en art. Elle devient le noble produit de deux fidélités : la fidélité au lieu
originel, à ses habitants, à ses rituels, à ses splendeurs, à ses misères, à ses rythmes, à sa respiration et la fidélité à une initiation, à une curiosité intellectuelle, à une aventure artistique. Une fois de plus, l'art de combiner sans altérer (l'art, surtout, de faire en sorte que le tout soit plus grand, plus envoûtant, plus saisissant que la somme des parties) s'impose comme un des traits fondamentaux de l'oeuvre. Comme elle conjoint poétiquement l'art et le quotidien, le sacré et le profane, Bath-Schéba associe d'une façon inédite et captivante sa vision africaine et son aventure dans l'histoire de l'art, sa perception de l'art africain et ses découvertes de l'expressionnisme ou du cubisme.
On parlerait à tort, dans le cas de Bath-Schéba, d'un art du métissage. Ici, nous ne sommes pas dans la peinture-fusion, la world-peinture pour pasticher quelques formules en vogue. L'art de Bath-Schéba est indiscutablement africain. Il n'a rien cédé sur ce terrain. Il respire, il embaume l'Afrique. (Au demeurant, parle-t-on jamais de l'art polynésien de Gauguin ?) Non, dans le cas de Bath-Schéba, totalement étranger à un art du cocktail (qui peut, évidemment présenter des agréments), il me semble qu'il faut voir une sorte d'opération alchimique. Je veux parler d'une vision du monde fondée sur les correspondances et « sympathies » unissant macrocosme et microcosme », ainsi que Françoise Bonardel définit l'alchimie dans "La Voie hermétique". Telle, dans la connaissance actuelle que j'en ai, m'apparaît l'oeuvre de Rhode Bath-Schéba Makoumbou : une vision du monde si harmonieusement conçue qu'elle s'ouvre les portes du monde. Je vous engage vivement à découvrir cette artiste africaine exceptionnelle qui semble mettre au service de son superbe témoignage pictural une mémoire vive de la peinture contemporaine.
Denys-Louis COLAUX, écrivain et poète
Anthée (Belgique) le 13 juin 2008
SIGNATURE DE L'OUVRAGE CE DIMANCHE 2 SEPTEMBRE Á LA LIBRAIRIE D LIVRE À DINANT
Ce dimanche 2 septembre, 15.00, signature à la libraire D LIVRE, 67a, rue Grande, 5500 Dinant
http://www.dlivre.com
LA SIRENE ORIGINELLE - mon nouvel ouvrage (recueil de 17 nouvelles) sort à l'Atelier de l'agneau - la couverture est l'oeuvre de mon ami Sandro Baguet. Atelier de l'agneau éditeur, 1, Moulin de la Couronne, 33220 St-Quentin-de-Caplong, France.
www.at-agneau.fr - distribution : Arcadia, Paris.
Frédérique Fenouil
Sculpteur céramiste
Fédérique Fenouil est française, elle vit à Générargues dans le Languedoc. Elle est sculpteur céramiste. Nous l’avons tout d’abord invitée à nous parler d’elle et de son art.
DEMARCHE ARTISTIQUE
Il est toujours difficile d'expliquer une démarche artistique...je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire...passées les années "d'apprivoisement" de la matière, de la technique, l'esprit devient libre...je laisse le mien me guider, sans contrainte...j'ai toujours fait ce que j'avais envie de faire. Depuis 23 ans, mon travail a évolué, a traversé des périodes chaotiques, pour arriver, petit à petit, à une osmose entre lui et moi..il est moi, je suis lui, l'un ne va pas sans l'autre...
Ce que je peux dire c'est que chaque matin, quand j'ouvre la porte de mon atelier, je suis bien, je suis à ma place....
TECHNIQUE UTILISÉE
Je travaille la faïence rouge et noire chamottée. Je travaille aujourd'hui essentiellement à la plaque ou modelage. Il m'arrive encore parfois de monter sur le tour pour ne pas perdre la main, mais juste pour le plaisir!
J'utilise pour la décoration la technique des émaux cloisonnés, soit en creusé pour les grandes pièces, soit au crayon cire sur les boites ou quand j'ai envie d'un dessin plus délicat..
Il m'arrive aussi d'utiliser l'or.
Vous devez impérativement visiter le site de Frédérique Fenouil. : http://www.frederique-fenouil.net/
QUELQUES EXPOSITIONS AUXQUELLES J'AI PARTICIPÉ….
-"HAPPY ART" SANARY SUR MER
-FESTIVAL DE LA CERAMIQUE "ARGILLA" AUBAGNE
-FESTIVAL DE LA CERAMIQUE ANDUZE GARD
-FESTIVAL DES ARTS SINGULIERS À BANNE EN ARDÈCHE
-EXPOSITION COLLECTIVE GALERIE SINGUL'ART À LYON...
EXPOSITIONS PERMANENTES
-GALERIE ART ET ESPACE À TOULOUSE
-GALERIE IMAGINE BORDEAUX
-GALERIE CORTADE ART MONTAUBAN
-GALERIE 16 ART BAYONNE
-GALERIE SYLVIE PLATINI VEYRIER DU LAC
-GALERIE ART CAD' CADOUIN DORDOGNE
EXPOSITIONS 2011
EXPOSITIONS DE SCULPTEURS À LA FILATURE SAINT AMBROIX GARD MAI 2011
"HAPPY ART" SANARY SUR MER
FESTIVAL DE LA CERAMIQUE D'ANDUZE AOUT 2011
FESTIVAL ARGILLA AUBAGNE AOUT 2011
CERAMIQUES INSOLITES À SAINT GALMIER SEPTEMBRE 2011...
NOTRE PORTRAIT DE L’ARTISTE
La première rencontre avec les créatures de Frédérique Fenouil est décisive. Une apparition suffit à vous émouvoir, à vous troubler et à vous charmer définitivement. Chacune de ses délicieuses créatures entretient avec la poésie et le charme de délicates et précieuses relations d’entente et de complicité. C’est que ces splendides ingénues, ces curieuses et candides fleurs de féminité accomplie disent dans un langage neuf et formidablement coloré quelque chose d’inédit : la merveilleuse et heureuse rencontre du naïf avec le coquet, de l’innocent avec le séduisant. Elles disent le double et formidable état de la grâce et de la volupté. Mais ces statues ont aussi, dirait-on, un lointain rapport avec les statuaires primitives et, sous leur envoûtante félicité colorée, il se pourrait qu’elles entretinssent avec le lointain passé des rapports de parenté secrète ou de filiation. Il se pourrait qu’elles recélassent des mânes, qu’elles eussent, elles aussi, des pouvoirs et des vertus magiques. Elles rayonnent d’une sorte d’enfance de l’art. Voilà ce que l’on aime chez Fenouil, c’est son art rayonnant et solaire.
Le premier émoi passé, on trouve dans le regard des Beautés de Fenouil autre chose que la candeur d’abord soupçonnée. On trouve une maturité, un savoir, une distance. Et le jeu premier de la candeur s’ouvre à l’ambivalence du monde, des êtres et de leurs divinités. Ces Créatures en savent davantage que ce qu’on avait cru, elles ne sont en aucun d’adorables potiches : la pensée, la volonté, le pouvoir, l’art de toiser, de snober, de traverser, d’écarter, de sourire est avec elles. Le sacré est à leur côté. Nous ne sommes pas ici dans le domaine de la déco. Et ce sont d’authentiques petites déesses que modèle Frédérique Fenouil. Déesses-fleurs, déesses-poèmes, déesses-grâces, déesses-animaux. Car oui, ces Belles s’épanouissent dans la grâce, dans la forme, dans la couleur, dans le parfum ( !), mais aussi, - les animaux qui les entourent amoureusement l’attestent-, dans l’animalité ou l’instinct. Elles sont les prestigieuses habitantes d’une nouvelle et très ancienne mythologie qui nous parle, nous pas de l’éternel féminin, mais du pouvoir de la femme.
N.B. Les photographies 2 à 7 sont de Dominique Bernard. Sur la dernière photographie, Frédérique Fenouil avec une de ses créations.
SIGNATURE A DINANT
Je signerai mon nouvel ouvrage ce dimanche 2 septembre à 15 heures à la librairie DLivre à Dinant, 67 rue Grande.
DLivre 082/ 61 01 90 - contact@dlivre.com
La Sirène originelle
15 €
Vous pouvez commander cet ouvrage par e-mail chez l’éditeur
L’Atelier de l’agneau éditeur,
1, Moulin de la Couronne, St-Quentin-de-Caplong 33220 France
Tel & fax : +33 (0)5 57 41 28 57
Pour la Belgique et la France, commande en librairie également
LE DOUBLE - un titre de l'album "A MAINS NUES"
DÉCOUVREZ UN TITRE DE L'ALBUM
Enfin, vous pouvez entendre un titre complet de l'album A Mains nues composé et interprété par Vincent Rouard, écrit par Denys-Louis Colaux et mis en espace et illustré dans un livret conçu par Laurence Burvenich. Le titre "Le Double " disponible sur You Tube. Je vous invite à l'entendre.
http://www.youtube.com/watch?v=-vHPUZzhYIY
(Musique, chant, piano : Vincent Rouard - Contrebasse : Vincent Noiret - Texte : Denys-Louis Colaux)
Pour commander l'album : http://www.vincentrouard.be/amainsnues.html
Vous serez là
Vous serez là
penchée un peu
envoilée de peu
les fleurs auront séché
les mots flétris
feront sur la page
le dessin creux d’insectes morts
Il y aura pourtant
encore
le fruit rouge de votre bouche
sa pivoine ardente
et le lait chaud de ses paroles
Votre visage
posera la délicate durée d’un instant
devant le masque désobligeant
de l’éternité
Beauté
Quelque chose
n’épuise pas votre nudité
la longue algue brune de votre nudité
la laisse de vers de votre nudité
le fleuve de marbre de votre nudité
Quelque chose
qui vient du temps lointain
où la glaise épatée
entre deux mains
prenait forme
et sens
Quelque chose
qui durera bien après
le séisme de votre anéantissement
bien après que ma poèsie
aura cessé
de rendre un parfum
Quelque chose
qui tend un fil
- le dernier qui se rompra –
entre la douve chaude de l’origine
et le rêve moelleux
-inconséquent sans doute-
d’un avenir
Recueillie, Kalinda
Je restais pris
au silence de ce violoncelle
tout entier resserré
sur la bogue
de sa forme parfaite
journée solaire
derrière la calme paupière
de la fenêtre close
Frisson Noir
Elle s’était, ce jour-là,
accoudée
à l’épaule d’un ange,
bien que les anges,
chez moi, à la ville et dans le monde,
aient cesser d’exister
A travers elle
je trouvais dans la nostalgie d’eux
la sensuelle étoffe
d’une lumière opaque
et j’attendais, ma fille,
de vos yeux,
de vos seins,
de vos bras
qu’ils devinssent la hampe
en haut de quoi
flotterait mon frisson noir
Afrodite
Kalinda, belle enfant,
c’est un bonheur, je le présume,
d’être ainsi Kalinda, le matin, à l’aube
quand, ouvrant la fenêtre,
vous proposez à la face du monde
ce sublime visage d’ébène
formé dans la glaise,
dans le sang de la nuit,
dans le frai ocre des oiseaux
dans la paume même des dieux
pour donner à nos yeux
l’insaisissable mesure de la beauté
qui va
avec la mer
les merveilleux nuages
LHASA DE SELA
Nous suivons avec le plus grand intérêt l'actualité de notre favorite. A proximité du lieu où Lhasa de Sela vivait à Montréal, un concert d'hommage se prépare. Le dossier d'un parc au nom de la chanteuse continue à faire son chemin. Consultez l'article ci-dessous. (La photographie est extraite de cet article).
http://fr.canoe.ca/divertissement/musique/nouvelles/2012/09/19/20213596-qmi.html
Le Vendredi
Le vendredijour du poisson volantde l'aube en tutuet des arbres en feuMonsieur Juan dans une chambre rougeau beau milieu du pré du mondeépluchait caressait des femmesavalait leur saliveet longtemps s'ajustait à ellesleurs ailesleurs astresleurs venelleset tout barbouillé d'ellesentrait dans le matincomme il faudrait qu'on fît entrerdans le chas de l'aiguillele grand chameau de la légende(Peinture : Oskar Kokoschka)
Le Jeudi
Le jeudiMonsieur Juanrare égaréà deux doigtsde l'agonieerraitdans le terrain vaguede son âmeoù des chiens crevésdes êtres morts des satellites assiset des objets désaffectéspersistaient à mourirparmi les rats et les glaïeuls Seules au loin les boulaiesjetaientun peu de blanc dans ses obscurités Il n'en pouvait plusdes ces os noirs et usésde la rouille à ces ferrailles du mondeet implorait qu'une femme savanteavec des gestes lentsdes légendeset des gants de sagesseastiquât le sommet de son âmele pavillon penché de son âmequi lui faisait l'effetd'un très vieux cuivre éteint(Peinture : Auguste Mambour)
Le Mercredi
Le mercrediMonsieur Juan priaitil lançait ses prières horizontalesafin quelibellules d'assautelles allassentfestonnées de cristal et de larmestinter aux stèles deSainte Henriette de MorsaufSainte Emma BovarySainte En Allée du LuxembourgSainte Passante qui le savait Mais pour que son âme en prièrene s'envolât ni ne s'égarâtil veillait à ce que sa maîtresseà la gauche de son agenouilloirprocédât lentementà sa toilette intimela mêmechampionne de la résistance à la métaphysiquequi le soirsur son balconavec le plus beau culque la terre eût conçufaisait des gazpour répondre à l'orageet à la colère de dieu(Peinture : Edgar Degas)
Le Mardi
Le mardiMonsieur Juan réclamaitqu'une diva rose ou bleue ou bien beige(pour peu qu'elle exhalât la vanille et le havane)vînt à son chevetet qu'elle lui ouvrîten chantant "Misty" la porte cochère de la grande nuit bleueou rose ou beige qu'elle ouvrîtmot après motnote après notele verrou clos de son âmele cadenas ferme de ses mains qu'elle ouvrît note après motà la place de Jésus mortà la place de la tombe du pèrede la mère de la cousineà la place de l'espoir mortdu grand soir éteintdu train partiqu'elle ouvrîtce moment d'orqui jette la vieun instantau-dessus de la canopée qu'elle mît làardent comme un foyer d'hiverchétif et sublime comme un trillele corps nu sacré et musicald'une femme
(Peinture: Henri Matisse)
LA SEMAINE DE MONSIEUR JUAN
Denys-Louis Colaux (recueil en cours)
Le Lundi
Le lundiil fallait à Monsieur Juanune femme qui fûtdouce tiède et parfuméecomme, prétendait-il,l'eau d'un bain au paradiset que se mêlât au sirop de sa salivela volupté rousse d'un rhum épicé et qu'enfin à la chandellele soirquand l'ombre se caresse à la flammeelle lûtavec ce voile de voixqui tient du vent et de l'insecte bleu"La Centaine d'amour"de Pablo Neruda.(Peinture : Jean-Jacques Henner)