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Elfriede Lhose-Wächtler

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 ELFRIEDE LOHSE-WÄCHTLER

a elfriede.jpgJ’avais découvert quelques œuvres de la peintre, des œuvres intrigantes, sauvages, brutales, réalisées dans un tracé puissant et sûr. J’avais senti là, dans un curieux mélange, s’affronter et coopérer une formidable vitalité et une terrible désespérance. J’ai subi le choc de ce grand carnaval de traits crus, de ce violent, libre et éclaboussant portrait de la société allemande en plein pourrissement et en plein désarroi. J’ai subi le choc de ce regard que l’artiste porte sur elle-même. Il y a de la fildefériste dans cette formidable artiste, un sang vigoureux, un talent nerveux, une poigne, des gouffres, le drame morbide de l’amour, l'oeil intraitable de la femme immergée dans le réel jusqu'au cou, l'oeil sensible de la femme immergée dans le réel jusqu'au cou, il y a dans son aventure la salubre et meurtrière haine des familles saines, la vie saturée de tabac, de gnole, de nuit, d’abandon, la merveilleuse et affolante revendication de la liberté et l’insupportable scandale d’une impardonnable mise à mort.

Elle est née en 1899 à Dresde. En 1915, elle entreprend des études artistiques dans sa ville natale à l’école des Arts décoratifs et appliqués. Elle prend également, comme étudiante libre, des cours de dessin et de peinture avec Otto Gussmann (peintre allemand et enseignant, 1869-1926) à l’Académie des Beaux-Arts de Dresde. En 1915, Elfriede entre en contact avec le cercle de Franz Pfemfert (écrivain, revuiste, homme politique de gauche – parti socialiste antinational, fondateur de la revue Die Aktion, 1879-1954 ), les dadaïstes berlinois, et, la plus décisive de ses démarches, avec le groupe de la Sécession de Dresde fondé, parmi d’autres, par Otto Dix (peintre expressionniste allemand, 1891-1960) et Conrad Felixmüller (peintre expressionniste allemand et militant communiste, 1897-1977). Elfriede prend en location un petit espace dans le studio dresdois de Felixmüller et commence à gagner sa vie comme illustratrice. Dix et Felixmüller présentent Elfriede à l’artiste et chanteur Kurt Lhose. Ils se marient en 1921. En 1925, le couple s’établit à Hambourg. Kurt trouve un emploi en tant que choriste. Le couple se sépare en 1926. La période créative la plus intense d’Elfriede correspond à sa période hambourgeoise. La plupart de ses travaux à l’huile, au pastel ou à l’aquarelle (vues de la ville, autoportraits, prostituées, et sujets relatifs à l’environnement de la classe ouvrière) ont été réalisés entre 1927 et 1931. En 1928, elle prend part à plusieurs expositions du mouvement « Neue Sachlichkeit » (Nouvelle Objectivité, 1918-1930 : mouvement artistique contestataire qui se fixe pour objectifs de montrer le réel dans sa crudité, sans fard, de créer une vision froide et cynique « entre jugement et constat » de la société allemande). A la suite d’une dépression nerveuse liée à la dégradation de son couple et à la période d’indigence qu’elle traverse, Elfriede est internée dans la clinique psychiatrique Hamburg-Friedrichsberg. C’est là qu’elle signe les «Friedrichsberger Köpfe » (les têtes des patients de Friedrichsberg), environ soixante dessins, études au pastel de tête et de corps des patients de la clinique. Après son rétablissement Elfriede expérimente une nouvelle phase d’intense production et en 1930 et 1931, et expose son travail dans différents endroits comme le prestigieux Kunsthalle de Hambourg. Survient une nouvelle détérioration de son état mental et Elfriede retourne au domicile parental à Dresde. Son père décide de son entrée dans l’Institut psychiatrique Arnsdorf où elle est diagnostiquée schizophrène. Au départ, Elfriede est autorisée à poursuivre ses travaux artistiques dans l’Institut. Dès que le parti nazi parvient au pouvoir en 1933, on la prie d’accepter une stérilisation volontaire ! Au début, l’ordurier parti fait mine d’exposer ses monstrueuses requêtes en soignant les formules. Elfriede refuse. En conséquence, on lui supprime ses « privilèges » et elle n’est plus autorisée à peindre ou à dessiner.

a elfriede 6.jpgEn 1935, elle est déclarée mentalement irresponsable, son mariage avec Lhose est annulé et elle est stérilisée de force dans le cadre du « programme d’eugénisme » du parti national-socialiste. Décrétée « art dégénéré » (Entartete Kunst) en 1937, l’œuvre d’Elfriede est en partie détruite. Ses œuvres exposées à la Galerie d’art de Hambourg et du musée d’Altona sont confisquées et probablement détruites, ainsi que la majorité de ses dessins d’Arnsdorf. Elfriede est une victime du nazisme qui, ayant cherché à anéantir son œuvre, l’exécute le 31 juillet ou le premier août 1940. Elle est assassinée dans une chambre à gaz à Pirma-Sonnenschein, dans le cadre du programme national-socialiste d’euthanasie «Aktion T4».

Aujourd’hui, plusieurs endroits, à Hambourg ou à Dresde, portent le souvenir d’Elfriede Lhose-Wächtler et son œuvre est souvent exposée. Une association pour la promotion de son art est fondée en 1994. Une monographie lui est consacrée en 1996 par Georg Reinhardt. Depuis 1991, les expositions se sont multipliées. L’établissement de Pirma-Sonnenschein possède désormais une exposition permanente consacrée à son œuvre et à sa vie. On se rendra ici pour découvrir d’autres œuvres de l’expressionniste allemande :

http://www.fembio.org/english/biography.php/woman/biography/elfriede-lohse-waechtler/

http://weimarart.blogspot.be/2010/07/elfriede-lohse-wachtler.html

Sources :

http://www.lohse-waechtler.eu

http://fr.wikipedia.org/wiki/Elfriede_Lohse-W%C3%A4chtler

http://weimarart.blogspot.com/2010/07/elfriede-lohse-wachtler.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle_Objectivit%C3%A9

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Edwige Blanchatte

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E D W I G E   B L A N C H A T T E

un sidérant champ d'edwiges

http://www.edwigeblanchatte.odexpo.com/
http://www.odexpo.com/profil-artiste.asp?id=4645
https://www.facebook.com/edwige.blanchatte

Ce qu'elle nous apprend sur elle :

a ed c.jpgJe sais peu de choses sur cette artiste. Blanchatte est diplômée de l'Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg. Elle y a été l'élève de Frank Wolhfahrt. J'ai sous les yeux, prélevées dans son espace, quelques-unes des déclarations de l'artiste. "Mon travail questionne l'autoportrait, le miroir et ses doubles. Je cherche ... non pas la ressemblance mais la vérité des instants que j'occupe. Je cherche à me saisir, à m'embrasser, pour comprendre mon existence. Et les autoportraits se multiplient, le portrait de ma vie se précise de jour en jour. J'extrais tous ces doubles du miroir, un par un, ils viennent peupler notre espace et témoigner de ma présence. Chacun est différent, chacun dans son monde, chacun issu de la fraîcheur d'un instant, le temps de composer entre eau, couleur et humeur. Ils sont là, silencieux, nous invitant, les yeux dans les yeux, à les traverser du regard pour les rejoindre dans l'infinité de leur monde. Mes peintures sont alors le fruit d'une rencontre entre notre monde et celui du miroir, confrontation en surface de deux espaces infinis où l'autoportrait fait passage."

Ce que nous pensons d'elle :

a ed aaa.jpgBlanchatte tutoie dans son art pictural le vertige d'être et, plus exactement, les vertiges successifs d'être. A travers l'autoportrait, elle fait, - dans la multiplicité du moi, dans ses fragments unis et incohérents, liés et autonomes -, le portrait de sa vie. Peindre, c'est se comprendre, se prendre avec soi, se saisir, faire corps avec soi, s'embrasser dans son unité et dans sa diaspora intime. Se peindre, c'est l'aventure de la perception de sa propre présence au monde. Se peindre n'est pas composer une image ressemblante, c'est dire la vérité d'un instant que l'artiste occupe. Il y a course, -mais une course exaltée, passionnée, une quête au galop -, vers le peuple que compose l'individu, il y a, sous une forme haletante, fiévreuse, une aventure d'approche et de représentation de la forme fuyante, multiple, variable de l'être. L'être est une galaxie, un ensemble de planètes, il est à la fois la galaxie et chacune des planètes qui la constitue. Chez Blanchatte, il est parfois tellement cette planète, cet élément distingué du tout, que la tête de l'artiste se dégage du corps et trône comme un soleil sur matin de printemps, une lune sur une nuit d'hiver. 

a ed bbb.jpgLes autoportraits de Blanchatte sont jumeaux et dissemblables. Une chose fixe leur parenté : la puissante, l'hallucinante, l'insoutenable intensité du regard. Je ne sais à peu près rien d'aussi affolant : ces yeux immenses, solides et liquides, traversiers, célestes et démoniaques, puissants, dangereux et irrésistibles. Ce sont des yeux qui concentrent une puissance de chant, de feu, d'ensorcellement, de volonté exorbitante. Ils ont un pouvoir d'affirmation. Par eux, l'artiste s'ancre dans le monde, y faire luire sa présence. Ce sont des astres majeurs de la galaxie de l'être. Dans la diversité de la représentation, ces yeux établissent une constance. Cette prédominance des yeux, cette célébration du regard, c'est aussi la consécration de la discipline artistique. Dans l'affirmation existentielle, ceci s'impose : je suis peintre. Et ce regard extraordinaire, c'est celui qui cherche à déceler le portrait de la vie. Ce regard-phare, pluie, ciel, joyau, diamant, fièvre, diable, c'est un chercheur de la vérité fugace, changeante, un chercheur de ces vérités successives qui fondent un être. C'est un regard qui va détecter l'être dans son théâtre, sur son damier, dans son arbre perché. L'autoportrait de Blanchatte est aussi une sorte de laboratoire de poésie visuelle expérimentale : essayons, semble-t-elle se dire, à l'être l'habit de ses phantasmes, de ses hantises, de ses rêves, de ses angoisses, de ses songes. L'autoportrait devient portrait du monde, portrait d'humanité comme si la quête existentielle intime que mène l'artiste recoupait le chemin initiatique de tout être, rejoignait le péril et le délice que c'est pour chacun d'exister. 

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Nous n'en sommes qu'à une approche de l'oeuvre. C'est un début. Il faudra que j'y revienne et que je regarde de plus près la sculpture étonnante de Blanchatte. Je tenterai aussi d'interviewer l'artiste.

a ed a.JPGMais dans cet art figuratif où l'expressionnisme emboutit le surréalisme, ce qui me submerge, m'épate, me transporte, c'est la puissance, c'est, dans cet art féminin, cette façon de toréer avec la vie, de charger son pinceau de tonnerre, d'énergie et de volonté. Cette débordante, cette inhabituelle, cette exorbitante déclaration de vie et de présence me renversent et me sidèrent. C'est un immense bouleversement, une affirmation considérable. Et, à mes yeux éblouis, ce sidérant champ d'edwiges, c'est nous. Nous à qui Blanchatte l'artiste rappelle que ne sommes pas encore circonscrits, définis, résolus, mis en cage dans une représentation arrêtée. Blanchatte nous remet aussi ceci en mémoire : le lien qui relie sans les entraver le mouvement et l'émotion. Il y a là un grand, un vigoureux poème à la liberté. Il y a l'être remis au centre de la scène et chanté, montré, affirmé comme insaisissable. Et l'exploit faramineux de pincer, de saisir, oeuvre après oeuvre, une facette de l'insaisissable. La galerie qui, au soir de la vie de l'artiste, exposera toutes ses œuvres pourra afficher : Autoportrait d'Edwige Blanchatte. Dans cette attente sans impatience, j'admire, épaté, abasourdi, exalté, chacun des prodigieux états de ce portrait d'une vie. Dans le ressassement (toujours nouveau !), dans la répétition (investie de trouvailles !) dans la quête inépuisable de soi et du monde, l'incomparable Blanchatte me fait penser à l'incomparable Kahlo.

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Camille la Bulle - Trésors découverts (22)

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CA MILLE (LA BULLE)

Les beaux oxygènes de la Bulle

http://camilleart.e-monsite.com/

https://www.facebook.com/camille.labulle

a ca a.jpgQui est cette fille, cette artiste, s’irise-t-elle à la lumière, qui l’a soufflée, d’où vient-elle, que fait-elle, dans quelle bande dessinée paraît-elle, dans quelle flûte siffle-t-elle, comment est-elle devenue ce qu’elle est aujourd’hui ? Soumise au feu ardent (et pacifique) de nos questions, elle consent à s’expliquer.

« Née à Evreux en 1983. Je suis élevée par ma maman dans un quartier hlm. Aussi loin que je m'en souvienne, dès ma plus tendre enfance, je n'ai jamais arrêté de dessiner et de créer. Un de mes objets favoris... un vieux tournevis avec un joli manche en bois…j'aimais monter, démonter, rafistoler... Enfant timide, introvertie, hypersensible et rêveuse... A l'adolescence (très très chaotique), je planque ma timidité et sors de mes gongs!!!!  Je deviens grande gueule, à hurler après toutes les injustices!!! Je cherche mes limites......et... je perds un ami......depuis la mort est quelque chose qui me poursuit....me fascine, mais m'angoisse. Ce fut une période très très chaotique dans ma petite vie, car je prends conscience que nous ne sommes évidemment pas grand chose.... Je commence à gouter à quelques excès de la vie, je me cherche..... Puis je me forme aux métiers de la Céramique, avec des céramistes de Haute-Normandie, à partir de 2003. Ce fut une révélation.....apprivoiser l'argile.....apprendre la patience.. En 2006, je m'installe en Auvergne, où j'y découvre une argile locale, l'argile de Grizols. L'envie de sculpter et de reproduire tout ce qui me passionne se fait de plus en plus imposante. Je vais également m'essayer à la peinture, mélangeant les médiums entre eux. Je réalise des travaux sur papier, sur toile, sur bois, sur tout ce que je récupère (déchets publicitaires). Je travaille en « techniques mixtes », collages, peinture, dessin, ....où des éléments humains de publicité, que je sculpte, mêle entre eux, pour créer les personnages de mon imaginaire, se retrouvent en collages, rehaussés à la peinture. »

a ca 1.jpgOui, de suite, cette aérienne et rare demoiselle la Bulle (qui a étudié à l’école buissonnière de la vie), par la manière dont elle se décline, nous est sympathique et nous touche. Deux ou trois choses, davantage, nous ont immédiatement, à la consultation des éléments de sa production, sauté aux yeux et aux méninges : la citoyenne la Bulle, si elle est fragile, n’est pas creuse du tout, elle a la coloquinte fourrée d’idées, de rêves, de nuages et d’images, Camille la Bulle est gonflée, elle pétille, c’est un soda bienfaisant, une blanquette exquise, elle est légère et ascensionnelle comme un aérostat, une abeille, un papillon, elle est lourde comme la peine et le chagrin réunis, elle vit en bohème dans le jardin fleuri de son esprit, elle a découvert sa vocation alors qu’elle zigzaguait un peu désespérément dans la vie, elle a du talent, un talent singulier et atypique, un talent qui a une plume remarquable au chapeau, un talent de squaw en quelque sorte, elle a quelque chose d’une squaw, elle fait des doigts d’honneur, elle a de beaux yeux d’un bleu qu’on voit à certains ciels, à certains dauphins, à certaines baies, elle est tragicomique, elle a un vrai sens de la création et de la récréation, elle sculpte et modèle de petites statuettes précieuses, de petits totems chargés d’âme, de poésie et de grâce, c’est une sorcière, une sourcière, une chamanesse, elle sait nager ou du moins elle flotte mais c’est peut-être, à sa manière, une nymphe des eaux, un hippocampe, une sirène auvergnate, dès qu’elle cesse de loucher ou de grimacer, elle est jolie, il y a de drôles de poissons dans ce bocal agité qui lui sert lieu de cafetière, elle a un poupon qu’elle chérit et qui est beau comme un cœur de pinson, elle porte parfois des lunettes solaires qui lui font une horrible tête de mouche carnivore, elle s’est installée en Auvergne mais n’a fait commerce ni du charbon ni du vin ni ne s’est laissé pousser la moustache, elle a un masque qui lui permet de tenir tête aux gaz lacrymogènes, elle est douée pour la tendresse et l’effronterie, elle est plus tendre qu’effrontée sans doute, elle est effrontée quand même, elle est humble et inventive, elle a le sens de l’image, de la composition, derrière la simagrée et le pied de nez, elle a une ligne esthétique, un vrai savoir-faire, une élégance, elle est humble et bienveillante, elle est assise sur la charge explosive de sa sensibilité. Ce peintre avec colle et ciseaux est à l’aube d’une carrière, je crois.

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Ayin de Sela

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La très belle Ayin de Sela dans un magnifique exercice d'équilibre. Ce numéro a la beauté d'un songe. Un ange passe et laisse un peu de poudre de grâce. Merveilleux poème de gestes. Les photographies sont de Myriam de Sela.

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Arita chante et enregistre Lhasa

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ARITA chante et enregistre LHASA

Découvrez le projet d'un album public que l'excellent groupe de Nancy veut consacrer à Lhasa. Consultez le lien sous l'affiche. 

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http://fr.ulule.com/arita-album/

Sur des œuvres d'Elisabeth Gore

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Peintures : Elisabeth Gore - Poèmes : Denys-Louis Colaux

LES SECRETS DE LA LITOTE

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Penché sur la vie sans miroir
la vie dispensée de miroir
assis dans le simple désir
d'approcher le goût fermé du mystère
je pressens d'un œil presque clos
d'un œil sensible à l'encens chaud de l'âme
ocre l'écorce soluble du temps
liquide l'huile effleurée d'un passage
du bleu descendu par le chas du sable
et pour vêtir l'instant
en guise de présence
ce signe que je prends
pour le rêve hanté d'une trace 

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Plus tard  très au large du temps
les oiseaux laissent
une aile minérale
un soupçon de parole
et le poinçon précis d'un saut
 
Plus tard
 à la paroi fantôme du vaisseau
les forçats de la vie
les passants bleus
les clairs hippocampes de la débâcle
et les gens un instant heureux
abandonnent gravés
transmis
les nuages emplis
de leurs intempéries secrètes
 
Et par un long fil d'équilibre
ce phylactère
vient s'amarrer
au papier où j'écris

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J'ai quelquefois rêvé
d'être un chasseur d'indices
un ramasseur de friselis
un passant enivré devant
la rumeur fraîche des lilas
 
Est-ce la nuit ?
non un trait de fusain 
 
Est-ce l'espace ?
non une ligne qui sinue
 
Est-ce du sang ?
non c'est la fresque fugitive
que font aux murs les fastes effacés
et les frissons qui leur survivent
 
Je suis très souvent parvenu
sur un destin conçu à mon échelle
à n'agripper
que l'ourlet du poème
à ne saisir
qu'une pincée des choses 

Sur des œuvres d'Elisabeth Gore (2/4)

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Peintures : Elisabeth Gore - Poèmes : Denys-Louis Colaux

LES SECRETS DE LA LITOTE

2/4

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Je me tiens dans le songe
des diagrammes amoureux
des astres frôlés des cailloux
dont la diaspora
tout le long du chemin
érige des ruines intimes
 
Je me tiens dans le songe
céleste des aérostats
des souliers de l'enfance
que le temps paisiblement leste
de sable
de poussière et de sang 
 
Je me tiens penché et je hèle
quelque chose qui me survole

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Ici

tout se méfie de l'évidence

Ce qui résiste à tout

c'est un automne fauve et plein

qu'habite en filigrane

le murmure 

 

Avec Elisabeth Gore (3/4)

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Peintures : Elisabeth Gore - Poèmes : Denys-Louis Colaux

LES SECRETS DE LA LITOTE

3/4

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Nos vies sont traversées
divisées d'eau
de sang
tranchées
au fil ténu de l'impossible
 
De fins ourlets de jour
insistent dans la nuit
et la frontière se délaie
très au-delà de son symbole
 
Dans la vie telle
que je l'éprouve
rien ne consent
à n'être que visible
à n'être que précis
 
Et j'aimerais
que mon destin
comme les pas d'un fou
mené par le goût de danser
n'eût pas de sens

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 Elisabeth
en rêvant avec vos tableaux
je songe que
j'ai atteint l'âge
de cinquante-cinq ans
et je souhaite désormais
devenir un fossile
d'oubli
l'eau plutôt que le parapluie
un épi de blé périssable
tremblé au vent
avec son songe de farine
et de pain blanc
perdu
 
Elisabeth
en parlant avec vos tableaux
je me vois devant l'étang de ma vie
que signent
des fleurs d'or et de miel
des larmes de rouille
le clair fantôme d'une barque
un naufrage de poche
l'écho d'un ahan de rameur
et des frissons sur l'eau gémie
presque apaisée
alors je songe
à cet insecte que je suis
vrai gravier de montagne
pur copeau dans la canopée
petite lettre
debout
au pied de la bibliothèque
 
Elisabeth
en faisant silence avec vos tableaux
j'erre un instant
présent et déchiré
entre fœtus scaphandrier
naufragé sur son nénuphar
entre cerceau
bulle de la légende
long clou acéré du réel
Et dans le nid du poème j'installe
le vol de l’œuf
menacé par
les stalagmites amoureux
 
Elisabeth
je me tiens au hublot
par quoi vos tableaux m'apparaissent
comme des terres
défrichées par
l'appétit d'exister

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Avec Elisabeth Gore (4/4)

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Peintures : Elisabeth Gore - Poèmes : Denys-Louis Colaux

LES SECRETS DE LA LITOTE

4/4

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Le peu suffit à nous dire
le peu et ses nuances de beige
ses nuances au ciel
de nuages d'argile
 
Le peu
va lentement
portant
à son épaule
sa lyre blanche
d'homme déjà réconcilié
avec la victoire sur l'étincelle
de la poussière
 
oui la poussière
petite soie défaite
soulevant derrière elle
la vanité des ornements
 
oui la poussière
tiède et sensible
sous quoi couve déjà
l’œuf qu'une plume
et un poème
approchent

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Oui je m'en irai cueillir 
cueillir ou ramasser
des crêpes de soleil
que je tamiserai
au lait froid des étoiles
des étoiles ou des lucioles
 
oui je m'enivrerai
ou je pâlirai d'aise
aux lourds pétales du printemps
ses lourds pétales
ou son herbier
 
moi j'aurai tout le vent
la gorge large
de tous les vents
la descente des fleuves
la poussée violente
des eaux épaisses
j'aurai 
le foyer ardent
des astres
chacun de leur globe affolé
sur la mèche de mon quinquet
mon quinquet ou mon allumette

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Dans ma pelouse cernée d'oies
de geais et de ronciers
le sable dort
dans son bras replié
et la mer attirée
jette de la salive
et des pétales d'encre
derrière les bouleaux
 
Devant la haie
une hase se roule
dans un gros chiffon d'herbe
comme tantôt la lune rousse
sur les torchis de l'horizon
 
Le haut le bas
dans mon champ de vision
ont eu des gestes similaires

Le premier livre de Marie-Pierre Manecy

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LE LIVRE DE MARIE-PIERRE MANECY

Histoire de pilons à l'île de la Réunion   Epsilon Editions

Pour découvrir l'ouvrage, consultez ces différents liens ou ce beau clip sur youtube.

https://www.facebook.com/histoiresdepilons?pnref=story
https://www.youtube.com/watch?v=efx-QujtyXQ&feature=youtu.be
https://www.facebook.com/epsiloneditions/photos_stream
 
COMMANDER L'OUVRAGE:
 http://epsiloneditions.com/histoires-de-pilon.html
 
Texte et photos : Marie-Pierre Manecy - 136 pages - 28 X 21,5 cm - 965 gr - 2e trimestre 2015 - 29 €

Histoire de pilons est le fruit d'un projet mené par Marie-Perre Manecy auprès de Réunionnais(e)s pour comprendre la place de cet objet à la fois usuel et si symbolique. C'est l'occasion d'une somptueuse suite de photographies chargées d'âme, empreintes de cette poésie chaleureuse, de cet art de la rencontre et de cette humanité si présentes dans l'oeuvre de la photographe. C'est l'occasion pour elle de nous faire comprendre comment un objet utilitaire et quotidien peut acquérir la dignité d'un objet d'art, d'une présence et comment il conte une histoire. On prend conscience de la magie sociale de l'objet, de son pouvoir symbolique, des traditions et des habitudes culinaires qu'il ancre dans la vie de cette île de l'océan Indien. Le pilon et son kalou nous font entendre que la cuisine insulaire ne nourrit pas que le corps. C'est un peu l'âme de cet objet inanimé que les superbes photographies de Marie-Pierre Manecy nous font découvrir. Curieuse, patiente, respectueuse et généreuse, elle prend le temps, elle apprivoise, elle découvre, elle apprécie et partage tellement bien ses découvertes, elle nous adresse comme un présent amical un peu des parfums, des traditions, des fantômes, des croyances, des goûts et des épices de la vie que les insulaires ont partagé avec elle. Tout frémit comme des valeurs éternelles quand on sait qu'aujourd'hui l'éternel est menacé à tout coin de mémoire. Tout vacille comme la précieuse flamme de l'âtre. Comme toujours chez Marie-Pierre Manecy, le sujet, c'est l'être, la quête de l'être, la relation avec lui, l'approche de ce qu'il est, de la place qu'il occupe parmi les siens et du chemin qu'il a parcouru. Et ce pilon, objet, bien sûr, morceau de matière, outil, elle sait et révèle que c'est aussi un élément du langage, un signe de la vie et de l'histoire. Marie-Pierre Manecy va écouter parler les mounes, elle va recueillir leurs précieuses paroles, leurs histoires menacées d'estompement et de disparition.

Ces pilons, nous dit la préface de Manecy, racontent une histoire. Des histoires, au cœur du foyer, de la famille, ils sont le témoin discret du mode de vie de nombreux Réunionnais. D'hier à aujourd'hui, ils constituent un symbole fort de transmission. 

L'auteur évoque son projet

a mpm.jpgLe point de départ du livre, explique Marie-Pierre Manecy, a été la rencontre avec Ghislaine Rivière, grand-mère d'une amie, qui est venue me former à la cuisine réunionnaise avec son pilon lors de mon installation sur l'île en 2006 et qui m' a fait découvrir l'objet en me disant : "Tu as vu mon pilon comme il est creusé ? Il est beau, non ?" Le pilon avait été fait, continue Marie-Pierre Manecy, par son époux décédé six mois auparavant. Cet épisode m'a marqué et j'ai voulu en 2012 comprendre pourquoi elle était si fière et quelle place le pilon occupe réellement dans la société réunionnaise. J'ai commencé en mai 2012 à parcourir l'île au hasard des rencontres, à suivre la fumée le matin pour discuter avec les gramounes (vieilles personnes) qui cuisinaient au feu de bois. Ce sont trois ans de ma vie. J'ai échangé très tôt avec Laurence Tibère, anthropologue réunionnaise aujourd'hui installée en Malaisie. Elle avait travaillé sur la construction de l'identité réunionnaise au travers de la cuisine. Elle a été intéressée par ma démarche, m'a vision et m'a rédigé une lettre de soutien pour une demande de financement (aide à l'édition). Elle s'est engagée à relire le livre et à assurer le contrôle des éléments anthropologiques intégrés. Je n'ai rien trouvé ici, dit Marie-Pierre Manecy, comme étude ou recherche sur cet objet au combien important. Il est tellement anodin dans les cuisines a priori lais chaque fois que l'on demande à quelqu'un d'où vient son pilon, une histoire se cache derrière. Les 14 rencontres sonores présentées en fin de livre sont mises en ligne sur un site web dédié. Ce sont des extraits des 35 interviews menées dans le cadre de cette enquête.

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Voici venir (8 juin 2015)

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VOICI VENIR

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                                        Pieter Claesz

Il s’en faut quelquefois
d’une aile d’un couteau
pour que ce pouls en toi
suffoque et se noie
pour que cette lanterne
s’éteigne

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                      Sylvie Cairon

Elle n’aura ni regard ni seins ni parfum
son âme sera froide
comme un galet l’hiver
il faudra pourtant bien
baiser sa bouche
d’oiseau assis dans son fossile

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                Félicien Rops 

A présent asseyez la mort
parmi
les absences qui m’accompagnent
mettez
dans l’âtre de la nuit
une bûche de vers

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                                      Edvard Munch

Il faut au soir
au tout dernier instant
changer le cheval de sa vie
et  la charge à son flanc
en cendre d’hippocampe
au vent

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                                              Otto Dix

Assis sur la frontière hésitant  et curieux
peut-être qu’on  entend
l’archet de Sophie Watillon
glisser sur l’eau  lente de l’aube
ou le silence ouvrir
sa bouche de fontaine aride

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                                       Egon Schiele

Ne tombez pas sans emporter
le doux d’un bas de soie
l’illustre d’un baiser d’amour
le sentiment d’avoir manqué
un long chapelet de vrais trains
l’appel d’un enfant dans la nuit

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                                        Jean Rustin

Dans l’envoûtant parfum
de l’herbe
couchée
qui se fait foin
à la carrure du soleil
je songe à ton cercueil

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                   Moché Kohen

Que peu de choses soient écrites
encore
Villon Labé Rimbaud
nous faisons repasser la faim

Participation à la collection ARTE PRIMA de JFE

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Jacques Flament Editeur - Collection ARTE PRIMA

La collection, - à laquelle je collabore en signant des notices et/ou des présentations d'artistes - , a pour objet de présenter des artistes de talent (peintres, sculpteurs, photographes) qui apparaissent sur la scène française ou internationale et dont le travail est suffisant pour faire l'objet d'une monographie cohérente et de qualité.

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http://www.jacquesflamenteditions.com/ap-002-sylvie-cairon/

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http://www.jacquesflamenteditions.com/ap-001-anna-maria-cutolo/

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http://www.jacquesflamenteditions.com/ap-003-lephilipponnat/

Gradisca, ti amo talmente, sei una stella meravigliosa

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M  A  G  A  L  I      N  O  Ë  L

vous êtes intelligente, savoureuse, talentueuse, libre, astrale, belle et éternelle.

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Juin s'assombrit sous l'ombre de cette nouvelle. Juin s’alanguit. Un chagrin lourd d'orage me vient. Magali la sublime, la Fellinienne, l'interprète de Vian, Magali la somptueuse a mis les voiles, couvrant d'absence son merveilleux corps astral, sa malice irrésistible, son éblouissante présence, son talent délectable, sa voix de môme délurée et douée. Une déesse terrestre quitte mon petit panthéon pour entrer en apesanteur, en alizé, en parfum. Cette nuit, je regarderai Amarcord. Ma veillée. 

A la fin du film Amarcord (Je me souviens), la belle Gradisca, splendeur convoitée par tous, s'est mariée avec un vilain carabinier un peu gras et déplumé. Au terme du banquet, après la photographie des mariés, elle pleure, elle envoie des baisers, elle jette son gros bouquet de fleurs. Les adolescents ont dansé et joué pour elle. A présent, ils s'émeuvent, l'heure de la séparation est douloureuse, ils courent désespérément derrière la voiture qui emmène la belle. Sans rire, je cours un peu, moi aussi, derrière la voiture qui emmène Magali Noël. 

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https://www.youtube.com/watch?v=4mCnXEjahg0
https://www.youtube.com/watch?v=7GgZXsg0TwI
https://www.youtube.com/watch?v=GoYzUvIERbI
https://www.youtube.com/watch?v=tKUNe2zbJAI&list=PLQTIMKFMnu8T5djmwkwuaEqeaQwxpKNPG&index=3
https://www.youtube.com/watch?v=lyvuzZdybOc&index=4&list=PLQTIMKFMnu8T5djmwkwuaEqeaQwxpKNPG
https://www.youtube.com/watch?v=ktFLJf4YCgg&list=PLQTIMKFMnu8T5djmwkwuaEqeaQwxpKNPG&index=5
https://www.youtube.com/watch?v=xNMNKAk-xEg&list=PLQTIMKFMnu8T5djmwkwuaEqeaQwxpKNPG&index=7
https://www.youtube.com/watch?v=fay4w5625AQ&list=PLQTIMKFMnu8T5djmwkwuaEqeaQwxpKNPG&index=15
https://www.youtube.com/watch?v=pLxDAxDX1zo&index=19&list=PLQTIMKFMnu8T5djmwkwuaEqeaQwxpKNPG
https://www.youtube.com/watch?v=3DZdLN0nr_4&list=PLQTIMKFMnu8T5djmwkwuaEqeaQwxpKNPG&index=21
https://www.youtube.com/watch?v=pH_66h2kjds&index=22&list=PLQTIMKFMnu8T5djmwkwuaEqeaQwxpKNPG
INTERVIEW de MAGALI NOEL à 80 ANS
https://www.youtube.com/watch?v=fn4RNJuWaEw&index=14&list=PLQTIMKFMnu8T5djmwkwuaEqeaQwxpKNPG

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Avec Andreas Vanpoucke

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Pointe sèche : Andreas Vanpoucke - Poème : Denys-Louis Colaux

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ART POÉTIQUE

Respire
mange des fraises
caresse
des seins un corps
des métaphores
écris
la danse de tes élégies
divertis-toi
car un instant un seul
de lucidité lourde
t'inviterait
à sauter dans le paradis du vide

La Pharaonne (avec Sam Sam)

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Avec pour astre mon amie la belle Sam Sam que je salue et remercie très vivement. Ses photographies sont reproduites avec son autorisation. Elles sont extraites de son espace personnel (photos de profil):

https://www.facebook.com/photo.php?fbid=1661010777476862&set=a.1374315362813073.1073741825.100007038660197&type=1&theater

Toutes ces photographies appartiennent à leurs auteurs. A ce superbe album ont contribué Artefact Usw, Laamari Nacera, Arthy Mad, Leila Daquin et Sam Sam elle-même.

Poèmes : Denys-Louis Colaux

Avec la musique de Marin Marais : https://www.youtube.com/watch?v=XXnwKlDvvAk

L  A     P  H  A  R  A  O  N  N  E

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A P R È S    E L L E
 
1.
 
Après
la valse est lasse et la valise lourde
et le chemin n’entre plus nulle part
l’âme sait désormais
le poids qui leste son épaule
 
2.
 
Après
l’étoile est pâle dans la flaque
le ciel perd son odeur d’encens
très doucement tout se délaie
et l’encre de la pluie
écrit des lettres
que personne ne lit
 
3.
 
Après
les trains très loin
audibles seulement
par leurs appels désespérés
descendent sans nous vers le sud
quand tout en haut
vers le sommet de la colline
le cimetière des licornes
 nous hèle
 
4.
 
Après
le grand Nègre qu’on est
s’avance tout nu dans la neige
le lait chaud de ses songes
lève un peu de vapeur encore
et s’absente dans l’aube
 
5.
 
Après
le Gitan de qui l’aile
laisse un moignon à notre épaule
s’assoit dans l’herbe du fossé
et  regarde verser
l’épave de sa caravane
 
6.
 
Après
l’Inuit enseveli en nous
monte s’asseoir parmi les ombres
et le charbon bleu de sa vie
s’allonge sous les litres noires
puis s’endort au verso du rêve
 
7.
 
Après
le cœur est presque nu
le cœur reste tenu
dans un cercle de cœurs
car avec le vinaigre
l’éponge du cœur absorbait
l’âme mêlée de sang
des bien-aimés
 
8.
 
Après
tout le lointain n’est plus qu’un drap
un oiseau noir occulte la fenêtre
la chambre penche
comme une chute d’échafaud
 
9.
 
Après
lorsque le silence a semé
sa belle blancheur inféconde
les indices et les gestes d’amour
-  leurs silhouettes 
comme des naufragés
s’en viennent battre la surface
des grosses eaux tumultueuses
qu’on laisse derrière soi

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M É M O I R E    D ' A I L E
 
1.
 
C'est il me semble
un piège pour soi-même
de chercher à glisser
les lucioles dans un bocal
de courir comme deux lièvres
le graal nocturne d'un visage
de lancer son lasso
dans un flot d'étincelles
à l'assaut des étoiles
 
Si le rêve c'était
de tenir en laisse toujours
le lent nuage de la pesanteur
 
Laisse la lune
sur la forêt où tu t'assois
passer comme le chant
sur l'échine du bruit
 
 
2.
 
Elle a un air de vigne sombre
désaltérée
au bleu clair de la pluie
 
Elle a un air de nuit
qui retient par leurs ailes
de longs filaments d'aube
 
Elle a pour trancher et unir
le proche et le lointain ouverts
l'oud et le luth étreints
 
3.
 
Allant
sous le lourd soleil d'août
il regardait la poutre du ciel bleu
ainsi qu'un homme résolu
le chêne
auquel il va se pendre

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P R I M A   D O N N A
 
quoi quel appel
repris au fond de quel écho
éteint au fond de quel vallon 
quoi quel oiseau
épanoui dans quel azur
crucifié sur quel horizon
 
non je ne sais rien à peu près
du long chemin de ses secrets
 
quoi quelle enfance
amarrée à quel estuaire
arrachée à quelle espérance
quoi quel poème
fécondé dans quel golfe d'encre
noyé sous quelle arche de pluie
 
non je ne sais rien à peu près
du long chemin de ses secrets
 
quoi quel parfum de fruit
nappé sur quel coulis de nuit
brûlé sur quel charbon ardent
quoi quelle neige
saupoudrée au chevet de quel rêve engourdi
assise sur le seuil de quel livre savant
 
non je ne sais rien à peu près
du long chemin de ses secrets

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L A   P E I N E   D E   S E S   Y E U X
 
Je m'assois à la table de ses yeux
 
Mettez à vos côtés lui dis-je
afin d'atténuer la force de l'aimant
pour en soutenir la vertu
mettez à vos côtés 
la mort
l'élan bleu des dauphins
la torsion noire des baleines
devant l'écran de la banquise
 
Parfumez vos cheveux lui dis-je
au chrême de vos rêves
rincez-les un instant
au lait stérile du réel
 
Pensez lui dis-je
que le rêve est serti
dans la bague du vrai
pourtant
le vitrail est sublime dans la nuit
 
Je m'étais assis à la table de ses yeux

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R E T A R D
 
Quand je suis arrivé devant la scène où elle dansait depuis une heure, je me suis débarrassé des oiseaux morts empêtrés dans ma tignasse, des livres engourdis dans ma poche, des siècles coagulés à la semelle de mes bottines et j'ai retrouvé, intact, glorieux et mortel, le désir de fumer.  

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Jean-Claude Bertrand

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 JEAN-CLAUDE BERTRAND

Artiste français né le 25 août 1948, il est diplômé de l'Ecole Nationale des Beaux-Arts de Nancy (1965-1970). Il a fait carrière dans la publicité pendant plus de vingt ans. Depuis 1997, il se consacre exclusivement à sa démarche artistique après le décès de sa première épouse. "Très sensible, explique-t-il, aux musiques d'improvisation, et plus particulièrement au jazz, j'ai tout d'abord décrypté cette richesse musicale. Puis, explorateur insatiable j'ai élargi ma palette à toute autre forme de musique, de voix, ainsi qu'à d'autres aventures sensorielles comme l'univers du parfum, de la gastronomie, du vin ..."

Voilà décidément une aventure artistique originale et fertile : l'art comme traduction d'une suite d'émotions sensorielles. Le pinceau comme sismographe de l'oenophile, du mélomane, de l'amateur de parfum. La peinture pour rendre visible une saveur, un agrément, un plaisir, un gamme de sensations. La peinture pour générer des correspondances. Jean-Claude Bertrand propose, d'une façon convaincante, la création comme mode de célébration et comme issue d'une transmutation alchimique de la musique, du parfum, de la vigne. 

http://www.bertrandjc.com/
https://www.facebook.com/bertrandjc.art/timeline

L'UNIVERS MUSICAL

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Composition n° 6 - 50 x 70 - 2013

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Lester Young 280 x 220 cm - 2000 - J'aime ses improvisations indomptables, son jeu fougueux, ses belles harmoniques de couleur 

Ecoutez Lester YOUNG

https://www.youtube.com/watch?v=bmZ5QkVtnHk
https://www.youtube.com/watch?v=R8cFxKVYC7A
https://www.youtube.com/watch?v=n2wr9FR-m70
https://www.youtube.com/watch?v=AxUvFBsLkdc

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Michel Petrucciani - 183 x 431 cm - 1999 - Peinture créée juste après avoir appris la disparition de Michel Petrucciani et réalisée sur des bandes irrégulières de bois évoquant la virtuosité de ce génie du piano et boulimique de la vie.

Ecoutez Michel PETRUCCIANI

https://www.youtube.com/watch?v=06_uCl_Bovs
https://www.youtube.com/watch?v=mdToC1fope8
https://www.youtube.com/watch?v=yoXdoV1IER4
https://www.youtube.com/watch?v=JAPWBcSeKds

L'UNIVERS DU VIN

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Sauterne Château d'Yquem 1969 - 120 x 190 x 4 cm - technique mixte 2014

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Cotes de Duras rouge Domaine de Ferrant Cuvée symphonique 2012 - 120 x 90 x 4 cm technique mixte sur toile 2014

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Haut Médoc Château Citran 2002 - 120 x 90 x 4 cm technique mixte sur toile 2014

L'UNIVERS DU PARFUM

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IRIS, parfum de Jacques Masraff - Technique mixte sur toile 80 x 80 cm 2014

Magalith et Myriam Lachman

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Poignant témoignage

des sœurs Lachman

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Château de Sorinne-la-Longue – Dimanche 28

avril – 16 heures – Exposition & Témoignage

Notice introductive

SAM_0592.JPGCet article est dédié à madame Geneviève Mossiat-Guillaume. Elle est au nombre des personnes qui, au sein de l’institution de Sorinne-la-Longue, ont pris en charge les fillettes Lachman et les vingt enfants juifs accueillis et dissimulés parmi la centaine d’enfants hébergés là.  En 1998, sous le numéro de dossier Yad Vachem 2153.2, Geneviève Mossiat-Guillaume est reconnue Juste parmi les nations. Sa fille cadette, présente dans l’assemblée ce dimanche 28 avril 2013, rythmait et ponctuait le débat. « Juste parmi les nations » (en hébreu : Hasid Ummot Ha-'Olam, littéralement « généreux des nations du monde ») est une expression du judaïsme tirée du Talmud (traité Baba Batra, 15 b). En 1953, l’assemblée législative de l’État d’Israël (la Knesset), en même temps qu’elle créait le Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem consacré aux victimes de la Shoah, décida d’honorer « les Justes parmi les nations qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs ». Le titre de Juste est décerné au nom de l’État d’Israël par le Mémorial de Yad VashemAu 1er janvier 2012, 24 355 Justes parmi les nations de 41 pays ont été honorés. En tout, les Justes ont sauvé des centaines de milliers de personnes. Il s’agit actuellement de la plus haute distinction honorifique délivrée par l’État d’Israël à des civils.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Juste_parmi_les_nations

Petites dédicaces musicales

Nuit et brouillard est une chanson d’hommage à toutes les victimes de la déportation. Elle est sortie en 1963. Jean Ferrat, - dont le père, juif, est mort en déportation à Auschwitz -, en est l’auteur, le compositeur et l’interprète. Cette chanson affirme un catégorique refus de l’oubli.

http://www.youtube.com/watch?v=GaHVBX6HPio&gl=BE

Peut-être aussi, grâce aux profonds et majestueux Chants juifs de la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton pouvons-nous méditer le témoignage de Magalith et Myriam Lachman.

http://www.youtube.com/watch?v=qz0TltO3uQ8

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Magalith et Myriam Lachman

SAM_0603.JPGPlacé dans le cadre d’une manifestation des Passeurs de Mémoire, l’impressionnant  témoignage des sœurs Lachman s’est déroulé ce dimanche 28 avril 2013 dans une aile du château de Sorinne-la-Longue, aile dans laquelle une exposition de panneaux pédagogiques évoquait efficacement le terrible souvenir de la Shoah et des camps de concentration. Pour cet exposé dominical, la petite salle ne suffisait pas à contenir les gens que cet événement avait interpellés. Notons que durant la semaine, les enfants des écoles de l’entité, après une visite de l’exposition, avaient rencontré, écouté, interrogé les deux sœurs. Remarquable initiative pédagogique.

SAM_0612.JPGMagalith Lachman, qui vit aujourd’hui en Israël, et Myriam Lachman, établie aux Etats-Unis, charmantes et gracieuses aïeules, ont évoqué devant nous dans un français très correct leur inconcevable histoire durant la seconde guerre mondiale. Tout au long de leur exposé, on sentait, on éprouvait presque physiquement chez les deux vénérables témoins une poignante énergie, une vitalité formidable, un désir de dire et une sorte de frémissement profond et troublant. Le témoignage oral, en vis-à-vis, dans la perception de chacune des inflexions vocales du témoin, atteint à une acuité bouleversante. Un frisson d’humanité et de compassion circule entre qui raconte et qui reçoit. La voix humaine, la présence physique du témoin incarnent mieux que tout un destin, une tragédie. Elles leur confèrent une intensité et une vérité. Ces deux témoignages valent aussi par la façon dont ces deux femmes vibrent encore au terrible diapason de leur lointaine enfance.

La famille Lachman venait de Pologne et s’est installée d’abord à Anvers, dans un appartement à trois étages qui a très fortement imprégné la mémoire des fillettes.

Magalith, son père et sa mère ont passé la guerre à Tervuren sous la bienveillante et héroïque sauvegarde du baron Henri de Broqueville. Le comportement exemplaire du baron de Broqueville à l’égard de la famille Lachman et d’autres Juifs en péril inspire le respect et l’estime. Il fait l’objet d’une belle suite d’articles (le premier en français et les quatre suivants en anglais) que je recommande vivement au lecteur. En voici le lien : http://broqueville.be/?p=2472#more-2472. Envers le baron Henri de Broqueville, Magalith manifeste une inépuisable reconnaissance. Elle est restée, dit-elle, en contact avec lui jusqu’au jour de son décès. Aujourd’hui encore, elle bénit et célèbre son nom. Le baron Henri de Broqueville, en 1975, numéro de dossier Yad Vachem 977, est fait Juste parmi les nations.

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Le groupe des fillettes à Sorinne-la-Longue durant la guerre

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Premier plan, à droite, Célia Lachman, derrière elle, sa soeur Myriam, à Sorinne-la-Longue en 43 ou 44

Myriam et sa sœur Celia (qui vit aujourd’hui en Argentine) ont donc séjourné à Sorinne-la-Longue et doivent leur survie à leur secrète insertion dans le groupe d’enfants. Car, pour protéger les fillettes juives de toute périlleuse indiscrétion, seuls les pédagogues et le personnel de l’Institution étaient informés de l’identité des enfants juifs. Pour des raisons de sécurité, Myriam et Célia ont été rebaptisées Suzanne et Marie Broca.

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L'étoile jaune. Le père de famille ne voulait pas qu'on la portât. Cette étoile, de même que les photos ci-dessus sont la propriété de la famille Lachman.

Myriam est déjà revenue à Sorinne-la-Longue avec ses filles pour leur montrer où Célia et elle avaient été cachées durant la guerre. C’était pour elle une sorte de pèlerinage et pour ses filles un authentique voyage initiatique. Durant la guerre, explique Myriam, le château était mis à la disposition d’une sorte d’orphelinat. Il se trouvait ici 120 enfants non juifs et vingt enfants juifs. C’est ici, dit-elle avec une réelle émotion, que j’ai appris à lire et à écrire. Quand une petite camarade manifestait trop de curiosité à notre égard, dit Myriam, les institutrices et les éducatrices intervenaient pour nous protéger. De même, se souvient-elle, pour tenter de nous mettre à l’abri des bombardements, les institutrices et les éducatrices avaient cousu  d’immenses voiles blanches portant une grande croix rouge afin que le lieu fût associé à un hôpital et épargné par les bombardiers. Elle se souvient aussi d’un climat d’angoisse et d’anxiété, de nécessaires moments de dissimulation dans les caves. Il n’y avait évidemment guère de nourriture, aucun gaspillage n’était admis. Le petit dessert était servi au dos de l’assiette, il fallait qu’on eût totalement mangé son contenu pour pouvoir la retourner. Mais nous étions sans cesse protégées et, déclare Myriam, je suis pour toujours reconnaissante. Elle égrène merveilleusement ses lointains souvenirs : le patinage sur l’étang gelé du château, la nécessité quotidienne de maintenir le secret et de se souvenir de son nom d’emprunt. J’ai vécu deux années ici, dit Myriam, et, toutes choses confondues, je juge que ce sont de bons souvenirs. A la fin de la guerre, dit-elle avec émotion, notre sœur aînée est venue nous chercher.

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La nombreuse assemblée autour de Magalith et Myriam Lachman ce dimanche 28 avril à Sorinne-la-Longue. On aperçoit également les panneaux pédagogiques. La salle ne pouvait contenir tous les gens que ce programme avait mobilisés.

Magalith le déclare avec ferveur : « Nous avons été une famille marquée par la chance, nous avons tous survécu. C’est rare, tellement rare. J’ai connu tant d’exemples de familles décimées, terriblement meurtries et parfois anéanties ». L’odieux calvaire infligé aux Juifs par les Allemands reste pour Magalith une profonde source d’écœurement, de colère et d’affliction. « Les nazis, dit-elle, ont traité les Juifs comme du bétail, comme des animaux sans importance, ils les ont jeté comme des choses à détruire. Ce que les Allemands nous ont fait est presque inexprimable. » Et lorsqu’elle le dit, on sent qu’elle est encore terriblement affectée par les images qui la hantent douloureusement. Elle raconte alors, d’une voix endolorie, la terrible histoire de deux adolescentes qui étaient ses amies. L’une se nommait Betty, l’autre Mali. Elles furent convoquées par les Allemands avec l’obligation d’emporter des bas, du dentifrice, des choses utilitaires de cette nature. Ces recommandations strictes avaient pour seul but d’abuser la candeur des deux adolescentes. « Lorsqu’elles se rendirent à la convocation, leur maman était enceinte et elle faisait au revoir par la fenêtre ». « Elles avaient 14, 15 ans, pense Magalith. C’était terrible. Nous n’avons plus jamais eu de nouvelles d’elles. Elles ont totalement disparu. Terrible ».

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Magalith évoque aussi un souvenir noir du passé belge. Elle évoque le monstrueux souvenir de la caserne Dossin à Malines. Cet endroit de sinistre mémoire et qui entache notre passé fut pour des milliers de Juifs séjournant en Belgique le terrible lieu de transit vers les camps de la mort. Pris dans les rafles, les Juifs arrivaient là et y séjournaient dans d’odieuses conditions en attendant d’être dirigés vers Auschwitz. Plus de 25.000 Juifs et 351 Tziganes ont transité par ce lieu. Une effroyable, une infernale comptabilité nous oblige à dire que seuls 1203 personnes ont survécu à la déportation. Monstrueuse efficacité de la machine de mort. Aujourd’hui, la caserne est devenue un lieu de mémoire. On y a ouvert en 1995 (il me semble que cela s’est effectué dans une effarante et coupable lenteur) le Musée juif de la Déportation et de la Résistance. Le nouveau Mémorial, musée et centre de documentation sur l’Holocauste et les droits de l’homme qui jouxte la caserne est ouvert au public en 2012.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_de_regroupement_de_Malines

Les retrouvailles familiales, raconte Magalith, le regard illuminé par un sourire merveilleux, ont eu lieu à Saint-Gilles, rue de Belgrade, 106. Le souvenir resplendit encore dans sa merveilleuse exactitude. Aujourd’hui, dit Magalith avec une grande fierté, j’ai quarante descendants : enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants.

Une heure s’est écoulée. Une heure précieuse et inoubliable dans la magnifique compagnie de deux êtres irremplaçables. Oui, ceci est un indispensable témoignage, oui, la tâche accomplie par les deux femmes est considérable. Cela remet en perspective les monstruosités et les abominations d’une histoire récente. Cela rend plus obscène encore, plus exécrable, ça et là, cette résurgence nostalgique du fascisme et du nazisme. Mais cette heure aussi, grâce à la merveilleuse qualité de présence de deux femmes, célèbre la fragilité, la force, la beauté et cette séduisante lumière que peut parfois émettre l’être humain.

Sous l'étoile jaune qu'elles nous ont montrée, les soeurs Lachman ont écrit à la main : Never again. Plus jamais. Oui, pour nous tous, c'est le voeu essentiel : que de telles atrocités n'aient plus jamais lieu. 

Sylvie Lobato

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Sylvie   L o b a t o

a lob a.jpgSon espace : http://www.sylvie-lobato.com/fr/

Sa notice biographique :

Sylvie Lobato, née à Paris en 1970.
Française d'origine espagnole, vit et travaille à Paris.
Diplomée de l'EMSAT (Ecole Municipale Supérieure des Arts et Techniques de la Ville de Paris). Section Arts Graphiques.
Calligraphie avec Laurent Pfuglaupt
Gravure à l'Ecole Duperré
Sculpture aux Arts Décoratifs de Paris.

Ce que l’œuvre nous inspire :

D’abord, c’est un grand saisissement. Ces travaux picturaux vous empoignent, vous secouent, vous malmènent. Ils sont à la fois macabres et luxuriants, morbides et foudroyés par la vie, grouillants de vie, terribles et foisonnants.  Ils évoquent le déchirement, la rupture, l’éclaboussement  et quelque chose les recentre, assure leur unité et leur maintien.  Ils sont d’une masse ardente, magmatique, saignante et pourtant, il y a de la danse en eux. Ce sont des cris de souffrance et des protestations de vie. Et ce sont de lourds silences rouges, dégoulinants.

Le feu de la vitalité et la présence de la mort s’affrontent dans les œuvres. Crucifixions et cabrements, ruades, enlisements, voilà l’être dans tous ses états, dans ses apories et ses élans, dans ses résignations et dans ses révoltes, voilà l’âtre de l’être. Les couleurs saignent, brûlent, bouillonnent, débordent, des surlignements blancs viennent semer des contrepoints, une sorte de virtuosité sauvage de la couleur en éruption intensifie la composition et la décomposition. Il y a de la flamme et du flamenco dans la morgue tendue des attitudes et des passes. Il y a un esprit de lutte, de résistance, une furieuse empoignade avec le destin. C’est une impressionnante homomachie que Lobato met en scène sur la toile.

Ses très exceptionnels minotaures, - créations fondées dans des couleurs en force, des orages de violentes couleurs -, trouvent un lieu inédit entre humanité et animalité, surpuissance et compassion, bestialité et sensibilité.

Dans les couleurs, il y a de la masse, des bouillons, du poids et de la rotation. C’est dynamique et chaotique, métaphorique du désastre et du désir de vivre, les yeux sont terribles, troués parfois. Corbeaulx nous ont les yeulx cavez, écrit Villon dans La Ballade des pendus.  Et je trouve Villon, Shakespeare chez Lobato. Je trouve l’homme de Vitruve traversé, enflé, déchiré, ployé par les tourments, je trouve des larrons en croix, des relents de Testaments, de Moyen Âge et de mythologie, des allures d’enfers, des impressions de soubresaut et de damnation, d’échafaud et de supplice, d’insurrection tragique.

Œuvre violente, funèbre, morbide et traversée par la vie et le sang, la peinture de Lobato  se lève comme un hurlement terrible et fascinant, un cri monté du fond des âges et dont l’intensité ne décroît pas. Un cri que le présent reprend et perpétue comme un héritage indestructible.

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Chez Campiglia, à nouveau

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F R A N C I S   C A M P I G L I A

Je suis à nouveau de retour chez Francis Campiglia, mon photographe parisien favori. J'y reviens comme un lecteur revient aux grands auteurs, aux types qui savent y faire, j'y reviens par amitié pour la belle ouvrage. J'y reviens par plaisir, pour regarder, pour contempler, du beau, du bien troussé, du bien vu. Pour mon agrément que j'y reviens, ici, dans le Paris et parmi les faunes et flores de Campiglia. J'y reviens parce que je n'y ai jamais trouvé la lassitude. Et pour cette sorte d'histoire qui semble toujours embusquée dans les icônes du Gaulois superbe. Ici, les images ont bon goût, il circule dedans une qualité d'oxygène qui requinque le regardeur, j'y reviens mais oui, en raison d'une franche humanité en vigueur dans les albums. Ce sont des photographies de gourmet, de farouche esthète. Moi, oui, je n'en fais pas secret, en pur amateur, je pianote dans les paysages, les brumes, mais je donnerais tous mes clichés pour une minute du talent de Campiglia. Inutile de s'abuser, de perdre de vue la bonne mesure.  Il n'y a pas nivellement des valeurs. Il n'y a pas de lauriers dans toutes les soupes. Et il y a soupe en sachet, soupe, puis potage et velouté. L'excellence n'est pas à portée de tous les désirs ni de toutes les marmites. Honte à qui perd le goût de saluer, honte à qui perd le goût de lever les yeux. La chose se dit beaucoup : tout se vaut, tous des artistes, poètes, critiques, auteurs, photographes ! Une affirmation qui, selon moi, relève du bagage intellectuel de la perruche. Merde aux charlots, aux tocards, aux épouvantails prétentiards ! Assez. 

C'est bon d'être dans l'imagier du maestro Campiglia, on y a rendez-vous, c'est sérieux et stupéfiant, avec le moelleux d'un bon vin, la saveur d'un beau poème. Je suis là, chez le maître, pour me consoler de ce monde si sensible au moche et au méprisable, pour emmagasiner, pour faire des provisions d'art. Il sait, le maître, faire icône dans le hasard, sublimer la seconde d'une rencontre ou d'une découverte et lui donner l'occasion de se déployer du circonstanciel à l'éternel. Un éternel à la mesure des hommes. Il n'y en a sans doute pas d'autre.   

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A    S U I V R E

Koen Pattyn

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 K O E N    P A T T Y N

Je possède très peu d'éléments biographiques sur ce peintre belge contemporain, qui vit à Gand. Je laisse au visiteur quelques adresses pour qu'il aille de son propre chef à la rencontre de l'oeuvre.

https://www.facebook.com/koen.pattyn.9
http://www.pinsart.be/KoenPattyn.htm
http://www.nucleo.be/artist/index/nl/140
https://fr.pinterest.com/theuninck/koen-pattyn-belgium/

a k 1.jpgAh, c'est une oeuvre intrigante que celle de ce Flamand doué et qui semble errer dans les siècles de la peinture tout en étant réellement contemporain. Oui, il y a un voyage dans le temps de la peinture. Dans le temps du dessin. Son art, d'une étonnante ambiguïté, a quelque chose du frisson, du frémissement, de la traduction d'une émotion. Souvent, dans sa peinture, les corps et les visages ne sont ni corps ni visages : ce sont des états d'âme, des états d'esprit, des sentiments, des émotions. Ce sont des lieux de rencontre. Il ne s'agit pas de ressembler mais d'être, d'exister au maximum de sa singularité. Ce que nous voyons, c'est un effet produit par un être sur le peintre, un effet, une suite d'effets. Son travail, - indifférent à toute forme de réalisme - est de rendre la vérité de l'impression, aussi singulière soit-elle : étrange, belle, troublante, angoissante, charmante, inquiétante. Ce sont des fluides plutôt que des traits, des ectoplasmes, des fantômes délivrés, des flammes spirituelles. On dirait que cette peinture est capable de rendre un état intermédiaire entre l'essence et la substance. Cette peinture prospecte et rend autre chose que la forme, que l'apparence. Ce que nous voyons s'apparente peut-être au  principe des vases communicants : le peintre transpose en couleurs, en formes mobiles, en geste artistes la relation entre lui et son modèle. L'autre est un cierge qui brûle, qui fond, l'autre est une lumière qui vacille, une sorte de prière peut-être profane que le peintre, hospitalier, inspiré, ouvert au magnétisme de l'autre, capable de se laisser halluciner par l'autre, recueille et fixe dans l'univers de l'art. Un art profond, d'une profonde dimension spirituelle, un art où l'autre devient une lanterne tamisée ou éblouissante, secrète ou violente, toujours à l'écart de l'indifférence et de la superficialité. L'autre, à l'abri des canons esthétiques, est toujours un être impressionnant. 

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