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Georges Brassens (partie 1)

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Le présent espace résulte de notre chronique brassénienne sur le Scaphandrier Bicéphale – Run 88.1 en février 2012

 

G E O R G E S    B R A S S E N S

 

http://www.youtube.com/watch?v=prO0sRYckmA
http://www.dailymotion.com/video/xhrxs_georges-brassens-le-grand-pan_news 
http://www.dailymotion.com/video/x7do6x_venus-callipyge-georges-brassens-19_music

 

 

a geo 1.jpgGeorges Brassens (né dans la ville de Sète, dans l'Hérault, le 22 ocotobre 1921 et décédé à Saint-Gély-du-Fesc, dans l'Hérault) est un poète et auteur-compositeur interprète français. On célébrait, en octobre 2012, le trentième anniversaire de son décès. « Sans doute l’auteur-compositeur le plus marquant de la chanson française depuis Charles Trenet, écrit Jean-Claude Klein pour le compte de l’Encyclopédie Universalis, (…), Georges Brassens a su préserver une richesse d’inspiration et une authenticité qui font de lui un personnage à part dans l’histoire de la chanson française ». Nous sommes, au Scaphandrier Bicéphale, d’accord sur l’essentiel même si la plaisante et alerte écriture de Trenet a, en regard de l’architecture savante et ciselée de l’écriture brassénienne, un petit air d’ombrelle devant un chapiteau.

Reconnaissante à un orfèvre du langage, qui manie toujours ce dernier avec justesse, esprit et invention – jusque dans l'usage de la langue verte –, l'Académie française décerne à Brassens, en 1967, son grand prix de poésie, nous signale l’encyclopédie Larousse. Le Sétois a écrit plus de 120 chansons. Cela fait un peu plus d’une trentaine d’années que Brassens, inépuisable, fait du pédalo sur la vague en rêvant.  

Notre passion pour l’éternel estivant est ancienne. L’ayant entendu une fois, nous l’adoptâmes définitivement. Nous n’avons pas souhaité nous inscrire dans cette vague d’hommages qu’au demeurant nous respectons. Mais notre passion brassénienne n’est pas liée à des échéances ou à un calendrier spécifique. Brassens est tous les jours chez nous. Et nous déplorons qu’entre les hommages, la voix du poète sétois se fasse si rare sur les ondes.

a geo 2.jpegBrassens est comme institué, on lui a érigé une sorte de monument, on lui a consacré des centaines d’ouvrages, des thèses, des biographies, des études, témoignages et documents, on a prêté son nom à des rues, des places, des écoles, des squares, des musées, on lui a aussi consacré des bandes dessinées, on a monté des spectacles en son honneur, on oublie seulement parfois de le diffuser en radio.

En tous les cas, on ne le diffuse pas assez au goût de vos scaphandriers favoris. Qui sont-ils, ces fastueux énergumènes ? Leur renommée les précède comme un coup de vent l’orage, un éternuement le rhume, un caresse la volupté.

L’un est jeune, habité par des prédilections musicales puissamment hétéroclites, il est grand, élastique, distingué, vigoureux et entreprenant, écervelé et inconséquent comme le sont les adolescents, il est modérément velu. Mais, derrière cette apparence pratiquement féminine et scandinave, c’est un vrai, un dur, un tatoué. Il gère avec une habilité de contorsionniste les rhéostats, les trucs pleins de fils, les nœuds de câbles, les boîtiers, les écrans et les vumètres. Il s’appelle Justin Colaux, c’est le fils de l’autre.

a geo 3.jpgL’autre est mûr, empâté, un peu raide, paré d’une pilosité blanche et luxuriante. C’est un patriarche, il en a l’aura et les courbatures. Il griffonne d’une main hésitante les synopsis et les conduites, il se tient à la rampe pour grimper l’escalier, il gère péniblement le curseur de son sonotone. Il s’appelle Denys-Louis Colaux, c’est le père de l’un.

Ensemble, ils font la paire qui compose le Scaphandrier Bicéphale, celle qui sévit dans les eaux de l’aquarium namurois Run 88.1. Vous êtes à leur écoute. Portez-vous bien. Dieu vous garde. Un vaut mieux que deux tu l’auras. Ainsi soit-il. Pour guider la pirogue, notre sirène Lhasa chante le générique que nous lui avons affectueusement emprunté. C’est la fée, le nénuphar de notre aquarium acoustique.

 

http://www.youtube.com/watch?v=cPacZSbJpUY
http://www.youtube.com/watch?v=XRXJyw200TI

Georges Brassens (partie 2)

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http://www.youtube.com/watch?v=XRXJyw200TI
http://www.youtube.com/watch?v=d9dWmijny2U
http://www.youtube.com/watch?v=6uXei215978

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a and 1.jpgNous n’allons pas, pour notre spéciale Brassens, trop investir le volet biographique qui a fait, ses derniers temps, l’objet d’un ressassement un peu laborieux et souvent maladroit. Nous allons nous promener dans l’œuvre en cherchant, comme c’est un peu notre façon de procéder, à diffuser les pièces moins connues de l’œuvre. Moins connues du grand public s’entend.

Et nous dédions l’édition du jour à notre ami André Tillieu, biographe belge et exégète du bon maître qui était aussi romancier, journaliste et nouvelliste. Nous aurons plus d’une fois l’occasion de recourir à ses lumières.

On aura l’occasion d’en parler, le répertoire de Brassens accueille quelques poètes considérables. Parmi ces prestigieux élus, le père Hugo, celui-là même dont l’ombre majestueuse s’étend sur le 19ème siècle.  De Victor Hugo, Brassens mettra en musique Gastibelza et La Légende de la Nonne. Et c’est avec la légende de la nonne que nous allons inaugurer notre récital Brassens. On y goûte l’exotisme, l’élégance de la langue, toute la dextérité hugolienne et une cataracte de très sonores imparfaits du subjonctif. Brassens chante La Légende de la nonne.

Brassens ne ressemble à personne. Il débarque, massif, maladroit, revêche et impressionné, sur les tréteaux du music-hall, à l’âge de trente-deux ans. A l’origine, il ne souhaitait pas se produire sur scène, il cherchait à placer ses chansons auprès de quelques interprètes. Jusqu’en 1952, personne n’a entendu parler de lui. Il a vécu depuis sa fuite du travail obligatoire à Basdorf, en Allemagne, avec Jeanne et Marcel dans l’Impasse Florimont à Paris, un havre misérable où il est choyé et aimé. Jeanne est persuadée qu’un jour le talent de Georges sera reconnu. Elle a foi en son protégé.

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André Tillieu et Georges Brassens

En avril 1953, dans le Canard Enchaîné, René Fallet, qui deviendra un inséparable de Brassens, publie le premier véritable éloge du chanteur, intitulé « Allez Georges Brassens ! ».  Ce très beau papier frappe juste. En voici un court extrait : « La voix de ce gars est une chose rare et qui perce les coassements de toutes ces grenouilles du disque et d’ailleurs. Une voix en forme de drapeau noir, de robe qui sèche au soleil, de coup de poing sur le képi, une voix qui va aux fraises, à la bagarre et… à la chasse aux papillons. »

Brassens sort de l’anonymat et n’y retrouvera plus jamais place.

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Brassens et Fallet

René Fallet : poète, romancier, scénariste française né en1927 et décédé en 1983. Il est l’auteur de Banlieue sud-est (1947),  Les Vieux de la vieille (1958), Il était un petit navire (1962), Paris au mois d’août (Prix Interallié, 1964), Dix-neuf poèmes pour Cerise (poèmes, 1969) Le Beaujolais nouveau est arrivé (1975), La Soupe aux choux (1980).  

 

Brassens n’est toutefois pas un poète qui se laisse aisément circonscrire. C’est un être d’une grande subtilité et qui est habité, au fur et à mesure de son évolution, par un vrai sens de la nuance. Chacun, ayant entendu sa Non-demande en mariage, le tient pour un farouche opposant au mariage. Brassens ne s’est effectivement jamais marié avec celle qui fut la compagne de sa vie, Joha Heiman, qui repose aujourd’hui à ses côtés au cimetière du Py, le cimetière des pauvres, à Sète. Il l’a rencontrée en 1947. Elle est originaire d’Estonie, ou de Lithuanie selon les biographies consultées, elle est vraisemblablement d’origine juive, il la surnomme Püppchen, ce qui signifie petite poupée. Ils auront chacun leur domicile et resteront unis jusqu’à ce que la mort les sépare. C’est peut-être bien la frêle silhouette de la délicate petite Joha qui sert de filigrane à des titres comme « Je me suis fait tout petit », « Rien à jeter » ou « Saturne ». C’est elle, peut-être, qu’il appelle, dans la Non-demande, « la dame de ses pensées » ou « son éternelle fiancée ».

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Georges et Joha

Brassens n’en a pas moins consacré une très émouvante, une magnifique chanson au mariage de ses parents. C’est d’un souvenir content et inoubliable qu’il nous entretient ici avec une délicatesse mais aussi une détermination qui touchent et émeuvent. Brassens chante « La Marche nuptiale ».

Dans la chanson qui vient, Brassens raconte, comme personne, l’aventure d’un type qui, affamé, s’en prend à un passant en or massif. Mais les flics passent malencontreusement par là et le voleur se retrouve derrière les barreaux. A sa sortie, honteux, il n’ose lever les yeux. Pourtant, par quelques petits signes délicats et bienveillants, l’humanité se signale à lui. Brassens interprète « Celui qui a mal tourné ».

Georges Brassens (partie 3)

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http://www.youtube.com/watch?v=6uXei215978
http://www.youtube.com/watch?v=Z8wchMUkwK4

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Joël Favreau, Pierre Nicolas, Georges Brassens

« La Thématique de Brassens, écrit Jean-Claude Klein, se rattache à une tradition anarchiste individualiste débarrassée de toute agressivité foncière vis-à-vis du système social ». Cela est assez juste, Brassens n’est pas homme à disqualifier l’homme, pas l’homme à indiquer des voies à suivre ou affirmer des solutions radicales, ou des solutions tout court, au demeurant. Ce qu’il convient de faire, répète Brassens, je ne le sais pas, je ne donne la leçon à personne.

Il y a en lui, enfoui sous le masque de l’ours mal léché, un humanisme d’une réelle épaisseur même si, en certaines circonstances, certaines chansons du Sétois atteignent à une réelle virulence et véhiculent des humeurs offensives. C’est le cas de celle-ci, « La Mauvaise herbe ».

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Avec la divine Juliette Greco et Georges Wilson

 

La mauvaise réputation est le premier album édité en France du chanteur. À l'origine, il est sorti sous le titre : 'Georges Brassens chante les chansons poétiques (...et souvent gaillardes) de... Georges Brassens', accroche inscrite au recto et verso de la pochette. Il est identifié ici par le titre de la première chanson du disque. L’édition originale est sortie en novembre 1952. Avec les titres de ce premier album, Brassens tout à la fois séduit, surprend, effare, offusque et enchante et, disons-le, assure d’ores et déjà sa postérité. Cette première et tellurique estocade comporte les titres suivants : la mauvaise réputation, le Parapluie, le Petit Cheval de Paul Fort, le Fossoyeur, le Gorille, Corne d’Aurochs, La Chasse aux papillons et Hécatombe.

Rien que du premier choix, la griffe Brassens est parfaitement identifiable. L’esprit, la vitalité, l’humour, l’élégance, l’originalité, la très salubre inconvenance brasséniens et son catégorique refus de la peine de mort sont là. Le Sétois débarque avec un répertoire qui fleure bon l’anthologie, une science métrique tout à fait inhabituelle, un sens poétique sûr associé à un goût pour la formulation virile et d’emblée, il affiche une personnalité distincte de ce que l’on entend sur la TSF. La Mauvaise Réputation sonne comme un curriculum vitae : il a sa propre route, sa voie indépendante, il n’est ni patriotard ni n’a le goût de la musique qui marche au pas, il ne regarde pas en ennemi le voleur malchanceux, sa route ne le mène pas à Rome. L’autoportrait est assez méticuleux. Par ailleurs, à son détonnant palmarès, on identifie un vigoureux primate qui viole un juge qui a le matin même décidé de l’exécution d’un homme. Des mégères aux poitrines protubérantes assomment des flics, de pauvres clampins de flics sans bijoux de famille dont on se moque sans le moindre scrupule. Un maréchal-des-logis, sous l’intraitable contrainte de quelques furies, crie « Mort aux vaches, mort aux lois, vive l’anarchie ! ». On devine la consternation, voire l’effroi que peuvent engendrer ces chansons proprement inouïes. Voilà une façon de s’annoncer qui n’a rien de protocolaire. Au début, il y a des gens pour se méfier, pour redouter, pour conspuer, pour chercher à repousser cet énergumène moustachu qui dégage un réel parfum d’anarchie. Avec le temps, bien que l’espèce ira en diminuant, Dieu merci, il en restera. Sait-on rien de plus affligeant que les gens qui font l’unanimité ?

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Avec Paul Fort

Quoi qu’en pensent ceux que le bon Fallet surnommait « les oreilles de lavabo », Brassens est un compositeur habile et un mélodiste de qualité. C’est le dénuement qu’il a choisi (une ou deux guitares et une contrebasse) qui induit les esgourdes superficielles en erreur. Dans son ouvrage, le 9ème Art paru chez Vokaer en 1978, l’éminente spécialiste de la chanson française qu’est Angèle Guller, tient sur la musique dans l’œuvre de Brassens des propos d’une grande perspicacité. Les voici : « Autant le dire sans plus attendre : si admirables que soient ses textes, qu’il n’est pas interdit de réciter – on l’a fait plus d’une fois -, la musique n’y est pas ajoutée comme un ornement ou un commentaire sonore, elle constitue un élément fondamental, indispensable de ces architectures si précises qu’on n’y peut rien ôter. Elle conditionne le vers et sa métrique, le corrige au besoin, lui donne son élan, son rythme, son mouvement, son allure ».

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Oui, c’est judicieusement observé. Quoi qu’il en soit, on ne va pas perpétuer ce débat idiot. Ceux, pour paraphraser l’ironique saillie de Brassens, qui ne pensent pas comme nous sont des cons. Transportons-nous en 1983. Ici, on accueille Lionel Hampton, Henri Salvador, Attenoux et Moustache qui jazzent une chanson de Brassens, en l’occurrence, « La Première Fille ».

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http://www.youtube.com/watch?v=EO6JRfW66bU&list=PL7VIanBMX9G_vYB7ZdGu8Cu5EM4HIsN7M&index=4
http://www.youtube.com/watch?v=6_w6n9oSW3o&list=PL7VIanBMX9G_vYB7ZdGu8Cu5EM4HIsN7M&index=5
http://www.youtube.com/watch?v=1OBECR0jan4&index=6&list=PL7VIanBMX9G_vYB7ZdGu8Cu5EM4HIsN7M
http://www.youtube.com/watch?v=fTvJr4A8ERU&index=7&list=PL7VIanBMX9G_vYB7ZdGu8Cu5EM4HIsN7M

Brassens (partie 4)

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http://www.youtube.com/watch?v=hcI3_M4TOuc
http://www.youtube.com/watch?v=61klageOn-4
http://www.youtube.com/watch?v=GWlLNpJE1zI

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Clark Terry 

On reste dans les mêmes dispositions pour entendre une version musicale avec Clark Terry et Azzola d’un titre de Brassens, « Le Vieux Léon ». Né en 1920 dans le Missouri, Clark Terry est une éminence du jazz américain, il joue de la trompette et du bugle. Il a joué avec les plus grands : Count Basie, Duke Ellington chez qui il sera soliste pendant plus de huit ans, mais il oeuvre ou enregistre aussi aux côtés de Quincy Jones, Stan Getz, Dinah Washington, Thelonious Monk, Sonny Rollins, Bud Powell, Ray Charles, Sarah Vaughan, Charlie Mingus, Dizzy Gillespie, Gerry Mulligan, Bob Brookmeyer, Benny Goodman, Oscar Peterson, Michel Legrand, Coleman Hawkins, Lionel Hampton, T-Bone Walker, Louis Armstrong, George Benson, Art Blakey, Ella Fitzgerald, Miles Davies et j’en passe, sans compter la trentaine d’albums qu’il a enregistrés sous son nom . Pour célébrer Brassens, Moustache avait convoqué quelques légendes du jazz, Clark Terry est l’une d’entre elles.

Oui, je me suis longuement aventuré sur le site personnel du prestigieux Clark Terry. C’est un endroit merveilleux, on y entend des choses d’une beauté exceptionnelle. Ceci, que nous allons entendre, nous paraît souligner à merveille la grâce et la joliesse de la mélodie de Brassens. Par ailleurs, ceci rend justice à la dilection de Brassens pour le jazz, une dilection qui s’entend dans ses propres compositions. On écoute, titré de l’album Hampton, Salvador, Clark Terry, Moustache et leurs amis jouent Brassens, « Le Vieux Léon ».

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Début des années 50, Brassens, une masse velue et suante, débarque. Et pourtant, derrière cette allure rustique et ces affirmations catégoriques, il y a d’emblée un type raffiné, capable de trousser un vers comme personne parmi ses confrères, un type qui débarque avec Rabelais et Villon en tête, avec, mais oui, une dimension parfois aimablement romantique, avec, disons, une espèce de somme de l’histoire de la poésie. De la poésie qui met les formes. La poésie, via Brassens, entre dans la chanson populaire. Moins comme un état d’âme aux sonorités harmonieusement mélancoliques que comme la voix d’une muse libre, bien gaulée, savante et pleine de caractère.

Brassens, c’est aussi quelqu’un qui a des lettres. Son vocabulaire est soigné et constellé de mots rares ou patinés par le temps et menacés d’oubli, son vers est un lieu d’asile pour un grand nombre de très jolis archaïsmes : le tabellion, le sycophante, la collerette, la gargotière, le croquant, le codicille, la grisette, la vergogne, le déduit, la bougresse, la goton, le croque-notes, les lazzi, les nonnains, le verbe attiger, le viatique, le patenôtre, la psyché, etc. Son vers est éclairé de formules astucieusement rejouées, on s’y délecte d’un goût pour la rime riche, pour la belle image, pour la citation détournée que ce soit de Mallarmé, de Valéry ou de Hugo. On aime sa façon d’inviter les poètes à la table de ses matières : Villon, Verlaine, Norge, Lamartine, Paul Fort, Banville, Moreau, Nadaud, Jammes, Richepin, Aragon, Corneille, Tristan Bernard, Musset et j’en oublie peut-être l’un ou l’autre.

Indépendamment de son contenu, écrit Angèle Guller dans l’ouvrage déjà mentionné, l’œuvre de Brassens est donc d’une importance capitale, dans la mesure où il fait sien l’héritage d’un passé poétique prestigieux.

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Il faut évoquer sa dilection pour la mythologie, pour ces dieux qu’il convoque sans cesse : Vénus callipyge, Aphrodite, Cupidon, le Grand Pan, Tantale, Jupiter, Silène, Bacchus, Eros, Caron, Pluton, Psyché, Saturne, Pénélope et Ulysse ou Sémiramis, la reine légendaire de Baylone… Son œuvre est traversée de mentions littéraires, d’auteurs, de héros et d’héroïnes romanesques : Homère, Maître François, Voltaire, Claudel, Prévert, Léautaud, Apollinaire, Hugo, Valéry, Balzac et son Rastignac, Blaise Pascal, Courteline, Montaigne et La Boétie, Madame de Sévigné, Paul et Virginie, Mimi Pinson, Gavroche, Mélusine, Manon Lescaut, etc. Et parfois, ces guest-stars, Claudel ou Blaise Pascal pour l’exemple, ne paraissent que pour être moquées.  (Ici, à droite, le poète Jean Richepin)

Il y a une bibliothèque dans l’œuvre de Brassens. Il y a un long et patient apprentissage, une exigeante initiation. André Tillieu, dans « Un petit coin du panthéon de Brassens » paru au veilleur de Nuit en 2001, explique comment Brassens, lors qu’il fuit le service du travail obligatoire en Allemagne, entre en poésie. Voici ce qu’il dit :

« De retour en France, contraint d’entrer dans la clandestinité, de chez Jeanne où il se terrait, il alla, comme il l’a dit, piller la bibliothèque du quatorzième arrondissement de Paris. C’est là qu’il découvrit en grandeur naturelle les poètes : ceux auxquels son professeur Alphonse Bonnafé l’avait déjà initié, et les autres. Tous les poètes ! Il les cajola. Georges devenait Brassens : il avait trouvé la pierre de touche où étalonner son outil ».

Brassens (partie 5)

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http://www.dailymotion.com/video/x3fpog_g-brassens-le-testament_news
http://www.youtube.com/watch?v=WJ9ahN4mPHw
http://www.youtube.com/watch?v=Z8wchMUkwK4
http://www.youtube.com/watch?v=SR95jL27_6I

 

André Tillieu, intime de Brassens, nous apprend encore qu’outre les poètes qu’il a chantés, Brassens aimait aussi Verhaeren, François Maynard, évidemment Jean de La Fontaine dont les fables furent le dernier livre de chevet, Nerval, Baudelaire, Prudhomme, Apollinaire, Georges Fourest, Tristan Derème ou Jacques Prévert. Bien sûr, c’est une indication, Tillieu ne cherche pas ici à être exhaustif. (Ici, à droite, Brassens et Paul Fort)

Nous vous l’avons dit, nous mettons essentiellement en avant les œuvres moins souvent diffusées. Petit écart, nous diffusons néanmoins le célèbre et très gracieux « Je me suis fait tout petit ».

La chanson qui vient, en raison de la qualité de sa formulation et de son imagier, mérite toute notre estime. De petits prodiges poétiques s’y trouvent déposés comme ce puissant et poétique raccourci : « Est-il encore debout le chêne / Ou le sapin de mon cercueil ? ». Il y a là quelques élégances. Faisant la tombe buissonnière, le personnage de la chanson s’explique : « Je veux partir pour l’autre monde par les chemins des écoliers ». Le chrysanthème effeuillé y est nommé la marguerite des morts. Les images sont extrêmement plaisantes. « Ici-gît une feuille morte, ici finit mon testament ». Georges Brassens chante : « Le Testament »  

C’est tout le problème, quand on a le bonheur de consacrer une édition à un artiste de la trempe de Brassens, d’opérer des choix. Affreux casse-tête. On est hélé de tous côtés. On ne sait où donner de la tête. Entre 1952 et 1976, Brassens compose quatorze albums de chansons. A cela, on ajoutera un album-live enregistré en Grande-Bretagne en 1974. Faisons l’économie des nombreux albums-live posthumes et de l’impressionnante suite de coffrets. Les 14 albums officiels, enregistrés du vivant de l’artiste sont La Mauvaise Réputation, en 1952, Le Vent, en 53, Les Sabots d’Hélène en 1954 , Je me suis fait tout petit en 1956,Oncle Archibald en 57, Le Pornographe en 58, Les Funérailles d’antan en 60, Le temps ne fait rien à l’affaire en 1961, Les Trompettes de la Renommée en 62, Les Copains d’abord en 64, Supplique pour être enterré sur la page de Sète en 66, Misogynie à part en 69, Fernande en 72 et Trompe-la-mort en 76. On pourrait, après cette énumération, se désaltérer un instant dans un petit bistrot parisien. Gaffe, pas d’œillade à la patronne, toute audace est sévèrement punie. On écoute « Le Bistrot ».

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Brassens, ce dimanche, à la une du Scaphandrier sur Run 88.1. Là, pour brosser un portrait original de Brassens, nous allons recourir à notre ami André Tillieu et à nos archives personnelles.

Il s’agit d’une interview d'André que nous avons réalisée, mon fils Justin et moi, à Uccle, au domicile de l'écrivain, en mai 1996 dans le cadre d’une autre émission radiophonique. Voici comment André peignait au débotté le portrait de son ami Brassens.

« Brassens est un anarchiste, mais tolérant et cette tolérance, ça va tellement loin qu'on s'aperçoit en regardant un petit peu sa chronologie et ses chansons que lui, qui n'était pas communiste, qui détestait somme toute, toute forme de totalitarisme et notamment le communisme (...), et bien, le premier type qu'il met en musique, c'est Aragon avec « Il n'y a pas d'amour heureux ». Et pour faire bonne mesure, il prend la même musique et il la met sur un poème de Francis Jammes qui est un chrétien alors que Brassens n'est pas du tout, du tout un chrétien. Il a cherché Dieu, il est manifeste qu'il l'a cherché, il ne l'a pas trouvé. Dans La Supplique, Brassens écrit : "Quand mon âme aura pris son vol à l'horizon, vers celles de Gavroche et de Mimi Pinson...", ce n'est pas un hasard. Gavroche et Mimi Pinson, ce sont les deux grands pôles de l'oeuvre brassénien ou brassénienne, comme on veut. D'un côté Gavroche, la révolte, la non-respectabilité, le côté un peu rebelle de Brassens et de l'autre côté, Mimi Pinson, le côté tendre et romantique. Il y a un côté romantique chez Brassens. Quand vous regardez de près une chanson comme «Le vingt-deux septembre », je m'en fous c'est fini, c'est l'adieu au romantisme mais avec tout l'appareil romantique, les larmes, les ailes qui se rompent, etc.  Mais ça se termine par : "C'est triste de n'être plus triste sans vous". C'est-à-dire que le serpent se mord la queue. La boucle est bouclée, c'est admirable ».

Brassens (partie 6)

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http://www.youtube.com/watch?v=75sruWulOP4
http://www.youtube.com/watch?v=qwckm5TqxjY
http://www.youtube.com/watch?v=MP7hAzHmn1k
http://www.youtube.com/watch?v=jz2HmxKUI5Y
http://www.youtube.com/watch?v=03t8GA62vH0

 

André aimait Brassens, c’est sur cette admiration commune qu’ont eu lieu nos premières rencontres et que s’est fondée ensuite notre amitié. Brassens aime à revisiter les mythes. C’est amusant ce qu’il fait de celui du Burlador, une sorte de saint libidineux qui aime à séduire et à contenter les plus vilaines. Mais derrière la farce, dans la coulée, deux ou trois choses essentielles se disent. Là, tout de suite, de Brassens, nous écoutons « Don Juan ».

Brassens, et il entre un peu de coquetterie et de pudeur tout à la fois dans sa réaction, n’aimait guère qu’on parlât à son propos d’une œuvre. Ce mot sent le monument, affirmait-il. Nul doute, il y a du modeste en lui. Nul doute qu’il y a aussi quelqu’un qui a conscience de son impact, même s’il ne s’en glorifie jamais, même s’il ne déroge jamais aux lois de son humilité souriante. Fallet évoquait ainsi, avec une pointe d’humour, la tête de Brassens en début de carrière : « Staline, Orson Welles, bûcheron calabrais, Wisigoth et paire de moustaches ».  On écoute tout cela dans l’admirable et triste « Cupidon s’en fout ».

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Brassens écrivait Pierre Desproges est un vaccin contre la connerie. Dans ses Lettres à Toussenot, 1946-1950, publié chez Textuel, Brassens, qui est encore parfaitement anonyme, a cette belle formule : « Je suis né pour fumer la pipe et mesurer la vanité de tout ».  Mais il ajoute : « Un jour, je vendrai des chansons. Ne crains rien, je mettrai dedans de l’insolite ». Il a incontestablement tenu parole. On écoute « Histoire de Faussaire ».

Au début, le projet initial de Brassens n’était pas de monter sur scène. Ce qu’il souhaitait, c’était écrire des chansons qui seraient interprétées par d’autres. Dieu merci, des gens de la clairvoyance de Patachou chez qui il s’est d’abord produit ont estimé que de telles chansons ne pouvaient être valablement défendues que par leur auteur.

Brassens, artiste à multiples facettes, est définitivement distinct du Gaulois à quoi certains s’ingénient à l’identifier. Certes, il aime la gauloiserie, l’énormité et le raffinement, la grâce, l’élégance. Ici encore, nous allons nous en rendre compte, la légende doit être nuancée. Et notamment la réputation, souvent justifiée, du mangeur de curé doit être revue au travers de ce magnifique hymne qui s’intitule « La Messe au pendu ».

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Le dénuement brassénien. Brassens, sa guitare, Favreau à la seconde guitare, Pierre Nicolas à la contrebasse. Pas d’orchestration, pas d’arrangement, pas de fioritures. C’est comme une signature. Le dénuement. C’est ce dénuement, par ailleurs, qui rend la musique de Brassens intemporelle, qui la met à l’écart des modes surtout détectables dans les orchestrations et les arrangements.

Notons, pour rendre hommage à ceux qui l’ont escorté, qu’avant Favreau, Brassens a été accompagné, à la seconde guitare par Barthelémy Rosso et Victor Apicella. Réservons une petite place à part à Pierre Nicolas. C’est à partir de 1954, pour son premier Olympia, que Nicolas devient le contrebassiste de Brassens. Leur collaboration ne cessera qu’avec la mort de Brassens. Brassens et Nicolas se sont connus en 1952 chez Patachou, dans son cabaret à Montmartre. Nicolas était contrebassiste dans le groupe de Léo Clarens qui accompagnait la chanteuse. Lorsque Brassens n’était pas sur scène, Nicolas accompagnait notamment Patachou, Barbara, Brel, Trenet ou Francis Lemarque. Nicolas, lors de l’enregistrement des inédits de Brassens, accompagne Jean Bertola. Pierre Nicolas est décédé en janvier 1990.

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Dénuement, en effet. Brassens a toutefois consenti à une exception avec l’orchestre des Petits français sous la houlette du monumental Moustache. Cette exception, très plaisante, je vous propose de la découvrir tout de suite. C’est l’Elégie à un rat de cave.

Brassens possède l’art de faire jouer à la morale le rôle de l’acrobate et de la contorsionniste. Ici, il fait très subtilement appel à la marmite pour mitonner sa petite recette éthique. Brassens n’est pas un homme du rejet (si l’on excepte les va-t-en-guerre, les patriotards nostalgiques, les corbeaux et les processions) et il a toujours une sympathie naturelle pour les réprouvés, ceux que la bienséance s’autorise à  disqualifier. Par ailleurs, rarement une coda aura été aussi cinglante que celle-ci. « Il s’en fallait de peu, mon cher / Que cette putain ne fût ta mère ». Brassens chante « La Complainte des filles de joie ».

Brassens (partie 7)

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http://www.youtube.com/watch?v=tS2kpqPlGEo
http://www.youtube.com/watch?v=gWRzopyZBSA 
http://www.youtube.com/watch?v=3Mibw9BRKGU 
http://www.youtube.com/watch?v=qxTv-PrgVOo
http://www.youtube.com/watch?v=6lVhNSnXUeg
http://www.youtube.com/watch?v=FHtjow9a9sU
http://www.youtube.com/watch?v=JUQdczfrJ94 

 

Il y a chez Brassens, pour affronter et évoquer les pires choses, un sens de l’humour qui n’appartient à lui, un petit air de provoc, une franche allure de défi à l’égard de certaines valeurs, si elles en sont, comme le patriotisme, l’héroïsme ou cette effarante nostalgie de l’aventure militaire .

Alphonse Bonnafé, qui fut son enseignant à Sète et qui préface l’entrée du chanteur dans la collection Poètes d’aujourd’hui chez Seghers, est convaincu que les défis, les sarcasmes et les gauloiseries de Brassens « recouvrent un fond d’angoisse et de désarroi, une détresse ». Il y a aussi dans tout cela un refus catégorique, celui d’honorer les faits d’armes, les guerres glorieuses.

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Ici, le bon maître atteint à une ironie d’une férocité exemplaire. Plutôt que de semer la bonne et très ingénue parole, le hérissant bêlement du pacifiste, il établit, dans un bel effet de surenchère, un palmarès des plus fameuses et sanglantes catastrophes guerrières à travers l’histoire.

Après cela, pour lui, nul besoin de prendre position contre la guerre d’Algérie ou celle du Vietnam. Toute guerre est une sordide défaite de l’humanité, un terrifiant affront à l’intelligence humaine.  On écoute « La guerre de 14-18 ».  (A gauche, Brassens avec Tillieu er sa fille France, à l'arrière-plan, Paul Louka).

Là, vos scaphandriers préférés ont préparé pour vous un petit florilège de ces joyaux brasséniens qui n’ont jamais l’honneur des ondes. C’est une injustice. Il y a là du pur chef-d’œuvre, un degré auquel la chanson n’a pas l’habitude d’atteindre. On renfile d’abord l’aimable végétal insinué entre deux pages de missel. Bon, on commence avec une pièce intitulée  « La marguerite ».

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Dans l’œuvre de Brassens que j’apprécie dans sa totalité, voici une des chansons que je préfère et qui m’a toujours inspiré une grande tendresse. Elle s’intitule « L’Assassinat ».

Ce qui épate dans l’œuvre du Sétois, c’est cette formidable habileté qui lui permet de conjoindre et de faire coopérer l’humour et la gravité. La chanson qui vient constitue dans cette perspective une sorte de pic, un véritable sommet. La chanson fait écho à un bal annuel parisien, une grande fête costumée et carnavalesque menée par des étudiants entre 1892 et 1966.

Brassens joue ici merveilleusement avec les manières et le folklore des carabins et des potaches en joie. Toutefois, quelque chose de tragique couve sous le cotillon. On écoute « Les quat’z’arts ».

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Nous ne dirons pas qu’ici Brassens signe un autoportrait. Nous dirons plutôt que le personnage de son musicien nous fait penser à lui. Il y a dans cette belle chanson un profond sentiment d’humilité, le refus de trahir sa modeste extrace pour parler comme Villon, la possibilité, somme toute, d’exercer son métier de musicien sans péter plus haut que son cul, sans enflure du cou. Ici aussi, on insistera sur la grande qualité de la mélodie. Hymne à la fidélité, à la loyauté aux siens, nous écoutons « Le petit joueur de fluteau ».

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La seule révolution possible, c'est d'essayer de s'améliorer soi-même, en espérant que les autres fassent la même démarche. Le monde ira mieux alors, déclarait Brassens. Vos scaphandriers ont été ravis de passer autour de l’œuvre de Brassens, deux heures en votre aimable et néanmoins mosane compagnie. Nous n’avons fait qu’effleurer ce fabuleux patrimoine. Mais si nous avons, au cours de cette édition, été capables de vous faire découvrir et apprécier quelques titres du poète sétois qui n’ont pas la faveur du transistor, nous n’aurons pas échoué dans notre projet. Voilà que notre édition consacrée à Georges Brassens touche déjà à sa fin. La prochaine édition sera consacrée, là aussi, à une personnalité exceptionnelle. Il s’agit de Tom Waits, auteur-compositeur-interprète, musicien et acteur californien.

Ruta JUSIONYTE

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R U T A    J U S I O N Y T E

L’art de faire penser la terre et frémir la couleur

https://www.facebook.com/jusionyte

a ru 13.jpgL’artiste, jeune, est lituanienne (Klaïpeda) et vit en Ile-de-France. A l'heure actuelle, me fait-elle savoir, elle se considère comme une artiste française. Elle a étudié à l’université de Vilnius, Académie des arts. Ruta Jusionyte réalise d’étonnantes terres cuites, plus petites que la grandeur nature, entre 60 et 120 cm de hauteur. Je me la représente, ayant longtemps contemplé ses réalisations, dans son atelier modelant ses étranges créatures comme une sorte de modeste  potière divine, comme un humble et orgueilleuse démiurge en action, mais plus encore comme une sage-femme qui met au monde les créatures étranges et touchantes qui peuplent son monde intérieur. Jusionyte a créé un univers singulier et passionnant, il est pleinement sien, très original.

Ses êtres conservent quelque chose de fœtal, quelque chose du nouveau-né chauve et étonné de ce qu’il découvre. Ses créatures ont aussi quelque chose d’inachevé, leur enveloppe est rustique, trouée parfois, striée, leur enveloppe porte les visibles et ostensibles traces de la main de l’artiste. Dans le même temps, mais un peu à l’instar du nourrisson, les personnages portent en eux une sorte d’extrême vieillesse, quelque chose qui appartient à l’allure des ancêtres. De même, les animaux de la sculptrice ont-ils ces mêmes caractéristiques, ils sont jeunes mais viennent de très loin, de l’aube de l’humanité et leurs formes gardent une certaine imprécision en même temps qu’elles les rapprochent des états fossilisés. L’œuvre tout entière, comme un fildefériste audacieux, semble marcher sur la ligne du temps.

Les créations de Jusionyte me semblent porter un troublant témoignage sur leur inachèvement, leur inaccomplissement, leur rusticité – qui sont, sans aucun doute, les nôtres aussi. Oui, ces créatures disent et portent des choses qui nous sont destinées et qui, bien qu’elles semblent exprimées dans un langage étrange, nous sont perceptibles. Ces drôles d’oiseaux nous parlent de nous. Ils nous parlent de tout ce qui est animé de vie (l’oiseau et l’être humain sont presque jumeaux, ou du moins y a-t-il des formes et des traits humains dans le corps de l’oiseau), ils nous parlent de ce qui est habité par la vie et semble en rester surpris. Ils laissent aussi sur une impression de méfiance. 

Avec une impressionnante tendresse qui vous étreint le cœur et l’âme, avec une captivante qualité de présence, ces créations laissent un sentiment de haute mélancolie, d’inusable mélancolie. Elles vivent, dirait-on, dans un étrange et déstabilisant équilibre, dans une sorte de conscience attristée de leur incomplétude. Elles sont puissamment humaines, elles nous reflètent quelque chose qui appartient non pas sociologiquement mais intimement à notre condition. Elles sont à l'inédite intersection de la beauté et de l'inachèvement, de la grâce et de la pesanteur, de l'amour et de la crainte. Une fois entrevues, les créatures de Jusionyte deviennent inoubliables.

Je viens à l'instant de découvrir quelques tableaux de Ruta Jusionyte. Le talent est là aussi au rendez-vous. Ces tableaux tiennent aussi dans un captivant écartèlement qui va de la nostalgie à la joie, de la solitude à la fête des couleurs, de la mélancolie à l'allégresse. Il y a ici un feu vif, une ardeur chromatique qui ravit, un rouge phénoménal qui peut inquiéter et toujours cette grâce doublée d'une épaisseur existentielle. Ces êtres-là portent ou semblent porter en même temps la jeunesse et le poids des ans. Une sorte d'ivresse hallucinée et troublante s'empare d'eux et les emmène dans une espèce de giration où nous sommes pris. Eux aussi vivent dans une sorte d'inachèvement, parmi des esquisses, des fantômes, des flottements. La paix et le tourment sont assis à la même table, le réel et une dimension inconnue cohabitent. Les fantômes et les fantasmes se superposent, se doublent. Cette belle maternité ensorcelée par les couleurs a soudain quelque chose d'étrange : ne dirait-on pas que cette mère attentive s'étreint soi-même ? Les peintures et les sculptures de Jusionyte font de vertigineuses incursions dans la destinée humaine, des bonds, des raccourcis, des ellipses. Ces œuvres vous happent et vous regardent tout au fond : quelque chose en vous frémit d'aise et d'angoisse. Formidable justification de la création artistique. 

Espace de l’artiste : http://www.rutajusionyte.com/

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Stéphanie Vandal - sculptrice, artiste récupératrice

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S t é p h a n i e   V A N D A L

https://www.facebook.com/Vandall.art.mediums.mixtes

 

Notice transmise par l’artiste :


a van 4.jpgStéphanie Vandal vit à Granby au Québec, Canada. Elle a créé ses premiers assemblages il y a 16 ans pour ensuite prendre une longue pause à la naissance de son premier fils. Paradoxalement, c’est enceinte de son second fils, 14 ans plus tard, qu’elle a renoué avec sa passion.

Les œuvres de Stéphanie Vandal recyclent et fusionnent en sculptures divers objets oubliés, démontés, déboutés.

Ces attachants personnages hétéroclites traduisent une sensibilité bien à elle...Ses hommes-machines et créatures hybrides semblent tendre des regards sur l’environnement, comme pour montrer qu’il faut prendre soin de ce qui nous entoure, ou du moins, s’en inquiéter.

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Et ce que nous en pensons :

 

a van 5.jpgPour une fois, voici une artiste du fécond Québec qui porte un nom qui ne lui sied guère. Le vandal(e) est un de ces grossiers barbares germains qui ont, jadis, vers le cinquième siècle, dévasté la Gaule. Dans le langage ordinaire, le vandale est une sorte d’abruti destructeur et ignorant, et plus spécialement encore un effarant monstre qui s’emploie à détériorer les œuvres d’art. Tout le contraire de l’artiste qui nous intéresse.

La belle Stéphanie Vandal fait partie de la famille de Claire Bienvenue, de la famille de ces infirmières artistes qui font œuvre dans les objets désœuvrés, qui réinjectent de l’affect dans les objets désaffectés. Elle fait partie de ces réparatrices-créatrices, de ces guérisseuses-artistes qui soulagent les bibelots disloqués, mis au rebut avec des pansements de grâce et les établissent dans une condition artistique inespérée. Regardés comme des objets utilitaires abandonnés, ils acquièrent le statut d’objets d’art. Les mains qui se sont emparés d’eux y ont déposé une âme et une intention qui les enchantent.

A1 SV.jpgVoilà ce que fait Stéphanie Vandal, elle enchante des objets désenchantés. (Ci contre, l'artiste photographiée par Rébecca Vandal). 

Tout comme dans le cas de mon amie Claire Bienvenue, il ne s’agit pas de verser dans l’insolite, le farfelu ou le cocasse. Et la griffe vandalienne (ce beau qualificatif nous écarte définitivement du furieux iconoclaste) consiste, pour la connaissance actuelle que je possède de l’œuvre, à faire porter à sa création un sentiment poétique de nostalgie, de mélancolie, de curiosité pour le monde, une charge émotionnelle intense et poignante, une surprenante singularité.

Lorsque la photographe québécoise Lucie Coulombe m’a incité à découvrir l’œuvre de sa compatriote, elle a évoqué, d’une façon me semble-t-il très pertinente, un lointain degré de parenté entre certains personnages vandaliens et certains aspects de l’œuvre animée de Tim Burton. Oui, une parenté un peu fantastique, une parenté de la désolation consolée, de l’outre-tombe romantique puisque nous avons sous les yeux des objets revenus de l’au-delà, de la fourrière, de l’oubli et du rejet.

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Voilà la merveille, injecter de la vie, du sentiment, de la mémoire dans ces objets éconduits, répudiés que l’on souhaitait oublier et jeter dans le vide. Confier à ces accessoires périmés la très haute mission de dire une mélancolie toute humaine. Les extraire à leur rigidité d’objet pour leur faire dire une fragilité confondante qui nous émeut et nous trouble.    

Dans l’utilitaire inutile, établir de la poésie. Déposer de la pensée. Induire une réflexion.

Et de l’araignée prédatrice au visage de belle désolée à l’aviateur fer à repasser, en passant par la rousse au gouvernail de sa baleine, Stéphanie Vandal décline un univers étrange, original et qui a pour nous, avec des accents nouveaux et inconnus, avec de désarmants et pointus clins d’œil à l’enfance, une filiation avec le surréalisme. 

Moi, je suis sous le charme. Dans la grâce du chant/champ magique. Et j'exprime une fervente reconnaissance à l'artiste qui me traite avec d'aussi poétiques égards.

 

 D é c o u v r e z    l a    V a n d a l e r i e

 

La belle artiste vient d'ouvrir sa propre galerie-boutique qui se nomme La Vandalerie. Voici le lien pour découvrir le lieu et les artistes qui y sont associés.

https://www.facebook.com/patineetmouchecousue

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QUELQUES LIENS POUR DÉCOUVRIR L'ARTISTE:

http://www.lapresse.ca/la-voix-de-lest/arts-spectacles/201107/26/01-4421224-stephanie-vandal-recuperer-facon-tim-burton.php

http://www.recyclart.org/2011/05/stephanie-vandal-art/

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Ouvrages publiés par Denys-Louis Colaux

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Copie de JLE_8119_DxO.jpgRepères bibliographiques (après 1985) :

Beige, M 25 Productions, Atelier de l'Agneau, Liège, 1987.
La Capture du doute, Éditions du Rewidiage, Lille, France, 1991.
Brodsky (roman), Club Stendhal, Tarn, France, 1991.
Pages d'amour, Orage-Lagune-Express, Bordeaux, France, 1991.
La Baleine Morte, Polder 76, Revue Décharge, Jacques Morin Éditeur, France, 1994.
Tropiques de l'unicorne, L'Arbre à paroles, Amay, 1995.
Don Quichotte de la Meuse, Éditions du Rewidiage, Lille, France, 1998.
Le Galop de l'hippocampe, Les Éperonniers, collection Feux, Bruxelles, 1998.
Le fils du soir (roman), (sélection du Prix Rossel 1999, sélection du Prix NCR 1999), Les Éperonniers, collection “Maintenant plus que jamais”, Bruxelles, 1998.
Schlass (nouvelles), Les Éperonniers, collection “Maintenant plus que jamais”, Bruxelles, septembre 1999.
Le Prix Sorel (roman), Les Éperonniers, collection “Maintenant plus que jamais”, février 2000.
Une semaine de la vie d'une Flibustière, La Morale Merveilleuse, Brive, France, mai 2000.
À quatre épingles (nouvelles avec des illustrations de Sandro Baguet), Les Oiseaux de Passage, Province du Hainaut /Iph Editions, janvier 2001.
Poèmes d'amour, barbaries et autres énormités, Le Talus d'Approche, Mons, janvier 2001.
Nelly Kaplan, Portrait d'une Flibustière, (biographie), Dreamland Editeur, Paris, 2002
L'Arbre d'Apollon, aux Éditions Maelström-Images d'Yvoires, février 2002, Bruxelles : roman à quatre mains Otto Ganz & Denys-Louis Colaux
Descentes dans le Maelström, recueil collectif de nouvelles autour du thème du maelström avec notamment : Anne Guilbaut, Otto Ganz, Jacques Crickillon, Marc Vaillancourt, K.-L. Van Ruyssel, Mario Paluan, Guy Montens, Laar U Kahn, Evrahim Baran, Daniel De Bruycker, Werner Lambersy, André Beem, Gaston Compère, Denys-Louis Colaux...
André Tillieu, des petites fleurs, Le Veilleur de nuit, 2008
Anonymes, nouvelles, Les Editions du Cygne, collection "Le Chant du cygne", Paris, 2008
Epîtres à l'Oyonnaxien, lettres à mon éditeur, Editions Orage-Lagune-Express, collection "Epistolaires", 2009
Un tailleur d'allumettes, L'Arbre à Paroles, Amay, Belgique, 2009

L'Esquimau à Minuit est un petit recueil que j'ai retrouvé un peu par hasard. Il a été tiré à une centaine d'exemplaires en 1988 par François Servais, un très vieil éditeur venu s'établir à Florennes. Il était aussi typographe.

Je m'aperçois qu'il y a un ouvrage que je n'ai pas fait figurer encore dans mes ouvrages publiés.

Je hais les poètes (vivants) ! (recueil d'aphorismes, apophtegmes, mensonges, expérimentations verbales, vacheries, indélicatesses & autres propos péremptoires) suivi de Circus (6 numéros pataphysiques en forme d'entonnoir - composition théâtrale en 7 rôles) - Maelström éditions, Bruxelles, 2003.

La Sirène Originelle, 17 nouvelles, Atelier de l'Agneau, France, 2012

Les Désirs de l'Esquimaude, recueil de poésie, Atelier de l'Agneau, France, 2013

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Couvertures d'Yvonne Cattier pour Schlass, Sandro Baguet pour La Sirène Originelle, Laurence Burvenich pour Anonymes

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Pour A quatre épingles, couverture de Sandro Baguet

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Les photographies de l'auteur sont de Jacky Lepage

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Pour Brodsky, couverture de Pean-Pierre Dubois

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Couverture de Sandro Baguet pour La Baleine morte

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Les trois couvertures sont d'Yvonne Cattier

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AMRITA SHER-GIL

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A M R I T A   S H E R - G I L

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Je viens de découvrir l’existence de cette artiste indienne. Il m’a fallu peu de temps pour me dire que, hélas, si l’artiste avait été un homme, on lui eût élevé des monuments. Pourtant, cette femme – d’une beauté remarquable et qui disparaît d’une façon inquiétante, à l’instant où son sacre devient possible -, est une incroyable puissance de nouveauté. Elle apporte dans l’Inde de son père, avec une classe et une virtuosité rares, le violent tumulte de l’art moderne. Une Inde qu’elle aime, qu’elle respecte et qu’elle s’approprie lentement, passionnément, dans une quête sans fin. Elle est celle par qui un changement s’opère. Amrita Sher-Gil est une figure de la nouveauté, de la loyauté et de la fidélité. 

Je me suis documenté sur elle. Je n’en suis qu’au début. Mais la fièvre du partage est là.

Quelques prélèvements sur le web :

Amrita Sher-Gil est née en 1913 à Budapest d’un père Sikh et d’une mère hongroise. Elle a étudié à l’Ecole des Beaux-arts à Paris avant de retourner en Inde en 1934. Elle est décédée en 1941 à l’âge de 28 ans. Amrita Sher-Gil est considérée comme la pionnière de l’art moderne en Inde.

http://ambafrance-in.org/Amrita-Sher-Gil-A-Life-lancement

The majority of works by Amrita Sher- Gil in the public domain are with the NGMA, which houses over 100 paintings by this meteoric artist. Born of a Sikh father from an aristocratic, land owing family, and a Hungarian mother, Amrita Sher-Gil’s life veered between Europe and India. She was blessed with beauty, breeding, charismatic personality and extra ordinary talent as a painter.

http://www.ngmaindia.gov.in/sh-amrita.asp

http://www.sikh-heritage.co.uk/arts/amritashergil/amritashergill.html

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Amrita Sher-Gil est née en 1913 à Budapest. Son père est un aristocrate sikh, un intellectuel versé dans l’étude du sanskrit et du persan. Sa mère, Marie-Antoinette Gottesmann est une artiste lyrique hongroise d’origine juive. Le couple a deux ans, Amrita est l’aînée. L’enfance d’Amrita se déroule à Budapest, « la perle du Danube ». Amirta est la nièce d’Ervin Baktay, d’abord peintre et ensuite auteur, célèbre indianiste connu pour avoir popularisé la culture indienne en Hongrie. La vocation artistique d’Amrita apparaît tôt, elle est immédiatement encouragée par la mère de l’artiste mais également par son oncle qui la guide et la conseille. Dans ce milieu intellectuel et artiste, Amrita jouera du violon, du piano, elle donnera avec sa sœur Indira de petits concerts et de petites représentations théâtrales. Amirta, dit-on, peignait dès l’âge de cinq ans mais elle a officiellement commencé à peindre à l’âge de huit ans. En 1921, la famille s’établit à Shimla, en Inde.

En 23, Amrita et sa mère s’établissent pour quelque temps en Europe, en Italie. Amrita fréquente un peu une école d’art à Florence. En 24, c’est le retour en Inde. Mais la rencontre avec l’art italien et l’art européen a eu lieu.

En 29, Amrita et sa mère prennent à nouveau le chemin de l’Europe. Amrita veut entreprendre une formation de peintre à Paris. Elle fréquente successivement L’Académie de la Grande Chaumière, fondée en 1902 par Martha Stettler  et qui se démarquait par un rejet  des règles strictes de la peinture académique, et, entre 30 et 34, l’Ecole des Beaux-Arts où elle aura pour professeur Lucien Simon. Elle se nourrit, ai-je lu, de l’influence de Cézanne ou de Gauguin. Elle se fait, dans ce groupe d’élèves, une place parmi les jeunes peintres et se lie avec l’artiste russe Boris Taslitzky, qui deviendra un adepte du réalisme socialiste. Les premiers travaux d’Amrita révèlent, très logiquement, une influence des modes occidentaux de peinture et s’inscrivent dans cette mouvance de la peinture des milieux bohèmes du Paris des années 30. C’est en 1932 qu’Amrita peint sa première œuvre significative, une œuvre intitulée « Les Jeunes Filles ». Grâce à cette œuvre, Amrita devient membre associé du Grand Salon à Paris en 1933. Ceci fait d’elle, paraît-il, la plus jeune et la seule artiste asiatique à avoir bénéficié de cette reconnaissance.

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L’Inde attire Amrita, elle l’appelle. Elle commence, écrit-elle, « à être hantée par un désir intense de retourner en Inde ». L’artiste, mue par une curiosité légitime et qui touche à l’essence de son identité, a entrepris une quête : redécouvrir les traditions de l’art indien. Cette quête ne prendra fin qu’avec la mort de l’artiste. A cette époque, on lui prête une aventure sentimentale avec le journaliste et écrivain anglais Malcolm Muggeridge. Durant un voyage de découverte des racines indiennes, elle s’enthousiasme pour les écoles Mughal (style particulier de la peinture en Asie du sud) et Pahari (style pictural de l’Inde du Nord) mais également pour la peinture rupestre dans les grottes d’Ajanta (parmi les plus beaux exemples ayant survécus d’art indien).

A3 Amrita.jpgD’un formidable curiosité, Amrita prend en 37 la route pour l’Inde du sud. Elle y peint des toiles qui deviendront considérables et qui révèlent son sens de la couleur et sa prédilection pour les Indiens pauvres et désespérés. C’est d’ailleurs la découverte même de sa vocation qui s’incarne là : exprimer la vie des Indiens à travers son œuvre.  Dire aussi la condition des femmes. Son art porte témoignage de la condition des femmes indiennes.

En 38, Amrita épouse son cousin, le docteur Victor Vegan. Elle affermit ses influences indiennes dans l’amour qu’elle porte à l’œuvre des deux Tagore, Rabindranath (chez qui elle aime le portrait de femme) et Abanindranath (qu’elle aime pour son clair-obscur ou ses couleurs). Elle poursuit sa conquête picturale de l’âme de l’Inde. Elle représente le rythme de l’Inde rurale. La critique salue l’œuvre, l’œuvre trouve pourtant peu d’acheteurs. Politiquement, elle n’épouse pas les opinions familiales, elle est indépendantiste, elle aime la philosophie et le mode de vie de Gandhi et elle apprécie Neruda (qu’elle a rencontré et qui admire son talent et sa beauté), elle est une sympathisante du Congrès.

Le couple s’établit à Lahore où l’artiste établit son atelier à l’étage de la maison. Nous apprenons qu’Amrita – et je crois avoir compris, en écoutant quelques spécialistes de l’œuvre, que le couple n’était pas épanoui et que l’époux n’avait aucune fibre artistique – a des aventures dont quelques-unes homosexuelles. Quelques œuvres la représentent avec l’un de ses amantes.

En 1941, quelques jours avant sa première grande exposition à Lahore, Amrita tombe gravement malade et entre dans un état comateux. Elle décède le 6 décembre 1941 sans que l’énigme de sa mort soudaine ne soit éclaircie. On a évoqué la cause d’un avortement mal conduit ou d’une péritonite. Des suspicions se sont portées sur l’époux. La mère de l’artiste accusait l’époux.

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L’œuvre, que je commence à découvrir, dit une rencontre picturale entre différentes cultures, entre l’Europe et l’Asie mais aussi entre les diversités des arts de l’Asie. Elle met en lumière, dans le monde l’art, son pays natal et le jette dans la faramineuse aventure de l’art moderne. Elle pose, entre une vieille culture et la ruée vers le modernisme, un jalon unique et remarquable. Elle élargit, - avec son œuvre audacieuse, nouvelle, passionnée -  l’iconostase de la peinture mondiale.     

Mon article est en grande partie fondé sur la page wikipédia dont voici la référence : http://en.wikipedia.org/wiki/Amrita_Sher-Gil

Voir encore :

http://www.tate.org.uk/whats-on/tate-modern/exhibition/amrita-sher-gil

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Stéphanie CHARDON, artiste peintre

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S t é p h a n i e   C H A R D O N

une  magnifique  perle  baroque

a char a.jpgComment, à la suite de quelle effarante méprise peut-on s'appeler Chardon quand on a la grâce, le port altier, le parfum offensif et vénéneux, l'orgueil majestueux d'une fleur baudelairienne ? Mystère ! Découverte époustouflante de Stéphanie Chardon. Quelle merveilleuse, quelle exquise surprise, quel bel et délicieux instant, quelle agréable secousse ! Stéphanie Chardon est une artiste-peintre et sculptrice française qui vit en Bourgogne. Ses sculptures sont ravissantes et ses travaux sous globe une trouvaille exaltante. Je sais peu de choses d'elle, je n'ai d'ailleurs pas trop cherché à en savoir beaucoup, mais je me suis senti traversé par le merveilleux rayonnement de son oeuvre. Cette artiste éclectique est follement originale. Son oeuvre exhale un parfum de fraîcheur savamment soufrée. C'est une artiste au sens plein du terme : libre d'esprit, voguant sans autres lois que celles du talent et de son bon vouloir, ingénieuse, inventive, virtuose, un peu rock'n roll,  sans doute exquisément dingue, pleine de ressort et de joie communicative et de gravité. C'est une grande décadente (dans l'acception artistique du terme), une décadente pleine de santé, d'audace et de vigueur, c'est une charmeuse, une sorcière, une sourcière, une piratesse, une envoûteuse, c'est une grande élégante, une tragédienne qui rit, une comédienne inquiète. Son art déborde de ressources, de vitalité et de créativité. Elle réussit la rencontre heureuse de l'humour et de la poésie. Elle est raffinée et bohème, c'est une créature classieuse aux yeux sublimes. C'est un oiseau singulier qui peut, avec  une grâce égale, cingler à la surface des eaux et des pâquerettes ou battre des records du monde d'altitude. On est heureux de savoir qu'elle existe. Une espèce d'insolence qui appartient aux regards, aux attitudes de ses personnages, à un certain mépris des convenances et des codes achève de griffer son oeuvre. Dès que le visiteur aura pris le temps de regarder la galerie que je lui propose, il se rendra aux adresses que je mets ici à sa disposition pour découvrir plus avant l'oeuvre de Stéphanie Chardon : 

http://cargocollective.com/stephaniechardon/Stephanie-Chardon-portraits-en-pied
https://www.facebook.com/stephanie.chardon.3?fref=ts
http://lesamazones.fr/expo-virtuelle/stephanie-chardon/

a char 28.jpgIl faut que je revienne un instant sur cette artiste qui m'épate. Qui m'épate parce que, de façon unique, je crois, elle saisit, elle capture, comprend et rend avec une cinglante virtuosité dans sa peinture et dans ses portraits quelque chose de notre époque : ce mélange étrange, hétéroclite, délétère de sensibilité et d'ironie, d'indécence et de charme, de sérieux et d'absurde, de sincérité et de jeu, cette humanité en jeu, en représentation et sincère, unique et insignifiante, cette curieuse balance entre l'affirmation de soi et la saillie du doute existentiel, du chancre existentiel. Ici, on voit ensemble la pose et le désarroi, l'autosatisfaction et la recherche de l'autre, la romance toute proche de la satire, le carnavalesque violent de la beauté à proximité des chiottes. Cette impressionnante oeuvre spéculaire, et jusqu'en ses autoportraits, offre un faramineux et troublant portrait de notre société et de notre époque.

NB La galerie que je propose contient un certain nombre de détails, publication que je justifie par la beauté du trait, le travail pictural méticuleux et le formidable sens des contrastes.

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Betina La Plante

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B e t i n a    L a    P l a n t e

Sur une photographie de Betina La Plante
un poème de Denys-Louis Colaux

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V O L U P T A S

Her delights are dolphin-like

Ainsi
dérivant dans le crépuscule
il m'était donné quelquefois
d'entrevoir sur un dais de nuit
vitrail de nacre
dans un mur de velours
cette sirène en majesté
Son geste avec les fleurs
penchait de volupté
de lentes vapeurs d'ambre
hantaient ses longs cheveux
de palissandre
et le spectacle
de ses yeux clos
semblait porter
le grand tableau bleuté
d'une chapelle de corail
hâlée au ciel par un essaim
de grands albatros tièdes

Michal Lukasiewicz

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MICHAL LUKASIEWICZ

Ce que nous apprenons sur l’artiste sur le web :

Lukasiewicz  est né en 1974 à Pulavy, en Polonge et depuis 1995, il s’est établi et travaille à Anvers, en Belgique.  Mes peintures représentent la forme humaine, la douce tendresse que je puis transférer à celui qui regarde mon travail.Jamais la colère du monde mais la paix et l’harmonie dont les êtres humains sont capables. J'ai été influencé par la vie en Belgique et les peintres des pays du Benelux et je tente de révéler  le côté placide et paisible  du sujet en utilisant la lumière, le reflet de lumière et les ombres afin de  souligner la forme  de sujets et les courbes. Je n'utilise jamais la couleur,  je tente d’obtenir ces effets par un travail subtil des tons. J'essaie de rendre la douceur de la peau et le corps et je fais pour cela en sorte qu’aucun coup de brosse ne soit visible. J'ai développé cette technique pour peindre le corps humain. Un grand nombre de mes œuvres se trouvent dans des collections. Traduction personnelle de la notice de présentation visible sur ce lien :

www.tuttartpitturasculturapoesiamusica.com/2010/12/michal-lukasiewicz.html

Voir aussi, pour  découvrir l’œuvre :

www.pinterest.com/highpol/michal-lukasiewicz/
www.facebook.com/michal.lukasiewicz.7
http://www.youtube.com/watch?v=JFgpQWik3mw
http://supersonicart.com/post/77188155470/michal-lukasiewicz

Ce que nous en pensons :

Cet art a sans doute à voir avec l’art réaliste. Mais, comme celui de Wyeth ( à qui je ne compare pas Lukasiewicz), cet art réaliste me passionne par la manière dont il dépasse, excède le genre. Par cette part poétique qu’il insère dans la réalité, par cette part d’indéfini, par la présence même de la singularité de l’artiste qu’il ne cesse de signaler. Je retiens ici une amabilité d’atmosphère, ce soupçon de grâce en apesanteur dans l’œuvre, cette impression qu’elle donne d’appartenir à la fois au réel et au conte. J’aime ici la paresse vénielle et exquise, oui, cette élégance nonchalante, cette féminité doucement mélancolique, cette curieuse et presque indolente délectation morose, la suspension esthétique des choses graves, une sorte d’hibernation tiède dans le foyer feutré de la grâce. J’aime cette invention d’un havre d’agrément, d’un lieu de plaisance immobile, de farniente saupoudré de poésie, de félicité intérieure et d’indices de patchouli. L'artiste s'aventure parfois avec une habileté d'oiseleur en lisière de sensualité. On gravite autour d'astres humains et la soie de leur peau luit paisiblement dans un univers tamisé, presque sépia. J’aime ce boudoir inédit où semblent songer et rêver des icônes si légères qu’elles flottent comme des vapeurs d’opium. Et pourtant, l'intensité de leur présence se répand, se diffuse, s'impose. Je veux dire en cela que cet art n'a rien d'ornemental ou de mineur, que sa légèreté est étrangère à l'inconsistance. Cet petit air d'Eden et de cabinet des demoiselles, ces belles intentions, cette plasticité noble et ces impressions ce que je viens de livrer composent un très bel endroit à l'écart des tumultes de la vie et des convulsions de l'art. J'y ai séjourné avec plaisir. Ravissement. L’art ici ne relève pas du choc, il est établi dans le monde délicat et subtil de la caresse picturale. Mais c'est bien d'art qu'il s'agit. Les leçons de sépia de Lukasiewicz. 

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Esmerine & Lhasa

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Lhasa par Andreas Vanpoucke

J'ai bonheur chaque fois qu'une occasion m'est offerte de revenir à ma favorite, Lhasa de Sela. En voici une magnifique, d'occasion. A travers l'excellent groupe Esmerine que je vais me faire un plaisir de vous présenter.

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E  S  M  E  R  I  N  E

http://www.esmerine.com/
http://en.wikipedia.org/wiki/Esmerine
http://cstrecords.com/esmerine/
https://www.facebook.com/pages/Esmerine/115994205138357

Fondé à Montréal en 2000 par le percusionniste et batteur Bruce Cawdron et la violoncelliste Beckie Foon, Esmerine est un groupe canadien de musique de chambre moderne qui brasse un grand nombre de genres musicaux comme la drone music (musique miimaliste avec programmation), le post punk, le lyrisme romantique et les influences folk. A l'heure actuelle, le groupe a produit cinq albums. Notons que dans ce groupe ont joué Sarah Pagé qui accompagnait Lhasa et Andrew Barr (des Brothers) et jouent actuellement Jamie Thomson et Brian Sanderson. 

2003 : If Only A Sweet Surrender To The Nights To Come Be True
2005 : Auroa
2011 : La Lechuza
2013 : Dalmak (Album instrumental de l'année aux Juno Awards 2014) Un extrait est disponible sur le site du groupe, une excellente pièce intitulée "Translalor's Clos Part II"

L A   L E C H U Z A

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La Lechuza est un album d'Esmerine sorti en 2011, l'année qui a suivi le décès de notre Elfe des neiges. C'est un album d'hommage, de fidélité, de chagrin et de grâce. Sur ce lien, vous pouvez entendre le somptueux hommage à Lhasa (Snow day for Lhasa, chanté par l'excellent Patrick Watson) et une version longue, langoureuse et splendide de A Fish On Land chanté par Lhasa). La Lechuza, c'est la chouette, surnom affectueux attribué à la belle Nomade.  

http://www.aqnb.com/2011/06/21/walking-through-mist/


Dy Lay (back to Diane again)

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D  Y      L  A  Y 

C O N T I N U E  À   E N S O R C E L E R  

E T   À  C U L M I N E R 

a dl 5.jpgJ'ai écrit, déjà, le ravissement que j'éprouve dans la compagnie de l'oeuvre insolite de Diane Laillé, sommairement dite Dy Lay. Il faut irrépressiblement que j'y revienne comme on revient sans se lasser à ce qui exerce sur nous un charme, une magie. Et d'abord, je mentionne cette superbe notice biographique dont l'artiste orne son espace fb : "Les idées tombent quand la tête penche d'un côté... prends soin de placer une toile de lin en dessous, histoire d'éviter le gaspillage". Un colloque secret (réunissant des artistes, des géomètres, des psychiatres, des psychanalystes, des orfèvres, des pythies, un critique d'art tétraplégique, quatre philosophes, des poètes pastoraux, des poètes urbains, une horticultrice, des touristes québécois, un teckel égaré) a récemment eu lieu pour réfléchir à l'interrogation suivante : Dy Lay est-elle totalement frappadingue ? Des échanges entre experts, spécialistes et amateurs garantis, - des échanges parfois orageux et parfois mélodiques -, il ressort que Dy Lay présente toutes les sévères caractéristiques du talent, qu'elle atteint à un singulier niveau de liberté créatrice, qu'elle est capable de soulever les haltères de la légèreté (souvent insoutenable) de l'être, qu'elle est une sorte d'oiseau humain (oui, ce n'est pas très clair mais je ne puis toiletter les conclusions), qu'elle bâtit avec son art un lieu singulier, inédit où la poésie, l'imaginaire, le vraisemblable, le drôle et le touchant font cause commune, qu'elle est un de ces artistes du relais, c'est-à-dire, un témoin de son art, un être apte à capter l'attention d'un jeune public pour l'ouvrir, l'initier à la peinture, lui donner le goût de l'art. Ici, pour mon plaisir personnel et pour l'édification des foules, je recueille de nouvelles œuvres, je flâne au pays de Diane, j'y déambule, en joie, enchanté par tout ce talent débarrassé du terrible fardeau du sérieux, ce talent libre et sujet à cette délicieuse brise de folie parfumée. J'aime cette allégresse contagieuse et cette sorte de retentissement visuel. Ce talent qui n'est dépourvu, au demeurant, ni de gravité ni de profondeur mais qui s'impose par une aisance inspirée, un plaisir de créer très contagieux, le bonheur infatigable d'être une aventurière de la création. Tout, ici, - et la grâce, la densité humaine, l'âme insérée dans l'ouvrage -, semble respirer un air vif, frais. Car en même temps que cette femme vous amuse et vous divertit, quelque chose de poignant dans sa peinture entre en action et vous étreint le cœur, une magie vous porte à vous intéresser à l'autre, son visage, sa manière d'être, son irremplaçable singularité. Se pourrait-il que Dy Lay fût une artiste généreuse et qu'un étrange et bienfaisant halo d'humanité éclairât son travail ? C'est, ce que pour terminer ce second papier, j'affirme avec vigueur et reconnaissance. 

A T T E N T I O N ,  S O U R I S    S U B L I M E !

Et je fais une vraie place à ce magnifique personnage de souris picturale qu'elle a inventé. Bon sang, ça, c'est foudroyant de grâce et de pertinence ! Voilà un merveilleux guide, un initiateur fabuleux pour initier l'enfance et la jeunesse aux splendeurs de l'art. Merveilleuse et intelligente création de pédagogue, fruit exquis d'une âme d'artiste, cette souris farfelue et irrésistible, contemporaine et en perpétuel voyage dans le temps, est une trouvaille sublime. Un génital outil d'art. Une clé providentielle pour entrer au musée et s'y plaire. 

Un autre lien pour l'oeuvre de l'artiste : http://dyanlay.wix.com/portefolio-dy

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L A   S O U R I S   G É N I A L E   D E    D Y   L A Y

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Coup de sang !

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DÉMONCRATIEA LABELGE

J'ai le devoir absolu de m'insurger(Lily de Gerlache)

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a bel.jpgIl y a une faute qui ne mérite aucune indulgence : garder le silence quand on est indigné. Faire, par prudence, taire son dégoût, le museler. Et puisque mon pays se met, après que la pestilence ait longtemps couvé, à puer à ciel ouvert et que j'aime l'haleine des fleurs, le parfum des femmes, l'arôme des livres, la senteur chaude et raffinée de la peinture à l'huile, les exhalaisons de la forêt, les alléchantes odeurs de cuisson, je vais faire connaître mon dégoût. Je regarde cette odeur de carne en décomposition comme une offense personnelle.

Des gens vulgaires et obscènes se sont chez nous, avec l'odieuse complicité de prétendus réformateurs, emparés de postes politiques importants et n'ont pu, dès leur accession au pouvoir, comme de boutonneux puceaux devant leur première nudité, contenir plus de deux secondes le pus fétide qui leur sert de semence idéologique.

Voilà Théo Francken, une jolie bille de la n-va (nieuw-vlaams alliantie -  traduit par alliance néo-flamande selon le site du parti). A peine est-il nommé secrétaire d'état à l'Asile et à la Migration qu'il se répand en injures, qu'il fait voir ses plus vilaines démangeaisons, qu'il se soulage en public. Homophobe, raciste (ces cons de marocains..., j'émets des doutes quant à la valeur ajoutée des Marocains et des Congolais, etc), on le voit fêter le nonantième anniversaire d'un collabo notoire, l'infect Bob Maes. La collaboration n'est pas une faute à ses yeux. Il souhaite réinstaurer l'enfermement contraint des familles étrangères (enfants compris) dans l'attente de leur rapatriement. C'est une chose d'être nul, incompétent, beauf, c'en est une autre d'orner la médiocrité d'une pointe d'abjection. La bonne idée de mettre cette clenche obtuse à ce poste ! Autant choisir un furieux pitbull pour faire régner l'ordre dans le bac à sable du square belge. On sent que désormais tous les coups sont permis. Entre deux coups de gourdin, on présentera des excuses purement formelles. Oui, l'affaire me semble mal embarquée. Elle justifie une hausse du ton. Un raidissement. On me dira que je manque de discernement, que je réponds à l'aboiement par l'aboiement. Je veux bien qu'on s'indigne décemment, respectueusement. Mais rien ne me paraît illusoire comme la cordialité de cette opposition-là. On ne doit pas d'égards à celui qui vous crache au visage. 

drapeau noir.jpghttp://www.rtbf.be/info/belgique/detail_mourade-zeguendi-des-barons-demande-la-demission-de-theo-francken?id=8383045 

http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_demission-de-theo-francken-1200-soutiens-a-la-petition-de-z-jellab?id=8383726

http://www.lesoir.be/685059/article/debats/editos/2014-10-20/soir-et-theo-francken

Contesté, Charles Michel, la carpette gouvernementale, la soubrette candide et prétentieuse, la poupée dégonflée, prend un air pincé pour en appeler au respect démocratique. Ce cancre vaniteux, paon de basse-cour à la roue crevée, ouvre la voie au fascisme et en appelle au respect. Tudieu ! Super-pouffiasse donne la leçon de morale ! Respect démocratique : les mesures gouvernementales assassinent la culture en Belgique. Faudrait-il qu'on succombât avec le petit doigt en proue ? 

http://www.lalibre.be/culture/politique/la-culture-federale-frappee-de-plein-fouet-comme-jamais-5448a7e23570a5ad0edd049d#6fcfe

Il y a chez Charles Michel la volonté de régner à tout prix, à n'importe quel prix et avec n'importe qui, fût-ce au prix de l'illusion même de régner, au méprisable prix d'être la risible et impuissante marionnette d'un intraitable Gepetto. Charles Michel a reçu un titre de premier ministre en sucre d'orge. Il le brandit comme un sceptre. Oui-Oui chez les Belges. Lamentable numéro de ventriloquie. Les socialos feront bien de s'offusquer, de piailler avec ferveur et pendant qu'ils gloussent au perchoir, ils diffèrent l'heure terrible de leur examen de conscience.

Et Jan Jambon (c'est avec de tels noms qu'on fait les antisémites !), ministre de l'Intérieur, déclare que "les gens qui ont collaboré avec les Allemands avaient leurs raisons". A l'Intérieur et ouvertement révisionniste ! Avec une personnalité comme Lily de Gerlache, résistante et déportée, nous avons - pour reprendre ses solennelles et pertinentes paroles - "le devoir absolu de nous insurger". Jamais peut-être, la voix d'un auguste ancêtre n'aura été aussi exemplaire, aussi providentielle.

http://www.lalibre.be/actu/belgique/reponse-a-jan-jambon-j-ai-le-devoir-absolu-de-m-insurger-5445307f3570eece12f89aac 

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OFFUSQUEZ-VOUS, PROTESTEZ, INSURGEZ-VOUS, REFUSEZ PENDANT QU'IL EST ENCORE TEMPS

Jacques Brel

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 J  A  C  Q  U  E  S      B  R  E  L

la formidable tragédie d'exister

J'ouvre ce petit espace personnel à cet auteur-compositeur-interprète que j'aime immodérément. C'est un espace qui va toujours évoluer, toujours s'augmenter de notules, d'impressions. Un espace où je viendrai réfléchir et vendanger ma passion pour l'oeuvre brellienne.

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Transcription 1

a brel bb.jpgBrel, vous avez quinze ans, il vient vous saisir par les cheveux, par la main, peut-être, mais fermement. Brel est un sauvage, à tout instant, il vient de réchapper des cartonneries à Bruxelles, il vient de se soustraire au sérieux du commerce, il vient toujours de décliner l'invitation au confort. Il vient tout auréolé de rire, de malheur, de grincement, de refus, de liberté. Brel, dès cet instant, même avec tous ses formidables grincements, c'est l'incarnation du désir de liberté. C'est un type qui s'ébroue. Il est grandiose dans l'ébrouement. Et dans l'enchaînement amoureux aussi, il est grandiose. Dans l'enlisement sentimental. Il sombre dans le tragique avec la beauté des grands bateaux de piraterie en feu. Sa mesure, à Brel, c'est l'exacerbation. A quinze ans, vous aimez infiniment ce type démangé par la liberté et le désir effrayé du cachot amoureux. Quand on a quinze ans, Brel est beau comme l'alizé (oui, déjà l'alizé) mêlé à la bise. A quinze ans, ce type tout en dents, ce furieux, vous savez d'intuition que c'est un tendre. Sa tendresse, au demeurant, il ne la couvre pas, vous savez, comme le sein, chez le Tartufe de Molière. Il fait voir le soleil pluvieux, très belge, mais du belge magnifié, sorti de sa frilosité grisâtre, le soleil pluvieux, mouillé d'arc-en-ciel de sa tendresse faramineuse. Brel, c'est de la Belgique trouée de lumière, c'est de la Belgique posée sur un ardent foyer et qui entre en ébullition. Brel, c'est évidemment autre chose qu'un lieu de naissance ou de passage, Brel, son pays, c'est le nomadisme. 

Brel ne cherche ni la raison, ni à avoir raison, il n'est pas celui qui apporte la vérité, il est l'être qui s'écoute et cherche à s'entendre intimement avec soi. Ceci est aussi rare qu'un edelweiss en plaine. Les êtres, en général, ont d'abord pour eux-mêmes du ressentiment. Les êtres, le plus souvent, sont d'abord déçus par eux-mêmes. Dans l'oeuvre, Brel, - même s'il n'est évidemment pas épargné par les illusions, les mirages, les mythes -, fait tout, beaucoup pour n'avoir pas à rougir de ce qu'il est. Insoutenable exigence qui le conduit à renoncer, en pleine gloire, au tour de chant, "pour ne pas se répéter, ne pas tricher". 

Brel aussi, Brel le détersif, c'est le toubib qui met le doigt dans la plaie, non pour vérifier son existence, mais pour qu'on la sache, pour qu'on l'éprouve. Il vient faire traîner son accent sur les choses douloureuses, son accent abrasif qui vient relancer la lancinance, lui donner un tour d'écrou. Brel est en tout généreux, il donne sans compter. Il vient piétiner tes remords, tes faiblesses, les siennes aussi, sous ton nez, à ta barbe, il vient postillonner son dépit au visage de l'homme prudent, lâche, assis, recroquevillé. On juge alors que c'est un frère ou un démon de candeur. 

a brel.jpgBrel l'amoureux, l'amant, c'est une calamité en Eldorado. Il adore, il est laissé. Il est au paradis avec vue sur la géhenne. Il est en enfer et se souvient d'Eden. Ah ! les femmes, indispensables causes de son malheur. Les femmes prennent et abandonnent. Des mantes. Des prédatrices. Elles nidifient et embringuent l'homme dans de bas projets de perpétuation. Méchantes, déchirantes, irrésistibles. Une maladie sur laquelle l'auteur se rue infatigablement. Oh, il aime sans compter, il n'a pas peur de la grandeur, il rend la bassesse amoureuse retentissante et somptueuse, déchirante, son formidable expressionnisme flamand se roule formidablement dans l'infidélité des femmes. Dans leur inconstance. Il troue le pathos, il va plus loin, plus profond, plus vrai. L'homme brellien, - amoureux, ami, vieil enfant, filou - est radicalement tragique. Même le rire de Brel, par le chemin du grincement, est tragique. En amour, comme en tout ce qu'il aborde, Brel est peintre, cinéaste déjà. Les chansons de Brel sont aussi des prodiges de mise en scène. Brel est un poète savant, précis, précieux, sa sensibilité rare est servie par une rare qualité d'écriture. Brel a foi en la poésie, elle l'habite, elle le fonde, elle le porte, elle met le monde à sa portée. Brel aime les femmes, qu'il prétend ne pas comprendre. Son oeuvre sent la femme. Elle sent furieusement bon la femme. Brel, dans l'oeuvre, est un avide, un vorace, un insatiable de la femme. Même en interview, quand il déconne sur la femme, c'est avec superbe, avec conviction, avec une humilité solaire. A la chanson de Brel, la femme est son sujet de prédilection, c'est son graal. La chanson de Brel gravite autour de la planète femme. On écoute Brel, l'oeuvre chanté, et on se tourne vers les femmes, le mystère n'est pas intact, il est attisé, intensifié, pantelant. La maladie d'amour brellienne a le souffle d'un hercule en pleine santé.

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FERNAND
http://www.youtube.com/watch?v=Fi3SwiwsKL4
LES FENÊTRES
http://www.youtube.com/watch?v=KkJJDbBTxto 
JE SUIS UN SOIR D’ÉTÉ
http://www.youtube.com/watch?v=TdRY5I1lnVA
IL NEIGE SUR LIÈGE
http://www.youtube.com/watch?v=dCX9n8jJiMc 
AVEC ÉLÉGANCE
http://www.youtube.com/watch?v=80pyAFz_4MQ 
L'ECLUSIER
http://www.youtube.com/watch?v=0E9lp5y6jE8

Transcription 2

Quand j'évoque l'oeuvre, il me vient à l'esprit que les chefs-d'oeuvre abondent. Les lieux de très haute densité émotionnelle mais aussi les chansons où l'écriture poétique culmine. Non pas dans l'observance des lois de la métrique mais dans la splendeur de l'imagier, dans l' intensité évocatoire, dans le sens de la tournure et dans la formulation riche. Dans le néologisme poétique. 

a brel cc.jpgBrel est un acteur, à la scène, il joue sa chanson. Il la joue, entendons-nous, comme on joue sa vie. Il l'accompagne, il l'enlumine de gestes, il scintille par les yeux, par l'émail des dents. Il transpire sa chanson par tous les pores, il est proche sans cesse de l'implosion. Brel vit son art de tout son corps et de toute son âme. Cette totalité est confondante et unique. Hallucinante. Sur scène, où il atteint à la fièvre, Brel achève sa chanson. Non qu'elle soit incomplète ou qu'elle ait besoin de quelque secours pour devenir audible. Certes non. L'écriture brellienne est souvent en majesté. Mais la signature de Brel, c'est ça, une écriture au-dessus du lot, une interprétation en écho avec cette excellence. C'est de la folie, aussi, bien sûr. Une totale et sublime absence de mesure. Brel incarne sa chanson. Elle lui sort, elle lui jaillit du visage, du coffre, des bras. La convulsion écrite est rejointe par la convulsion physique. Je crois profondément que ceci advient sans calcul. Le pas, les bonds, les crispations, les écartèlements, les contractions, la danse de ce marabout unique sont des moyens spontanés par lesquels le corps qui dit et chante s'accorde à l'esprit qui a écrit et qui brûle encore, qui est encore en combustion. Il n'y a pas d'équivalent sur scène, il n'y en a pas eu, il n'y en aura pas. Et d'une certaine façon, je crois que la prestation scénique de Brel a dévasté l'univers du music-hall et ébloui, disons-le, un grand nombre de musiciens dans le monde du rock. Après le passage sur scène de cet Attila, la moquette ne repousse pas, l'espace est déserté. Celui qui suit à l'air d'un poteau indicateur ou d'un singe qui gesticule. Ou alors, il y a Brassens, bien sûr, cette sérénité timide, cette carrure de chêne. Mais Brel a marqué l'espace scénique, il l'a rempli. Il continue à le hanter, à l'habiter, même. 

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REGARDE BIEN PETIT
http://www.youtube.com/watch?v=jYAP_tUl0DQ
LA VILLE S'ENDORMAIT
http://www.youtube.com/watch?v=9LlLUlkbMuM
LA FANETTE
http://www.youtube.com/watch?v=NCMm0KvgZnc
MATHILDE
http://www.youtube.com/watch?v=RMFFK4av-D4
CES GENS-LÀ
http://www.youtube.com/watch?v=RMFFK4av-D4
 
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Ci contre: Brel par Robert Varlez 

TRANSCRIPTION 3

Lorsque Brel, - l'homme qui se fait navigateur et aviateur, homme qui, au demeurant, reste tout à fait auteur -, prend le départ pour le tour du monde, le dernier voyage, c'est avec une femme qu'il se met en route, avec la belle Madly. C'est avec une femme qu'il tente cette ultime aventure du ciel, de l'eau, de l'île et de la chanson. Pas de Brel sans femme.

Je pense, ces derniers temps, à l'abondance de textes admirables que l'on doit au grand Jacques. Je passerais des heures, des jours, à transcrire tout ce qui m'exalte dans cette écriture et dans cette vision et dans cette manière. En vérité, - la mienne, bien sûr, toute relative et à moitie humble et à moitié orgueilleuse -, il n'y a pas une seule chanson, dès que Brel devient Brel (dès que s'estompe l'époque de l'abbé Brel), qui ne soit au moins transcendée par une saillie poétique épatante., une sorcellerie des mots, une impression supérieurement fixée.

L'expressivité brellienne, phénoménale, éblouissante et qui semble un trait de génie dans la peinture du quotidien repose sur un pouvoir littéraire et poétique exorbitant. Brel est un auteur rare, habile, ami des livres.    

Sophie FAVRE - Sculptrice

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SOPHIE   FAVRE

Réinvention du charme

Sophie Favre est née en 1950 d’une mère céramiste et d’un père peintre et dessinateur. Elle a mené ses études aux Beaux-Arts à Paris. Elle sculpte (argile et bronze) et peint également. C’est une artiste qui jouit d’une réelle renommée et qui a accumulé les expositions à travers le monde.

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Au premier regard, - comme la terre de l’artiste -, vous êtes cuit. La statuette fait mouche. Quelque chose vous étreint le cœur, vous surprend, vous enchante, vous confronte à de l’inattendu, vous livre, à l’écart des prétentions démesurées et des leçons de choses, une nouvelle version des choses et du monde, tout cela en un clin d’œil. C’est imparable. Le bestiaire de Sophie Favre, de Favre-la-Sage, entre dans le monde de vos représentations du monde. Il tient la route, c’est un petit univers cohérent doué d’une réelle et troublante puissance évocatoire. Favre, la faiseuse et la sage ! (Intéressante synthèse, celui qui pense et qui agit, qui fabrique, qui œuvre avec les mains). Favre, la fabuliste, la poétesse. L’artiste, celle qui regarde et qui rend le monde dans une version inédite et charmante. Je veux dire : qui exerce un charme, carmen, chant magique, qui exprime une merveilleuse et ensorcelante  musique de l’âme. Voilà, en vrac, l’effet que produit sur moi, à l’instant de la première découverte, l’œuvre de Sophie Favre.

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Attention, le monde de Favre, s’il vous happe au premier contact, est un monde subtil, plein de nuances, qui ne se laisse pas épuiser par un premier regard. C’est un monde qui vous appelle et vous rappelle. Tout opère dans le travail de Favre, y compris son humilité. Et cette grâce étrange, ces singularités physiques touchantes et très à l’écart des canons de la beauté. Il y a là, au rendez-vous de cette sculpture atypique et captivante, un cocktail de poésie, d’humour aimable, de tragique (la muselière telle qu’elle est rendue atteint au tragique et fait songer aux chaînes de l’esclave ou du prisonnier), de sensibilité étourdissante et d’expressivité. D’humour ? Oui ! Avec des trouvailles qui me réjouissent comme cette épatante « Cénographie », remarquable tant par sa composition (12 rongeurs et convives attablés) que par son subtil intitulé.

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Le regard des êtres de Favre, leur formidable qualité de présence, leur affolante « humanité » (un fabuleux effet spéculaire) ou  cette façon qu’ils ont de nous remuer en profondeur, de nous émouvoir, de nous bouleverser ou de nous amuser qualifient et exhaussent cette œuvre passionnante dont la présence dans mon blog m’est la cause d’une grande joie. L’œuvre mène une longue et intelligente réflexion sur l’art de plaire, de retenir l’attention, de séduire, de suggérer, de toucher sans appartenir jamais au monde fermé et exclusif de la beauté homologuée.. La lente et géniale composition de cette Comédie animale dépasse de loin l'anecdote, le plaisant artisanat ou l'ouvrage aimable et fait irruption dans la catégorie des entreprises artistiques capables de contraindre ou d'aider l'homme à réfléchir et à reconsidérer sa condition. 

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Je vous recommande, en guise de premier lien, cet espace où découvrir son œuvre et le détail de sa biographie.  

http://www.galerie-audeladesapparences.com/pages/artiste.php?artiste=5&menu=sculpteurs&langue=fr

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Je me manifeste ce 6 novembre 2014

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Je memanifeste ce 6novembre 2014

 

Copie de DL Colaux portrait Lepage 2.jpgBelges de tout poil et de bonne volonté que le salissement de votre pays indispose :

 
Aujourd'hui et tant que la menace pèsera sur la marmite belge, dites non dans la rue, sur les toits, dans les greniers, les caves, sur les murs, par la fenêtre, dans l'eau, dans l'air, à la ville et à la scène, sur l'écritoire, urbi at orbi, le long des sentiers, dans les vergers, les champs, dans les quartiers, les squares, les magasins, les gratte-ciel et les sous-sols, en vélo, à pied, par le train, en carrosse, dans le métro, la bagnole, sur les murs virtuels, dans les espaces de parole, dans les lieux de silence, dans les églises et les maisons du peuple, devant les cimetières, sur les affiches, au pied des maternités et des maisons de repos, dites non sur les recueils de poèmes, les statues, les drapeaux, les livres d'école, les canards, les tracts et les papillons égarés en novembre, sur la mémoire des êtres et des choses, sur les erreurs et les lâchetés passées, dites non, soyez catégoriques, soyez différents, soyez distincts, soyez multiples, mais entendez-vous un instant autour de ce non salutaire.

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