AMRITA SHER-GIL
Je viens de découvrir l’existence de cette artiste indienne. Il m’a fallu peu de temps pour me dire que, hélas, si l’artiste avait été un homme, on lui eût élevé des monuments. Pourtant, cette femme – d’une beauté remarquable et qui disparaît d’une façon inquiétante, à l’instant où son sacre devient possible -, est une incroyable puissance de nouveauté. Elle apporte dans l’Inde de son père, avec une classe et une virtuosité rares, le violent tumulte de l’art moderne. Une Inde qu’elle aime, qu’elle respecte et qu’elle s’approprie lentement, passionnément, dans une quête sans fin. Elle est celle par qui un changement s’opère. Amrita Sher-Gil est une figure de la nouveauté, de la loyauté et de la fidélité.
Je me suis documenté sur elle. Je n’en suis qu’au début. Mais la fièvre du partage est là.
Quelques prélèvements sur le web :
Amrita Sher-Gil est née en 1913 à Budapest d’un père Sikh et d’une mère hongroise. Elle a étudié à l’Ecole des Beaux-arts à Paris avant de retourner en Inde en 1934. Elle est décédée en 1941 à l’âge de 28 ans. Amrita Sher-Gil est considérée comme la pionnière de l’art moderne en Inde.
http://ambafrance-in.org/Amrita-Sher-Gil-A-Life-lancement
The majority of works by Amrita Sher- Gil in the public domain are with the NGMA, which houses over 100 paintings by this meteoric artist. Born of a Sikh father from an aristocratic, land owing family, and a Hungarian mother, Amrita Sher-Gil’s life veered between Europe and India. She was blessed with beauty, breeding, charismatic personality and extra ordinary talent as a painter.
http://www.ngmaindia.gov.in/sh-amrita.asp
http://www.sikh-heritage.co.uk/arts/amritashergil/amritashergill.html
Amrita Sher-Gil est née en 1913 à Budapest. Son père est un aristocrate sikh, un intellectuel versé dans l’étude du sanskrit et du persan. Sa mère, Marie-Antoinette Gottesmann est une artiste lyrique hongroise d’origine juive. Le couple a deux ans, Amrita est l’aînée. L’enfance d’Amrita se déroule à Budapest, « la perle du Danube ». Amirta est la nièce d’Ervin Baktay, d’abord peintre et ensuite auteur, célèbre indianiste connu pour avoir popularisé la culture indienne en Hongrie. La vocation artistique d’Amrita apparaît tôt, elle est immédiatement encouragée par la mère de l’artiste mais également par son oncle qui la guide et la conseille. Dans ce milieu intellectuel et artiste, Amrita jouera du violon, du piano, elle donnera avec sa sœur Indira de petits concerts et de petites représentations théâtrales. Amirta, dit-on, peignait dès l’âge de cinq ans mais elle a officiellement commencé à peindre à l’âge de huit ans. En 1921, la famille s’établit à Shimla, en Inde.
En 23, Amrita et sa mère s’établissent pour quelque temps en Europe, en Italie. Amrita fréquente un peu une école d’art à Florence. En 24, c’est le retour en Inde. Mais la rencontre avec l’art italien et l’art européen a eu lieu.
En 29, Amrita et sa mère prennent à nouveau le chemin de l’Europe. Amrita veut entreprendre une formation de peintre à Paris. Elle fréquente successivement L’Académie de la Grande Chaumière, fondée en 1902 par Martha Stettler et qui se démarquait par un rejet des règles strictes de la peinture académique, et, entre 30 et 34, l’Ecole des Beaux-Arts où elle aura pour professeur Lucien Simon. Elle se nourrit, ai-je lu, de l’influence de Cézanne ou de Gauguin. Elle se fait, dans ce groupe d’élèves, une place parmi les jeunes peintres et se lie avec l’artiste russe Boris Taslitzky, qui deviendra un adepte du réalisme socialiste. Les premiers travaux d’Amrita révèlent, très logiquement, une influence des modes occidentaux de peinture et s’inscrivent dans cette mouvance de la peinture des milieux bohèmes du Paris des années 30. C’est en 1932 qu’Amrita peint sa première œuvre significative, une œuvre intitulée « Les Jeunes Filles ». Grâce à cette œuvre, Amrita devient membre associé du Grand Salon à Paris en 1933. Ceci fait d’elle, paraît-il, la plus jeune et la seule artiste asiatique à avoir bénéficié de cette reconnaissance.
L’Inde attire Amrita, elle l’appelle. Elle commence, écrit-elle, « à être hantée par un désir intense de retourner en Inde ». L’artiste, mue par une curiosité légitime et qui touche à l’essence de son identité, a entrepris une quête : redécouvrir les traditions de l’art indien. Cette quête ne prendra fin qu’avec la mort de l’artiste. A cette époque, on lui prête une aventure sentimentale avec le journaliste et écrivain anglais Malcolm Muggeridge. Durant un voyage de découverte des racines indiennes, elle s’enthousiasme pour les écoles Mughal (style particulier de la peinture en Asie du sud) et Pahari (style pictural de l’Inde du Nord) mais également pour la peinture rupestre dans les grottes d’Ajanta (parmi les plus beaux exemples ayant survécus d’art indien).
D’un formidable curiosité, Amrita prend en 37 la route pour l’Inde du sud. Elle y peint des toiles qui deviendront considérables et qui révèlent son sens de la couleur et sa prédilection pour les Indiens pauvres et désespérés. C’est d’ailleurs la découverte même de sa vocation qui s’incarne là : exprimer la vie des Indiens à travers son œuvre. Dire aussi la condition des femmes. Son art porte témoignage de la condition des femmes indiennes.
En 38, Amrita épouse son cousin, le docteur Victor Vegan. Elle affermit ses influences indiennes dans l’amour qu’elle porte à l’œuvre des deux Tagore, Rabindranath (chez qui elle aime le portrait de femme) et Abanindranath (qu’elle aime pour son clair-obscur ou ses couleurs). Elle poursuit sa conquête picturale de l’âme de l’Inde. Elle représente le rythme de l’Inde rurale. La critique salue l’œuvre, l’œuvre trouve pourtant peu d’acheteurs. Politiquement, elle n’épouse pas les opinions familiales, elle est indépendantiste, elle aime la philosophie et le mode de vie de Gandhi et elle apprécie Neruda (qu’elle a rencontré et qui admire son talent et sa beauté), elle est une sympathisante du Congrès.
Le couple s’établit à Lahore où l’artiste établit son atelier à l’étage de la maison. Nous apprenons qu’Amrita – et je crois avoir compris, en écoutant quelques spécialistes de l’œuvre, que le couple n’était pas épanoui et que l’époux n’avait aucune fibre artistique – a des aventures dont quelques-unes homosexuelles. Quelques œuvres la représentent avec l’un de ses amantes.
En 1941, quelques jours avant sa première grande exposition à Lahore, Amrita tombe gravement malade et entre dans un état comateux. Elle décède le 6 décembre 1941 sans que l’énigme de sa mort soudaine ne soit éclaircie. On a évoqué la cause d’un avortement mal conduit ou d’une péritonite. Des suspicions se sont portées sur l’époux. La mère de l’artiste accusait l’époux.
L’œuvre, que je commence à découvrir, dit une rencontre picturale entre différentes cultures, entre l’Europe et l’Asie mais aussi entre les diversités des arts de l’Asie. Elle met en lumière, dans le monde l’art, son pays natal et le jette dans la faramineuse aventure de l’art moderne. Elle pose, entre une vieille culture et la ruée vers le modernisme, un jalon unique et remarquable. Elle élargit, - avec son œuvre audacieuse, nouvelle, passionnée - l’iconostase de la peinture mondiale.
Mon article est en grosse partie fondé sur la page http://en.wikipedia.org/wiki/Amrita_Sher-Gil
Voir encore :
http://www.tate.org.uk/whats-on/tate-modern/exhibition/amrita-sher-gil