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DY LAY : l'Enchanteresse

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Dy Lay    Une enchanteresse

De son vrai nom, Diane Laillé (chasseresse et être lunaire), Dy Lay est une artiste française née en 1977 en Loire Atlantique. Je reprends ici, en usant de l’italique, quelques-uns des éléments écrits par lesquels l’artiste se signale à notre attention. Née sous le signe du feu, sa préférence pour les pastels orange à la cire lui a permis de s’exprimer dès son plus jeune âge, sur tout support blanc immaculé. Cela va sans dire que le mur de la résidence familiale ne fut point épargné. Dy Lay a connu un important premier point de repère : « les tableaux de son oncle Patrick ». A l’école, elle s’emploie essentiellement, durant les fastidieux cours de math, à remplir ses cahiers de  dessins de chefs-d’œuvre immémoriaux. Après une approche, sans réelle conviction, du métier de tapissier décorateur, elle entre à l’Ecole de Graphisme Publicitaire d’Angers en 1997 et en sort diplômée en 1999. En 2000, l’association Petite Brise Créative l’invite en août pour réaliser une fresque de sept mètres sur douze relatant la rétrospective d’une école depuis 1836. Depuis ce chantier, quelques particuliers lui font des commandes de portraits et de copies de tableaux. Déclarant forfait à l’infographie, elle se tourne vers le métier de peintre illustrateur. Elle illustre également quelques ouvrages de littérature pour la jeunesse, tente une expérience, qui demeurera sans suite, en bande dessinée. Entre 2005 et 2006, le Québec l’accueille durant une année pleine de surprises en tout genre, elle y réalise deux petits mandats d’illustration pour une maison de production de Montréal (pour un documentaire). Entre 2008 et 2009, elle réalise des travaux graphiques pour une firme commerciale, et connaît les premiers émois du stylet et de la palette graphique et découvre la peinture digitale. Elle prépare une importante collaboration avec une auteure pour la jeunesse et les adolescents, Magali Laurent. Magali Laurent est une auteure d'origine française immigrée au Québec. Leur collaboration paraîtra aux belles Editions de la Bagnole, établies à Montréal : http://www.leseditionsdelabagnole.com/. Dy Lay propose cette définition d’elle-même : peintre autodidacte, illustratrice d’inspiration, graphiste de formation, revient sur ses premières aspirations au sens pictural du terme. Nourrit son imagination en peignant.

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Dy Lay m’a d’emblée accroché par son étonnant univers : un monde baroque, exotique, maboul, bariolé et ludique dans lequel une belle ligne esthétique fait l’heureuse rencontre d’une étonnante faune ornementale et d’arrière-plans accidentés. Ceci fonde une atmosphère assez inédite, charmante, délicieusement déroutante qui évoque le conte et l’enfance, une atmosphère teintée de fantastique tout autant que de burlesque et de poésie. Une atmosphère où le pétillement, les étincelles, la pétulance, les oiseaux étranges de l’imagination sont reçus avec joie. L’art de Dy Lay est une espèce de belle et insolite boussole qui invite aux agréments de la dérive. Un art qui nous sort des chemins battus, des longues et épuisantes lignes droites, qui tourne dans la sciure étoilée de la piste. Un art qui valse, un art qui affole et ravit, un art qui invente et qui rit. Notez cela car la chose est rare : un art qui rit et dont le sourire est beau comme un baiser, dont le sourire ne désunit par le beau dessin des lèvres. Il y a de la beauté qui rit dans le travail de Dy Lay. Son formidable jeu de cartes (réalisation de très longue haleine toujours en cours) est un magnifique pari pictural, une aventure farfelue et belle, pleine de magie, de séduction, de drôlerie où Dy Lay, en déesse omnipotente, distribue les drôles, écrit les scénarios, dirige les scènes et les castings, déploie toutes les grâces de son acception très personnelle et très convaincante de la poésie. Oui, Dy Lay, c’est beau, c’est touchant, c’est séduisant, c’est la poésie qui joue, qui danse, qui n’en fait qu’à sa tête. C’est la poésie avec une fleur-plume à son chapeau. Dy Lay me semble le produit du plus singulier cocktail qui soit : il y a, dans les ingrédients physiques et métaphysiques qui la composent, du poète (Prévert, Robert Desnos, Benjamin Péret, Francis Jammes, Charles Cros,…), une étincelle de Frida Kahlo ou un éclat du douanier Rousseau, quelque chose de non identifié, un clown en balade, de la rigueur et de la maîtrise, deux ou trois empreintes inconnues, une cartomancienne et une voyante extra-lucide, un croissant de lune, un arc et des flèches, de la poussière astrale (ou magique ou de perlimpinpin), une vendeuse d’entonnoirs, un personnage de cartoon et une héroïne de cinéma, une habilleuse de théâtre, une décoratrice, une fusée, les longues ellipses de l’imagination, une technicienne, et le reste, environ trois quarts, est occupé par le talent singulier et strictement personnel de l’artiste. On aura compris que j’aime beaucoup, je présume, et que j’ai plaisir à chanter ce talent original..

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Frédérique Fenouil - sculpteur céramiste

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Frédérique Fenouil

Sculpteur céramiste

 https://www.facebook.com/frederique.fenouil/photos_albums

Fédérique Fenouil est française, elle vit à Générargues dans le Languedoc. Elle est sculpteur céramiste. Nous l’avons tout d’abord invitée à nous parler d’elle et de son art.

DEMARCHE ARTISTIQUE

Il est toujours difficile d'expliquer une démarche artistique...je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire...passées les années "d'apprivoisement" de la matière, de la technique, l'esprit devient libre...je laisse le mien me guider, sans contrainte...j'ai toujours fait ce que j'avais envie de faire. Depuis 23 ans, mon travail a évolué, a traversé des périodes chaotiques, pour arriver, petit à petit, à une osmose entre lui et moi..il est moi, je suis lui, l'un ne va pas sans l'autre...

Ce que je peux dire c'est que chaque matin, quand j'ouvre la porte de mon atelier, je suis bien, je suis à ma place....

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TECHNIQUE UTILISÉE

Je travaille la faïence rouge et noire chamottée. Je travaille aujourd'hui essentiellement à la plaque ou modelage. Il m'arrive encore parfois de monter sur le tour pour ne pas perdre la main, mais juste pour le plaisir!

J'utilise pour la décoration la technique des émaux cloisonnés, soit en creusé pour les grandes pièces, soit au crayon cire sur les boites ou quand j'ai envie d'un dessin plus délicat..

Il m'arrive aussi d'utiliser l'or.

Vous devez impérativement visiter le site de Frédérique Fenouil. : http://www.frederique-fenouil.net/

QUELQUES EXPOSITIONS AUXQUELLES J'AI PARTICIPÉ….

-"HAPPY ART" SANARY SUR MER

-FESTIVAL DE LA CERAMIQUE "ARGILLA"  AUBAGNE

-FESTIVAL DE LA CERAMIQUE ANDUZE GARD

-FESTIVAL DES ARTS SINGULIERS À BANNE EN ARDÈCHE

-EXPOSITION COLLECTIVE GALERIE SINGUL'ART À LYON...

EXPOSITIONS PERMANENTES

-GALERIE ART ET ESPACE À TOULOUSE

-GALERIE IMAGINE BORDEAUX

-GALERIE CORTADE ART MONTAUBAN

-GALERIE 16 ART BAYONNE

-GALERIE SYLVIE PLATINI VEYRIER DU LAC

-GALERIE ART CAD' CADOUIN  DORDOGNE

EXPOSITIONS 2011

EXPOSITIONS DE SCULPTEURS À LA FILATURE SAINT AMBROIX GARD MAI 2011

"HAPPY ART" SANARY SUR MER

FESTIVAL DE LA CERAMIQUE D'ANDUZE AOUT 2011

FESTIVAL ARGILLA  AUBAGNE AOUT 2011

CERAMIQUES INSOLITES À SAINT GALMIER SEPTEMBRE 2011...

NOTRE PORTRAIT DE L’ARTISTE

La première rencontre avec les créatures de Frédérique Fenouil est décisive. Une apparition suffit à vous émouvoir, à vous troubler et à vous charmer définitivement. Chacune de ses délicieuses créatures entretient avec la poésie et le charme de délicates et précieuses relations d’entente et de complicité. C’est que ces splendides ingénues, ces curieuses et candides fleurs de féminité accomplie disent dans un langage neuf et formidablement coloré quelque chose d’inédit : la merveilleuse et heureuse rencontre du naïf avec le coquet, de l’innocent avec le séduisant. Elles disent le double et formidable état de la grâce et de la volupté. Mais ces statues ont aussi, dirait-on, un lointain rapport avec les statuaires primitives et, sous leur envoûtante félicité colorée, il se pourrait qu’elles entretinssent avec le lointain passé des rapports de parenté secrète ou de filiation. Il se pourrait qu’elles recélassent des mânes, qu’elles eussent, elles aussi, des pouvoirs et des vertus magiques. Elles rayonnent d’une sorte d’enfance de l’art. Voilà ce que l’on aime chez Fenouil, c’est son art rayonnant et solaire.

Le premier émoi passé, on trouve dans le regard des Beautés de Fenouil autre chose que la candeur d’abord soupçonnée. On trouve une maturité, un savoir, une distance. Et le jeu premier de la candeur s’ouvre à l’ambivalence du monde, des êtres et de leurs divinités. Ces Créatures en savent davantage que ce qu’on avait cru, elles ne sont en aucun d’adorables potiches : la pensée, la volonté, le pouvoir, l’art de toiser, de snober, de traverser, d’écarter, de sourire est avec elles. Le sacré est à leur côté. Nous ne sommes pas ici dans le domaine de la déco. Et ce sont d’authentiques petites déesses que modèle Frédérique Fenouil. Déesses-fleurs, déesses-poèmes, déesses-grâces, déesses-animaux. Car oui, ces Belles s’épanouissent dans la grâce, dans la forme, dans la couleur, dans le parfum ( !), mais aussi, - les animaux qui les entourent amoureusement l’attestent-, dans l’animalité ou l’instinct. Elles sont les prestigieuses habitantes d’une nouvelle et très ancienne mythologie qui nous parle, nous pas de l’éternel féminin, mais du pouvoir de la femme.

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Gesine Imhof - Présentation (1)

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Gesine  Imhof

Artiste peintre allemande

Sismographe poétique et alchimiste picturale

Gesine Imhof was born in the former GDR in 1966. Her family which was highly interested in art lived at the Baltic Sea.

a ges 4.jpgNumerous contacts with artists led to an early decision to become a paintress herself.
During the years of 1985 – 1987 Gesine studied art and German philology at Ernst-Moritz-Arndt-University of Greifswald.
At the same time she became acquainted with various artists and started to intensify her personal skills and faculties in painting. It was Prof. Dieter Gantz at the Art College of Berlin-Weißensee who instructed her and supported her endeavour of finding her own style in the years of 1988 till 1990.

Trying to describe her involvement of being an artist Gesine Imhof says:

“My human existence cannot be separated from being an artist. I am intensely interested in backgrounds and thoughts about motives and intentions, the very moment of life. My approach is to dig up and make visible the inner side, the feelings, and let them be reflected by the outer components.

In literature, music or films emotions can be built up deliberately and slowly, but as a painter I can only offer one single picture, which has to tell everything instantaneously.
My intention is to visualize the feeling, a procedure, a thought as precisely as possible. The picture, which becomes a medium of correspondence between artist and contemplator, should explain, touch and hit.”

Exhibitions 2011 - 2012

2012 Achtzig-Gallery Berlin (Groupexhibition)
2011 Taste Modern Art Gallery Berlin (Soloexhibition)
2011 "Hanseart" Kunstmesse Bremen
2011 BAGL afFAIRs Berlin (Groupexhibition)
2011 "Träume - dreams come true" Kunstzentrum Tegel-Süd Berlin (Groupexhibition)
2011 "Neuköllner Hängung" Michaela Helfrich Galerie Berlin (Groupexhibition)
2011 "Monkdogz Urban Art Gallery" benefit auction New York (Groupexhibition)
2011 Friedrich-Schiller-University Jena (Soloexhibition)

Il y a dans la peinture de Gesine Imhof – et je pense ici à ces incroyables marines qui sont comme des approches combinées de la matière et de l’âme de l’eau marine – un surprenant mélange de densité, d’épaisseur et de fluidité, de souplesse. Cette eau, telle qu’elle la rend, est à la fois invraisemblable et comme saisie dans la forme la plus avancée de sa réalité. Cette sorte d’extension étonnante, d’étirement entre l’invraisemblable et le formidablement vrai, me fait penser à l’impossible état de poésie naturelle. Ce que rend Imhof, dans son langage pictural, est une sorte de vérité traduite.

Imhof porte sur toutes choses – l’être, l’objet, la matière -, le regard d’un poète halluciné. D’un poète pictural grièvement et formidablement atteint par l’enivrement que c’est de regarder, de traverser par le regard. D’entrer à l’intérieur de l’enveloppe des êtres et des choses et d’y voyager. Son œuvre rend compte de ce voyage à la surface et à l’intérieur de ce qu’elle observe. Mais il me semble que cette ivresse de voir appartient aussi à ce que l’artiste injecte de vif, de fou, de sublime, d’effarant dans son art singulier du regard. Un art qui transporte une sorte de chimie qui, se déposant sur la chose observée, génère une alchimie, une modification étonnante et inédite. Il y a de la vision dans ce regard, de l’illumination et une rencontre réelle, visible, sensible entre ce qu’émet l’artiste et ce qu’elle peint.

Êtres, eaux, objets, aliments, il y a que l’artiste vibre au diapason de ce qu’elle voit, de ce qu’elle capte (elle sent frissonner, frémir, vivre êtres et choses). Le sujet (quel qu’il soit) émet quelque chose vers elle, elle projette vers lui, la rencontre de ces deux flux étanches se fixe sur la toile.

Imhof capte les formes, les corps, les surfaces et un au-delà des formes, des corps et des surfaces : l’aura des êtres, leurs affres, leurs émotions, la vibration des objets et ce que tous ces mouvements produisent en elles. Gesine Imhof est un formidable sismographe poétique, une alchimiste picturale. Elle est ce singulier et fascinant sismographe qui enregistre des mouvements et produit, par sa propre vibration, un effet sur les mouvements qu’il capte.

https://www.facebook.com/gesine.imhof/photos_albums

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Emmanuelle Simonet

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LES FLEURS D'HYPNOSE D'EMMANUELLE SIMONET
      

a emma.jpegDans une sorte de prospection intime, d'aventure et de vendange en soi-même mêlées à des alchimies secrètes, la plasticienne et collagiste française Emmanuelle Simonet conçoit avec une patiente minutie et une épatante ingéniosité des tableaux d'une formidable intensité poétique. Dans la pratique de son art complexe et savant, elle est tout à la fois mosaIste, orfèvre, sertisseuse, vitrailliste. Elle opère dans un chiffonnement de la ligne du temps et invente la rencontre extrêmement dynamique d'époques éloignées, de moeurs différentes, de tons et de couleurs distincts.Des fragments d'art, des matériaux iconographiques divers rencontrent des éclats de vie privée et ensemble tissent une oeuvre intense et serrée. Tous ces éléments, ces matériaux, comme des musiciens au sein d'un orchestre, finissent par concerter, par constituer l'espace cohérent d'une oeuvre. Une oeuvre, je veux dire cet objet magique tout à la fois doué du pouvoir de produire une électricité, un frisson, d'exercer un magnétisme, d'engendrer une interrogation circulaire et capable de ranimer en moi, simultanément, le vertige du doute et la joie puissante de l'admiration. L'oeuvre, c'est un grain qui me prend pour une terre fertile.      

Les oeuvres de Simonet témoignent d'une navigation, un peu sur le mode de l'automatisme des surréalistes, dans les domaines entremêlés de la mémoire, de la conscience et du rêve. Elles résultent d'une passionnante suite d'incursions que l'artiste mène dans les couloirs et les pièces de son monde intérieur. De cette spéléologie dans ses cryptes intestines, de cette immersion dans le monde de ses ombres et de ses halos, l'artiste ramène d'étonnantes fleurs d'hypnose, des compositions envoûtantes qui exhalent un mystère qui nous implique, qui nous hèle, qui nous remue et qui, me semble-t-il, finit par nous mobiliser, par nous mettre sur notre propre piste. Si bien que les luxuriants et protéiformes fruits de cette descente en soi-même, plutôt que de s'involuter ou de borner leurs intentions et leurs effets au dévoilement d'une expérience privée, deviennent pour le regardeur la troublante occasion d'une incitation au voyage intérieur. 

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Emmanuelle Simonet compose, ai-je envie de dire, des poèmes visuels où les éléments s'enchevêtrent, se chevauchent, se conjoignent, se lisent par transparence les uns à travers les autres, dans la foisonnante complexité même de ce qui ressemble au langage onirique, au flux de la pensée, à l'activité du puits de la conscience. C'est, si l'on veut, dans le sillage du projet inabouti des surréalistes, la psychanalyse relue comme une passionnante aventure poétique et créatrice. 

Mais si l'automatisme a une part dans l'entreprise simonétienne, la maîtrise technique, la finesse d'exécution, la composition y tiennent des rôles importants. Le collagisme chez Simonet atteint à une virtuosité inédite. Les travaux de l'artiste se dstinguent radicalement de l'effet choc souvent inhérent aux collages et sont capables de rendre le pullulement des images du monde mental, les liens subtils ou brumeux qui les unissent, les éléments abstraits qui s'y insèrent.

Ce voyage dans l'âme a aussi quelque chose à voir avec un voyage dans l'art.

Je recommande qu'on visite au plus tôt l'espace de l'artiste : http://www.emmanuelle-simonet.com  

Et son espace facebook : https://www.facebook.com/emmanuelle.simonet2/photos_albums 

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Myrtille Henrion-Picco

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http://myrtille-henrion-picco.blogspot.be

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Myrtille Henrion Picco

une rencontre avec la beauté

PRÉSENTATION DE L’ARTISTE SUR SON BLOG

MHP 15.jpg1952 : Naissance à Nancy. Enfant, Myrtille gribouille partout et tout le temps. Mais c'est d'abord la photographie qui l'attire, au point d'en faire son métier. Elle renonce à cette passion quand elle comprend combien son regard est devenu analytique, "rectangulaire" et froid comme le métal de son boîtier. L'objectif la sépare du monde.Le monde, tiens, parlons-en.1973 : Abandon du nid. Elle part.Angleterre, Allemagne. Essais de vie ailleurs. Pas vraiment dépaysant.1976 : Première grande expédition, sac au dos. De l'Italie au Népal en passant par la Grèce, la Yougoslavie, l'Iran, l'Afghanistan, le Pakistan, l'Inde, à pied, en bus, en stop.S'en suivront d'autres voyages, séjours à l'étranger, délocalisations et allées et venues en tous genres pendant lesquels elle réalise de nombreux dessins sombres et tourmentés.A la recherche de soleil, elle atterrit à St.Tropez où elle rencontre son mari, Henri Picco, artiste peintre et sculpteur. La plupart de ses amis sont artistes. Ensemble ils passent des nuits entières dans leurs ateliers. C'est le déclic. "J'étais devenue une véritable éponge, dira-t-elle, je buvais chaque geste, chaque parole qui aurait pu m'apprendre quelque chose. Ces moments étaient devenus essentiels pour moi." Les dessins se muent en peintures. Les couleurs entrent dans les compositions. Les formats s'agrandissent. 1979 : Installation en Ardèche.1980 : Nouveau départ. Brésil. Premières expositions personnelles.1981 : Retour en France. Naissance de sa fille Lily. 1982 : Le bébé sous le bras, elle repart pour les tropiques, destination la Martinique 1990- 91 : Retour. Elle vend ses œuvres, à Lyon, au marché de la création. 1994-95 : Avec son mari, elle participe en tant que formatrice à la création d'une vaste fresque murale, projet social visant à la réinsertion de femmes en difficultés. Délicate aventure humaine qu'ils mènent tous deux à bien malgré vents et tempêtes.2008 : Exposition solo à La Villa Rose, Lyon. Aujourd'hui, elle vit et travaille en Ardèche.

NB Toutes les oeuvres reproduites dans cet article sont la propriété de Myrtille Henrion Picco.

PARLONS D’ELLE 

MHP 29.jpgJ’ai fait sa connaissance par la découverte enchantée de son espace "Figuration féminine", espace consacré à la femme artiste peintre (la femme peint la femme) du Moyen Âge à nos jours. (http://figurationfeminine.blogspot.be/?spref=fb). Merveilleuse et intelligente entreprise qui constitue à mes yeux un indispensable outil pédagogique. J’aime cette générosité, cette pertinence intellectuelle, ce défi. Le défi de s’opposer à des siècles d’injustice et de relégation systématique de la femme hors de la cité de l'art. Mais il me semble pourtant que la réponse la plus fulgurante de Myrtille Henrion Picco tient en son faramineux talent et dans l’épopée que constitue son aventure picturale. La découverte de ses œuvres représente pour moi un vrai choc artistique, une secousse sismo-esthétique, une secousse qui aurait l'électricité aigue de la gifle et l'agrément délicat de la soie. Une rencontre oxymorique. Une rencontre qui engendre de la joie, une émotion esthétique, une foule de sentiments plaisants. Myrtille Henrion Picco. L’artiste est parvenue, dans une superbe geste picturale, à greffer la vibrante somme de ce qu’elle est (ses voyages, ses aventures, sa vocation de photographe, son âme, ses découvertes culturelles, ses apprentissages humains, ses connaissances de l’histoire de la peinture) dans le lieu merveilleux de son œuvre. Une œuvre admirable et qui produit d’hallucinantes synthèses personnelles, singulières, inimitables de ce qu’est et a été le grand voyage de la peinture dans le temps et dans 
MHP 13.jpgl’espace. J’aime tout là dedans, tout m'est agréable et bénéfique, tout me ravit et m'emporte, la science et la danse du trait, la couleur vivante, l’impalpable supplément de féminité, la grâce exquise, le rythme musical des œuvres (oui, il me semble que j’entends quelque chose), l’esthétique raffinée, la poésie élégante, quelque chose qui appartient à une magie visuelle, une hallucinante dimension onirique, la présence d'une grande tendresse, la féconde originalité des compositions, 
la patiente approche et la délicate et infatigable saisie de la beauté. Son univers, peuplé d'une somptueuse flore de femmes, est d’une grâce confondante, il fonde un bel endroit, un havre de charme et de beauté étrange, le lieu peut-être d'un voyage qui persiste à se dérouler par l'intérieur, dans le filigrane des toiles.Voilà le bâtiment progressif et superbe d’un univers, d'un ailleurs exceptionnel, aérien et terrestre, voilà la beauté d’un regard et l’art de le rendre habité, palpitant, mystérieux, précieux. Voilà une constellation telle qu’elle mérite d’être longtemps visitée et louée. Voilà une artiste qui a su attirer l’art à elle, qui l’a longtemps apprivoisé, qui l’a longtemps fait infuser et percoler en elle et qui, après l’avoir brassé dans sa mer intérieure, en restitue et propose des formes tout à la fois nouvelles et anciennes,  mais tout à fait singulières, tout à fait polies selon les lois et les manières d’une personnalité unique et passionnante. Voilà ce fruit sublime, cette Myrtille, double et noble fruit de la filiation et de l’invention.

Tout ce qui me bouleverse  dans l'artiste se rencontre chez Myrtille Henrion Picco : une noblesse, une singularité, une générosité, une griffe, une âme, un envoûtement, un imaginaire fertile et beau, un impressionnant et réjouissant savoir faire, une distinction, une façon d'être unique, une invitation au voyage, la transmission d'une exaltation, la chaleur d'une flamme et la qualité d'une lumière.

Illustrations dans le texte : (1) "Rapt Sonic In Blood", huile sur toile, 100 x 81 cm - (2) "Portrait bleu", pastel sur papier, 1998, 46 cm X 38 cm. (3) "Songe d'un chat rouge", 1991, huile sur toile, 130 X 97 cm. Un certain nombre des oeuvres visibles dans cet article sont vendues et appartiennent à des collections privées.

Hâtez-vous de découvrir l’espace de l’artiste : http://myrtille-henrion-picco.blogspot.be

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Rushes, 2010 - 120 X 120 cm

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Nous l'appelerons H (version I) - 2011 - 116 X 89 cm

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Nombril de Bonne Soeur à l'Epazote - 2008 - 89X 116 cm

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Bohémia - 2008 - 97 X 130 cm

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Idéale Bionique - 2008 - 61 X 46 cm

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La Bonzesse - 2008 - 65 X 46 cm

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Scherzo Ma Non Troppo - 2009 - 100 X 89 cm

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Non-Chaland Sur La Mer Tempête Dans Un Invisible Détaillé - 2000 - 100 X 100 cm

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De Nos Jours Les Humeurs Vagues Abondent - 2007 - 89 X 100 cm

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Fées Nées Buleuses, Ou Vagues, Comme On Veut - 2006 - 100 x 100 cm

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Ex-Voto - 2004 - 97 X 130 cm

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Si La Nuit Tu Vas - 2004 - 89 X 116 cm

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Portrait de ma Petite Soeur Pascale - huile sur toile - 1991 - 65 X 54 cm

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Pleine-Lune - huile sur toile marouflée - 65 x 92 cm - 1991

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Petit Portrait Orange - Pas de date - Huile sur toile - 46 X 38 cm

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Désapprendre - Pastel et dorure sur papier - 1998 - 55 x 44 cm 

L'Echafaud à bascule (Bousseau-Colaux)

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L'É c h a f a u d   à   b a l d a q u i n

Photographies : Philippe Bousseau - Textes : Denys-Louis Colaux - Modèle : Little Wings

pour Alain Adam, en douloureuse affection

BEAUTÉ PSYCHOPOMPE
 
Me consoler, je peux pas. Ni rouler dans l'illusion d'un bercement. Ni boire jusqu'au vertige. Le vertige, je l'ai sous moi, déjà, tremblant, nu, naturel. Embellir mon cri, je peux pas. Il faut, pratiquement, que j'avale tout un cimetière, pierre après pierre, que j'admette cette défaite tombée comme un aérolithe dans mon jardin privé. Embellir, peigner, je peux pas. Consentir, je peux pas. Ni retrouver la guitare de mon rythme, l'harmonium de mon souffle. Je peux pas. Ni autour de moi faire tinter la glotte des oiseaux. Rien. Je peux pas. Opposer un chêne au souffle de la tempête. Je peux pas. Ni voir, au loin, sous les étoiles, passer la roulotte de tes vieux rêves, ni voir ployer et danser, comme un bouquet d'épis, la javelle de tes pinceaux. Ni monter un poème en neige pour foutre un peu de blanc dans ce grand foutoir noir. Ni retrouver l'écoulement clair de ton rire, ta grosse voix mouillée, tes discours de biture magistrale, le morceau de ciel avancé à la lucarne de tes lorgnons. Je peux pas. Je pends dans mon chagrin comme un linge mouillé sous son fil. Je suis un grand boyau boursouflé d'une boue de peine, d'une mélasse de roses. Me voici, établi dans mon élan brisé, danseur serti dans son trébuchement, hibou ébloui assis devant la violente lampe du soleil. Me voici avec sa voix que j'entends et qui me déchire et qui dévie mes fleuves dans Pétaouchnoque tout au fond du désert. Libre Frangin, mon hirsute Escogriffe délivré, regarde, en courrier désespéré, par l'antique et fiable aéropostale du cœur, je t'envoie un petit bouquet de violettes, quelques émus et affairés, une bouteille de trappiste et, pour orienter l'essor de ton âme, cette beauté psychopompe dont les grands yeux limpides sont des charbons d'azur. 

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CE CHEMIN BLANC DE PERLES
 
Pense et penche-toi ma sœur
le vent au loin dénoue
les cordes de la pluie
épanche-toi ma sœur
Le train est en retard
sur mes souvenirs ferroviaires
Je mets au fil de l'eau
sécher mon rêve de désert
Ton absence m'encercle
comme ton cou
ce chemin blanc de perles

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PASSAGE DES FEMMES
 
Ainsi passent les femmes
sur l'eau noire
de la vie
Ainsi vont
rêvées
les femmes
ainsi glissent
songés
leurs gestes leurs visages
Ainsi
sur l'eau lourde
et noire de la vie
comme un long voile
de cendre bleue
qu'un bain de pluie
ranime

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INTERVALLE 
 
Entre la vérité
et le gant
je retrouve
l'espace qui unit
l'aile
et l'hélice
le poème
et la femme

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TRÈS SIMPLE
 
L'être est sans doute
un escargot métaphysique
qui porte tout au long
invisible et pesante
sa tombe sur l'épaule
et à son pied
volatile et bleutée
un peu de poussière de ciel

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LES INVALIDES
 
Les misogynes
sont des taupes
claustrophobes
de gros chiens
canivores
des oiseaux
amarrés
à des îles 
submersibles
Ce
sont des loups
de chenil
des baleines
d'aquarium
des hermines
engluées
dans la lie
de l'histoire

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MERVEILLE 
 
C'est en regardant
rêver la femme
que je songeais
au sort du monde
que je songeais
aux grands chevaux de la passion
et aux longs hippodromes
où ils meurent
La terre est belle
pensais-je
caillou tourné sur le métier
du ciel aveugle
et longtemps piétiné
par des hommes savants
et demeurés
sanguinaires entre eux
La terre est belle
nous la fertilisons
d'un fumier d'illusions 

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FEMMES ET FUNÉRAILLES D'OISEAUX 
 
Les oiseaux nous survivront
qui se foutent d'Icare
des mythes et des conquêtes
de la scène embusquée 
sous les rideaux de l'horizon
Les oiseaux meurent
de faim de soif
ils sont décidément
conçus pour nous survivre
Et les femmes assistent
vêtues de plumes
et de satin
à leurs funérailles terrestres

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 MOUVEMENTS AMOURHEUREUX
 
I.
 
Il faut aimer
comme l’épave appelle
le temps sacré de la croisière
comme une église rêve
au caillou de sa fondation
il faut
comme une main conçoit
les mouvements de la sonate
ainsi qu’un gant fait corps
avec l’espérance d’un geste
 
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II.
 
Fais descendre la fête
au milieu de ton lit
la mort n’est pas si loin
qu’elle descende aussi
et le monde gonflé d’agonies et de joies
qu’il vienne aussi se réjouir
que les clowns s’asseyent
aux gradins de la chambre
Fais siéger ton armure
attache ton cheval dépose ton vélo
pas trop loin de ta couche
reçois dans le public
tes spectres favoris
tes amours précédentes
des touristes nippons
et quelques gens d’esprit
Installe
sous la scène les musiciens
les trombones les bugles
et les cuivres de Jéricho
et invite une harpe
c’est beau la harpe
Mets au chevet
ici le livre et là l’instinct
ici le friselis des fées
là le crissement des cordages
ici l’étoffe du désir
là le tissu cru de l’envie   
puis comme on fait d’un dieu
quand l’église est bâtie
fais descendre la femme
et cède lui les oreillers
À présent que
quelque chose peut advenir
tu peux éteindre la lumière
et rendre le jour à sa cécité
 
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III.
 
Dans mon recueil
je chanterai
 l’œuvre que c’est une peau féminine
et comment c’est cousu
au tout nu fil de l’eau
et comment c’est ourlé
d’aigrette et de duvet
et comment lorsque c’est chéri
ça sent le benjoin de Siam
et ça luit tel que poli à la cire
d’abeille
et comment c’est moelleux
végétal aérien
à la langue et au doigt
et comment c’est un baume
pour le derme de l’âme
et comment en regard
de son éclat énamouré
tout et les sept merveilles
n’ont plus à voir
qu’avec les bibelots
des magasins de souvenirs
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IV.
 
Elle me laisse un mot
"Je suis au cœur
d’un grand deuil personnel
et une main froide me tient"
Et moi
en raison de ce deuil
et de cette main froide
je suis au beau milieu d’un lac
assis sur une barque
une brume très dense
s’est déposée
et je n’aperçois plus les berges
 
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VII.
 
Après
le corbillard et les pingouins
la toux dans le tuyau
du silence crispé
après le noir
et la désespérance 
j'aime encor tellement
la joueuse de clavecin
et le sursaut pincé
et dansant de ses seins
pendant  que songeuse elle joue
dans l'oratoire fermé de son âme
"Le Rappel des oiseaux"
d’Euclide Orphée Rameau

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Lhasa avec Franck Monnet

Anita Rée

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ANITA RÉE

http://www.artinconnu.com/2008/01/anita-re-1885-1933.html

 

Anira Rée.jpgSéduit par quelques fulgurants autoportraits de l’artiste, j’ai tenté de réunir des éléments autobiographiques sur elle. Voici ce que j’ai actuellement pu trouver.

Anita Rée est issue d’une vieille famille de commerçants juifs. Elle est née à Hambourg en 1885. Elle est la plus jeune de deux filles. Elle a été baptisée et élevée dans la religion chrétienne. Sa mère était issue d’Amérique du sud et avait des ancêtres juifs et indiens. Les amis d’Anita Rée la regardaient comme un être affectueux, aimable, accueillant et cultivé. Selon le témoignage d’Alfred Lichtwark, elle a étudié la peinture et les techniques classiques avec Arthur Siebelist (peintre impressionniste allemand, 1870-1945). En 1910, elle partage un appartement avec Franz Nölken (peintre expressionniste allemand, 1884-1918) qui, de conserve avec Friedrich Ahlers-Hestermann (peintre allemand et critique d’art, 1883-1973) l’initie à la nouvelle peinture française. Elle passe ensuite six mois à Paris à étudier avec Fernand Léger (peintre français, pionnier du cubisme, 1881-1955). A partir de 1913, elle travaille progressivement en tant qu’artiste à Hambourg et après le décès de son père en 1916, elle rencontre des difficultés financières. Anita Rée fut l’une des fondatrices de la « Sécession de Hambourg ». En 1919, des artistes, - peintres, architectes, écrivains – se fédèrent pour donner une importance à l’art dans la ville de Hambourg trop inféodée au commerce et au monde des affaires. Ils dénoncent l’absence de lieux de rencontre ou de formation pour les artistes. Les sécessionnistes veulent impulser un grand élan artistique et multiplient les activités artistiques : expositions, conférences, lectures, festivals. Anita Rée demeurera membre de la Sécession de Hambourg jusqu’à son décès et exposera régulièrement avec le groupe. Les critiques ont reconnu sont talent assez tôt. Un séjour de trois ans, entre 1922 et 1925, à Positano, ville italienne de la province de Salerne, en Campanie, eut une influence considérable sur sa future évolution. Ses peintures italiennes furent accueillies dans l’enthousiasme à Hambourg et elle acquit la réputation d’un artiste national hors du commun. Sa personnalité et son style artistique sont essentiellement représentés dans ses portraits de femmes et d’enfants. Vers 1930, elle reçoit la commande de trois grandes œuvres :elle crée des peintures murales dans deux écoles de Hambourg dans lesquelles elle incorpore ses propres expériences de vie (« Les vierges sages et folles » et « Orphée ») et un retable pour l’église Saint-Ansgar à Hambourg- Langenhorn. La réalisation de ces travaux n’a pas été exempte de difficultés.

 

Anita Rée 2.jpgDes problèmes avec l’état, le clergé, des attaques dans la presse du NSDAP (parti national-socialiste des travailleurs allemands), et finalement quelques désappointements personnels  ont finalement poussé cet artiste physiquement et psychiquement fragile à fuir l’île de Sylt, la plus grande et la plus septentrionale des îles allemandes de la Mer du nord, où elle s’était établie. Solitaire et vivant dans la douloureuse crainte de la persécution, elle était profondément concernée et inquiète par la liquidation du groupe de la Sécession de Hambourg et par l’évolution politique en Allemagne. Agée de 48 ans, elle ne s’est plus sentie capable d’émigrer. Elle qui, depuis 1916, était familiarisée avec l’idée du suicide, a mis fins à ses jours en décembre 1933 en prenant des barbituriques. Elle a écrit à une de ses amies : « Je ne peux plus vivre dans un tel monde et n’ai d’autre souhait que de quitter ce à quoi je n’appartiens plus ». Elle s’en va en laissant une fortune considérable. Ses biens ont été partagés entre ses amis. Elle est aujourd’hui, après quelques publications et une exposition en 1987, la plus célèbre des Sécessionnistes de Hambourg. 

Sources :

http://www1.uni-hamburg.de/rz3a035//secession.html 

http://de.wikipedia.org/wiki/Hamburgische_Sezession

 

Je suis particulièrement sensible à ses portraits mais plus encore à ses autoportraits dans lesquels j’observe, d’une œuvre l’autre, une saisissante métamorphose des traits comme si les différents états psychologiques qu’elle représente pouvaient avoir pour effet de modifier ses traits, les couleurs, les caractéristiques et les formes de son visage. C’est l’exceptionnelle intensité évocatoire de son art qui me sidère et me ravit. Je suis tombé en admiration devant ses tableaux. Je n’ai pas grand-chose à en dire sinon qu’ils me remuent de fond en comble et que, depuis que j’ai connaissance d’eux, ils habitent mon esprit et s’y manifestent comme des images décisives. J’ai pour elles une profonde et inquiète amitié (les autres sont purement ornementales) et il me semble qu’à la longue, elles me regardent avec une intense et soupçonneuse sympathie (les autres ne me sont pas agréables). Il y a surtout que cet étrange  visage mobile et formidablement expressif sur lequel je sais à présent deux ou trois choses me touche et m'étreint douloureusement le cœur. Ce sentiment au demeurant, avant la découverte même des quelques bribes biographiques, a d'abord décidé de mon rapport à l’œuvre.

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Annette Marx

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ANNETTE MARX

Le rouge dans tous nos états

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Dès mon premier contact avec un tableau d’Annette Marx, une sorte de dialogue entre sa peinture et moi s’est établi. Je me suis trouvé happé dans ce magnétisme rouge où des signes, des traces, des indices se mêlent à des accents de couleurs. Je me suis trouvé engagé dans ces bouillonnements, ces nuances, dans cet orage de vitalité rouge. Je me suis trouvé engagé dans ces strates de rouges, dans ces émergences de bleus, dans les ourlets où ils s’affrontent et s’épousent. Je m’y suis trouvé comme en moi-même, comme dans les traductions picturales de ces déchirements qui résultent en moi des attrapades entre le physique et le métaphysique, entre la lourdeur du sang et l’immatérialité de l’éther. Dans les rouges d’Annette Marx, j’ai reconnu, comme parentes d’images ou de métaphores qui sont et vivent en moi, le rouge chaud du sang, le rouge du péril et de la plaie, le rouge de la vigueur, de la sensibilité, le rouge de la colère, le rouge du carburant essentiel. Le rouge d’Annette Marx est celui du mouvement physique de sa peinture, le rouge où l’on devine le corps en action, les séismes du poignet, l’impulsion, l’élan. Et là-dedans viennent se greffer des bleus médités, des verts réfléchis, des noirs, des jaunes, des incisons, des éléments collés, des griffes, des traits. Des grands mouvements accompagnés de petits gestes. L’élan et la minutie. La force et la précision.

Ce rouge, lorsque progressivement on l’apprivoise, lorsqu’on distingue ses mues, ses degrés, ses températures, n’est plus seulement métonymie de la matière, du liquide, il acquiert, lui aussi, une sorte de volatilité. Il n’y a plus le rouge de l’hémoglobine contre le bleu céleste, on découvre un rouge céleste, on découvre une parole du rouge, on découvre l’enveloppement de petits signes graphiques – cicatrices, marques, sutures, frontières et intersections – dans un ciel rouge par-dessus une terre bleue.

On dirait que l’annonce nous est faite d’une libération du rouge. Le rouge est arraché à ses significations ou à ses associations habituelles, il s’émancipe dans une sorte d’épurement, il entre en métaphysique, il y a désormais une âme rouge. Il y a un cycle du rouge. Rouge liquide du sang qui s’évapore, monte et forme des nébulosités rouges, composent des ciels rouges qui génèrent des pluies rouges. Parti du corps, le rouge d’Annette Marx est devenu un rouge spirituel que les précipitations rendront à son état de liquide essentiel.

Parfois, le rouge n’est présent que par indices, dans une brume bleutée, comme un ciel rouge lisible à travers des fumées. Parfois le rouge est celui de la terre que borde un océan bleuté. Le rouge d’Annette Marx convoque les interprétations. Il est ardent, il cherche en nous des échos de lui-même. Ou bien nous rappelle-t-il qu’il est, dans sa terrible et formidable complexité, nôtre ?

Dans ce rouge, dans les états de ce rouge, dans ce rouge présent seulement parfois par touches, dans cette immense abstraction dominée par le rouge, il y a nos portraits, non pas la reproduction de nos traits, mais la singulière mise en couleur(s) et en espace – comme on parle de mise en scène –, de nos mondes intérieurs complexes, changeants, incertains, de nos pensées  oxymoriques, de nos chimies et de nos alchimies secrètes, de nos plombs changés en ors, de nos ors redevenus plombs et de l’incessant cycle de notre instabilité rouge.    

L’ardent univers pictural d’Annette Marx développe une réelle puissance d’interpellation et de captation. On dirait qu’il nous hèle impérieusement, un peu comme la muleta magnétise le taureau. Toutefois sa patiente observation nous révèle que la relation qu’il établit avec nous se vit aussi dans la nuance, dans un relief d’intensités, dans la sensibilité et dans l’introspection, dans le jeu peut-être aussi. Ce rouge est aussi une infusion de rouge.

Dissolvant peu à peu les masques qui l’incarnent habituellement, le rouge d’Annette Marx est le tumultueux, le vivant, le mobile point de convergence de tous les états de nos lumières intérieures. Il les rend avec leur torse solaire, leurs basses épaules de crépuscule, leur fragile disque lunaire, leurs brumes incertaines, leurs accès de toux, leurs tourments giratoires, leurs anémies et leurs vigoureux élans. Car oui, il me semble qu’il s’agit aussi et surtout d’un rouge spéculaire, un miroir rouge qui nous regarde et dans lequel nous nous regardons avec la curiosité fascinée d’aveugles un instant délivrés de leur cécité. Etonnant, passionnant, exaltant sursis rouge. 

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Abstractions rouges 

 

Denys-Louis Colaux parmi les carrés rouges d’Annette Marx  

 

LETTRES ROUGES

 

R, o gué

0, grue

U, orge

G, roue

E, gour

 

LE BONHEUR ROUGE

 

Tout le bonheur

est rouge

son socle

et sa dislocation

rouges

le merveilleux pré

de son champ de bataille

rouge

 

NATURE ROUGE

 

Une poignée de noix rouges

L’éclair roux d’un renard

La braise pourpre de son cœur

L’ourlet rose entre ses jambes

L’aube comme un grand chien rouge

vient dormir à ses genoux

 

CATALOGUE ROUGE

 

Le rouge des anges

des auges et des songes

le goût orange

du rouge

Le jour assis tout entier

dans la grange

sur quoi nage

la lourde roue de l’orage

 

DU ROUGE AVEC LE BLEU EN ALLÉ

 

Le rouge infuse

son âme

comme un sein de femme

le bleu intime de son lait

 

IL ME FAUT À PRÉSENT

 

Il me faut à présent

le rouge savant du livre

le rouge ondulé du poisson

le rouge vivant du sang de femme

le rouge ivre de Bourgogne

le rouge caché de la neige

le rouge tiède de Maman

qui soufflait sur mes doigts gelés

toute la forge de son âme rouge

 

ACCÈS ROUGES

 

Clous rouges dans l’azur

Roulures

 

Une Peau-Rouge à Cannes

assise sur les marches du Palais

 

Cerise assoupie

dans le nid

de ses commissures

 

Braquage rouge : butin quinze briques

Putain le cinoche onirique

Clodo cosmique

 

Ce qu’il fallait que

Carmen incarnât

 

Sur mon ombrelle

averse rouge

à n’en pluie finir

 

Rossignol dans ma tête

entre deux idées noires

 

Dans la doublure de mon silence

crête et cocorico

coquelicot dans l’écho

 

Sous un ciel de briques

le phénix renaît de ses abattis

Spoutnik  et pétanque dans les étoiles

 

Les fleuves rouges

descendus comme des chacals

feu en plein flot

vaisseaux traversés

des fleuves qui se meurent

 

Ma moitié d’ogre

ma moitié d’ange

quartier d’orange

 

Poisson sur la piste de la poêle

Flaque de sang sur l’Antarctique

 

Divan rouge du boudoir

où j’endormais mes humeurs noires

 

Absence dans l’absinthe

Giration dans l’œil rouge

de la fée albinos

 

Autour de l’étal où dorment les idées

valsent des cercles

de mouches rouges

et

l’aspirine d’un halo d’ange

 

Dans l’évier les concepts

découvrent

l’apparence du marbre

et le goût du savon

 

Stendhal et le noir

 

Le rouge amoureux

de son passage sur la toile

 

les troupeaux d’hippocampes

descendent dans la mer

que de longs voiliers rouges

font trembler sur ses pilotis

 

Esquimau dans Malmö

l’appeau rouge attire la Squaw

buffle bleu épinglé dans Lascaux

 

au ciel je tousse

entre deux afflux d’encens

 

Site :

http://www.annette-marx.de

 

Annette Marx s’exprime   

Conception

 

Il est ce rouge…

 

L’axe principal de ma peinture, c'est la confrontation avec la couleur, surtout avec la couleur rouge. Le rouge est pour moi la couleur principale. Le rouge, la première couleur à laquelle le peuple a donné un nom représente pour moi principalement l'énergie. Le rouge est un symbole de danger et est synonyme de chaleur, de passion et d'amour. Rouge signifie sécurité et crée de l'agressivité. Le rouge est le symbole des émotions contradictoires et des pensées. Il s’agit de capter la couleur dans des espaces de pensée, de suivre les différentes ambiances, les impressions subjectives de la réalité, puis de transformer les espaces de la pensée en espaces de couleurs.
Je vois mon travail comme des projets qui traitent des thèmes sous différents aspects sur une longue période. Il en résulte des séries de tableaux qui reprennent certaines variantes des thèmes. Je préfère travailler avec des formats carrés. En partant du fait que mon travail montre des fragments, le format carré est le plus apte à représenter les parties d'un ensemble. Les peintures constituées de plusieurs tableaux en interaction sont composées par des tableaux carrés ou forment une peinture carrée. Les bords sont peints et incorporés dans les tableaux. Les surfaces des tableaux ne sont pas limitées. Cela permet une extension maximale. L'idée d'une image est créée avec une esquisse vague et est l'expression de l'instant, mais elle est séparée dans le temps de la réalisation artistique.

Il s’en suit des couches irrégulières de couleurs et de matériaux. Au cours de cette phase, il est important de suivre les traces de structures émergentes ou de les brouiller, d'enquêter sur des soupçons, de compléter des formes et de faire naître l'image par le biais du jeu subtil de légères allusions. Chaque couche est précieuse dans sa matérialité, elle peut être visible et le rester et elle est immanente à l'œuvre. Les couches sont repeintes, cassées, brisées, coupées, gravées à plusieurs reprises.
Mes éléments de conception sont, entre autres, des surfaces de couleurs. Je place les couleurs dans mes peintures de façon intuitive. Des constellations de couleurs expressives dominent. Je fais confiance à la force pour créer des espaces de couleurs en liaison étroite avec les matériaux. D'autre part, je travaille aussi avec un ensemble de lignes ludiques. Lignes marquées ou même suggérées, et avec des formes irrégulières. Des lignes et des accents tracés à la craie, fragiles, ou encore délicats avec un crayon de graphite ou bien encore « grattés». Parfois ces lignes peuvent devenir des objets interprétables, sans prendre un caractère anecdotique.

La couleur est essentielle et non pas liée à des objets. Je travaille avec des détails qui séparent les surfaces ou les assemblent et rendent visibles les champs de force qui agissent les uns contre les autres. Manifestées par le jeu de couleurs et de lignes des surfaces, on y aperçoit la force et l’énergie, mais en même temps la fragilité et la douceur. Il s’y crée des motifs élémentaires, des compositions ouvertes qui sont profondément authentiques. Cela crée et des espaces de silence et des espaces pleins de dynamisme, remplis par la dynamique des couleurs et des lignes. Ils sont interdépendants et présents dès le début du processus de travail dans un dialogue réciproque. La fin du processus est imprévisible. Un tableau n’est terminé que lorsque ses relations de force sont justes. Autrement dit, si les champs de force sont équilibrés, le dialogue se poursuit. Le spectateur participe à ce dialogue, au jeu de la réalité et de l'irréalité, dans lequel il s’embarque, auquel il associe sa propre réalité. Il complète le dialogue avec sa propre imagination.

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Biographie

  

née à Völklingen / Sarre (D)

 

1994 - 1998 l'éducation artistique à l'Académie d'été Sarre Wadgassen.

Peinture libre avec Alain Simon, Nancy et Leslie Huppert, Sarrebruck.

Dessin de Jean-Louis Guermann, Nancy et Francis Berrar, Sarrebruck.

Peinture libre à l'Académie européenne de Trèves.

 

Depuis 1998, une collaboration intensive avec la peinture abstraite.

Collaboration avec le Service Little Van Gogh Art à Bad Honnef.

La coopération avec les différentes galeries (Sarre et Rhénanie-Palatinat)

Expositions individuelles et collectives

Divers projets d'art (école de peinture des enfants, des ateliers pour les adultes et les activités artistiques)


Expositions en Allemagne, en France et en Belgique.

Vit et travaille à SarrebruckNée à Völklingen / Sarre.

1987 - 1990 études en administration des affaires, Département de la gestion de l'information à l'Université de Sarrebruck sciences appliquées, diplôme en gestion d'entreprise. Profession à temps partiel dans le domaine de l'informatique.

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Alain Adam

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Alain ADAM : artiste belge, peintre expressionniste abstrait. Organisateur du chaos, équilibriste du déséquilibre, aventurier de la couleur, il est aussi un contemplateur et un interprète exalté de la mer. Il est encore un aquarelliste délicat, un merveilleux transcripteur de l'intensité émotionnelle. Né à Charleroi en 1952, il y décède le 11 avril 2O14.

De mon côté, je persiste à recueillir, à engranger, à faire voir l'oeuvre. Je compose des galeries. Pour l'exposition de Bordeaux en septembre, notre amie commune, Geneviève Halftermeyer-Pawlak et sa fille, indispensable dans la gestion technique de la mission, auront mis au point le site d'Alain, ce sera une merveilleuse porte sur son parcours et son oeuvre. Le lieu où l'on pourra le découvrir.

http://alainadampeintre.com/ 

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Sur les Imagies d'Alain Laboile

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Alain Laboile sculpteur, photographe et père de famille français né en 1968 à Bordeaux. Son imagier, essentiellement fondé sur la vie quotidienne de sa famille et la singularité splendide de son mode de vie, est d'une beauté inhabituelle, d'une poésie profonde et exaltante. Notre site lui consacre plusieurs articles. Il possède son espace personnel et incontournable à cette adresse : http://alain.laboile.free.fr/   

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AUX IMAGIES D'ALAIN LABOILE
 
I.
 
Je reviens à vos imagies
comme à l'air subtil et inquiet
de la forêt
comme à ce vent qui la démêle
et la parfume
et l’ensorcelle
et fait danser au même cercle
le chat la fée
l'ange et le sanglier
et fait passer au même chas de ciel
l'eau savoureuse
la boue et leurs éclaboussures

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II.
 
Sans cesse je reviens vers elles
comme après longtemps de pierre et de marbre
on revient vers le tendre
vers le velours des fleurs
la rosée le mufle des faons
 l'âme meuble et patiente
de l'argile des choses

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III.
 
Oui je reviens à elles
comme
pour ceux qui ont eu des bonheurs d'enfance
aux frissons sucrés du verger
sous le friselis léger des fauvettes
dans le chatouillis craintif des insectes
et la tiédeur
d'une haleine d'agnelle
Oui je reviens à elles
comme un vieux Noé amphibie
aux nénuphars inoubliés
de ses premiers déluges

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IV.
 
J'y reviens comme
l'appel à l'écho
et l'écho à sa cloche
comme au goût revenu
à la saveur des fraises
et des radis au sel
comme au frôlement digital
de la page d'un livre
comme à sa voix lointaine
d'arbre qui pense
et se penche sur moi
 
V.
 
J'y reviens comme
le rire doucement
petit gibier frileux
à l'orée de la lèvre
et jusque dans
la clairière de l'être
J'y reviens j'y reviens
comme Ulysse à son île
comme Ulysse à son aile
comme on repart
vers les ornières
et les trésors sacrés
du vieil Eldorado repeint
comme après les longs désabusements
on revient s'établir
dans le feuillettement des pages 

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VI.
 
J'y reviens oui
à vos photographies
comme à l'enchantement
le chant
à la transcription de l'archet
la main
 à l'ivresse du chèvrefeuille
le nez
comme à l'odeur enflée du lait
le veau
comme au séisme
secret du sol
la fleur
et comme au fond du ciel
repasse et se délivre lentement de soi
mon souvenir décacheté
d'oiseau

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VII.
 
Comme l’œil
la nuit
revient à la fenêtre lisse
où glissent
en lents colliers de rien
les perles des étoiles
Comme l'affirmation rouge et bleue de la vie
écarte les bras des potences
pour marcher vers 
le rendez-vous vert des fougères
et comme l'eau menée
tout le long des tuyaux
par le rêve d'un verre
je reviens à vos imagies
comme aux chemins mouillés
qui sortent du désert

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Thynes, mai 2014

Mimia Lichani

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M I M I A    L I C H A N I

U n e   F é e    d a n s    C o n s t a n t i n e

mimia 14.jpgIssue de l'Ecole nationale des Beaux-Arts d'Alger, Mimia Lichani est une artiste plasticienne algérienne née en 1952 et établie à Constantine. C'est une personnalité majeure, une artiste importante, une créatrice polyvalente, à la fois peintre, grande aventurière des arts numériques, photographe et sculptrice. Artiste raffinée, sensible, délicate, ingénieuse, elle est l'infatigable inventrice d'une poétique visuelle superbe. La grâce est avec elle dans les ballets d'images numériques qu'elle orchestre. Chez elle, - ponts entre toutes les discipline qu'elle pratique avec passion - la fantaisie, l'intensité, la tendresse, la féerie, la magie, l'élégance et l'hallucination poétique règnent en maître. D'ailleurs, écouter tinter ce merveilleux nom : Mimia Lichani. Je l'affirme, c'est clairement celui d'une fée. Les preuves abondent pour soutenir mon affirmation. L'oeuvre oscille et voyage, allègre parmi ses points cardinaux, elle danse entre l'évanescence et le réel, la légende et le conte, l'exubérance et la mesure, la merveille et le vrai, l'orchestre des couleurs et la profondeur d'une méditation poétique. Il fait beau chez elle, l'enfance y vit en bonne entente avec la femme accomplie, et la femme accomplie y vit en harmonie avec ses visions captivantes, avec son délicieux désir d'inventer et de semer des étincelles, du pollen de lumière. Les grandes fleurs imaginaires, les visages inventés, les nudités somptueuses et pensives, les compositions surréalistes de Mimia Lichani ont à voir avec le ciel, avec le monde chaud et intense des livres, avec la braise des poèmes, avec la sensualité de la nuit durant laquelle elles sont conçues. Tout cela fomente un formidable enivrement sensuel, un enchantement spirituel et des éclaboussures de bonheur à quoi je viens me rafraîchir. Voilà, il y a une fée dans Constantine, elle s'appelle Mima Lichani et j'ai le désir de faire connaître les prodigieux fruits de son verger artistique. Je livre au visiteur les clés qui lui permettront de découvrir l'oeuvre prolifique de mon amie algérienne.

http://www.mimialichani.com/ 
https://www.facebook.com/mimia.lichani
http://www.artmajeur.com/fr/artist/lichanimimia/collection/metamorphose-peinture-a-l-huile/1137441
http://www.artmajeur.com/fr/artist/lichanimimia

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Des infos sur le Parc Lhasa-de-Sela à Montréal

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Lhasa lors de son concert de poche live à Montréal filmé par Vincent Moon en 2009

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Je recueille ici quelques articles qui traitent de l'inauguration du Parc Lhasa-de-Sela. Un lieu de mémoire existe. Il en est cent, mille, car Lhasa est aussi une nomade, une fille du vent, un elfe du monde. Partout où nous songeons à elle, nous créons un lieu et un instant de mémoire. Il nous reste encore le bonheur d'écouter, de partager la belle œuvre que l'artiste nous laisse. Il nous reste à l'évoquer, à parler d'elle, à souffler sur la formidable braise qu'elle nous laisse. Il nous reste à la maintenir parmi et avec nous.

http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/arts_et_spectacles/2014/05/15/004-lhasa-desela-parc.shtml
http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/montreal/archives/2014/05/20140515-201921.html

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http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=7297,74515635&_dad=portal&_schema=PORTAL
http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=7297,75337594&_dad=portal&_schema=PORTAL&id=22922

Avec Marie Morel

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Ne touchez pas à Marie Morel

On voit l'hébétude d'une société, son déclin, sa faillite à sa façon de méprises ses artistes. La Mairie d'Aubagne, qui vient de verser à l'extrême-droite (FN),  a interdit ce 11 juin les œuvres de mon amie, l'artiste peintre Marie Morel. Dans le cadre du Festival International d' Art Singulier, la mairie a exigé le retrait des œuvres de Marie ainsi que celle d'un autre artiste, Demin (http://demin.pagesperso-orange.fr/m2.html). Censurer Marie Morel ! Je me sens giflé personnellement ! J'ai dix fois écrit à quel point j'aime cette oeuvre authentique, intense, sensuelle, généreuse, passionnante, à quel point j'aime fréquenter le formidable labyrinthe de cette oeuvre admirable. J'y suis chez moi, j'y suis en un endroit que j'aime et je n'entends pas qu'un comité de cancrelats populistes vienne jeter le discrédit sur mes affinités. 

http://denyslouiscolaux.skynetblogs.be/marie-morel/

J'ai écrit des poèmes à partir des passionnantes créations de Marie. Cette petite collaboration s'appelle Détails de soleil et de vitrail.

http://denys-louiscolaux3.skynetblogs.be/details-de-soleil-et-de-vitrail/

 

Aujourd'hui, devant l'offense faite à l'oeuvre et à l'art, (tout artiste qui ne se sent pas concerné par cette éviction, zéro !) je veux me manifester et dire mon écœurement devant cette odieuse attitude de censure. Marie Morel, son fils (geste admirable, je suis touché, Pierre et je vous salue avec estime et fierté), l'association s'expliquent face à cet acte de censure. 

https://www.facebook.com/pierremorel/posts/10152470835234518

De mon côté, dépité, refusant de traiter avec une adversité de cette répugnante nature, je publie des œuvres et j'adresse une lettre ouverte à Marie.

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Marie,

Des gens ont cherché, par un décret que je trouve humiliant, à disqualifier votre travail. Ce sont des gens obscènes. Je ne veux pas traiter avec la censure. Mon mépris pourrait se commettre en injures disgracieuses. Votre oeuvre vole tellement plus haut que cela. C'est le moment que je choisis pour vous dire et redire pourquoi je suis un morellsite inconditionnel. Parce que Marie Morel, vous êtes mon abeille picturale préférée. Parce que j'aime votre geste hiéroglyphique, votre aventure dans l'interminable, vos magnifiques sirènes et vos amants, vos amoureux se désaltérant l'un de l'autre, j'aime votre geste et vos labyrinthes où je me retrouve enfin, j'aime votre audace et votre poésie et les relations qu'elles entretiennent, j'aime votre urgence à transmettre, votre façon de rendre incandescent le minuscule, de le porter à ébullition, de le rendre grandiose. J'aime cette méticuleuse transcription de la geste amoureuse, j'aime votre approche des choses, votre façon de les penser, de les rendre, de les recueillir, de les loger dans des niches comme les saints des églises, j'aime votre santé, votre douceur, votre vitalité formidable, j'aime le journal de votre art dans le roman de votre art, votre manière de mettre votre travail en abyme. Je respire dans votre oeuvre, à mi-chemin entre l'exaltation et la paix. Je m'y sens bien, je m'y sens dans un univers propre et sain, un univers intense, libre, violemment sujet à la santé, à la santé dans tous ses états, un univers seulement atteint par la poésie, le désir de tout transcrire sous sa sauvegarde. J'aime votre peinture, votre passionnante aventure picturale et je suis venu vous le rappeler. Mon coeur, mon esprit, mes pensées, mes affinités me portent vers vous.  En respect, en estime, en durable et profonde amitié.

Denys-Louis Colaux

Marie PALAZZO - présentation (1)

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Marie Palazzo

Sculptrice, dessinatrice et peintre
La puissante hantise d’une œuvre hantée

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Marie  Palazzo, peut-on lire en incipit de l’espace de l’artiste, est née en 1967 à Verdun. (Elle est Sicilienne et née à Verdun de parents immigrés). Le corps humain et surtout les visages sont ses principales sources d’inspiration. L’expression de ses portraits évoque un archaïsme impressionnant qu’on peut interpréter à la fois comme une naissance aveugle et une déchéance qui se donne à voir : notre condition humaine ?

Voilà les quelques mots qui annoncent l’œuvre. De quel « archaïsme impressionnant » nous parle-t-on ? Imitation des anciens ? Référence à une époque antérieure ? A une nuit des temps ? 

L’œuvre de Marie Palazzo, - que l’on évoque ses sculptures (bronze ou béton), ses peintures, ses dessins – présente d’immédiats échos avec le fantastique littéraire, avec le gothique, avec l’univers délétère des fantômes, des morts-vivants, des golems et des spectres. C’est un monde hanté, faisandé, tavelé par la hantise, un monde décomposé et dont la formidable et impressionnante faune est en décomposition. Cette faune a l’air d’avoir inhalé les vapeurs, les fumerolles de l’apocalypse. C’est peut-être aussi un monde marqué, entaché par la faute d’être ou par l’accumulation de ses fautes.

Palazzo est native de Verdun. Là, la bête de l’apocalypse, la grande charogne a laissé la trace de ses sabots, le lieu, à l’aube du vingtième siècle, a bu par millions de litres le sang de l’énorme boucherie. Sont-ce aussi ces morts-là, parents réels des horribles spectres que Gance fait défiler dans son « J’accuse », qui peuplent et obsèdent l’imaginaire de Palazzo ? Ce carnage énorme et affolant a-t-il sa part dans l’œuvre tragique de l’artiste ? C’est probable.

Ces taches indélébiles, ces désespérantes souillures (et bien d’autres, hélas) flétrissent toute tentative de  représentation de notre condition. On n’en peut faire l’économie. L’être humain est aussi et à la fois cette bête vorace de sang et cette bête détruite, cette bête meurtrière et cette bête mutilée. Dans les bronzes de Palazzo, des corps sans yeux, aux cavités impressionnantes, aux membres affreusement décomposés semblent encore se lever des tranchées.

Et d’une manière plus vaste encore, c’est l’homme qui est ainsi désigné : fantôme, chair avariée et amputée de ses yeux, être incomplet et incapable, incertain brouillard d’humanité. Les œuvres de Palazzo gravite inlassablement autour de la monstrueuse incomplétude de l’homme, cet être réellement troué, réellement lacunaire, inachevé, incapable de se délivrer de sa cécité. Pièce après pièce, l’œuvre, avec une vigueur entêtée et impitoyable, dit la cour des miracles qu’est l’humanité, la matière altérée qu’est l’humanité. La ruine qu’est la créature humaine. L’œuvre ressasse, en des déploiements toujours nouveaux et implacables, la morbidité de notre condition. Ici, - et l’on doit le craindre, le côté qu’a choisi Palazzo est celui de la lucidité -, il n’y a pas de gloire, pas de grandeur, ici, il y a des vestiges, des débris, des déchets. 

Si bien que dans ce défilé de dépouilles, d’êtres et de rêves avortés, ce ne sont pas seulement les poilus sacrifiés que l’on voit, c’est l’homme tel qu’en lui-même, dans sa misère, dans sa perpétuelle et infatigable déchéance, dans la boue d’une condition dont il ne se dépêtre jamais. Eux, c’est clairement nous. C’est douloureusement nous. C’est nous, ces créatures crépusculaires, ces rebuts lunaires, c’est nous, ce choix de hanter faute de n’avoir jamais pu habiter. Ce miroir terrible, c’est bien la vocation d’un grand artiste de nous le tendre.

Une puissance formidable, un savoir-faire pictural et sculptural impressionnant achèvent de conférer à l’œuvre une assise magistrale. 

Récemment, j’ai entrevu quelques dessins et peintures de Palazzo représentant des nus. Bien sûr, ils s’inscrivent dans la geste de l’artiste, ils se lèvent dans le gris, des traits noirs en accentuent l’apparente dureté, ils paraissent massifs, lourds de l’argile dont ils semblent issus mais ils rayonnent d’une incontestable et inédite beauté, ils portent avec une étrange élégance une féminité ample et dense, conquérante. Quelque chose de neuf se lève-t-il à l’horizon de cette considérable artiste ?

DL Colaux - Anthée, 10/10/2012

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SABRINA GRUSS : UN MERVEILLEUX SCANDALE

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 Le Rire selon

SABRINA GRUSS

http://sabrinagruss.free.fr/

https://www.facebook.com/sabrina.gruss.3/photos

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On ne passe pas à côté d’une réalisation de Sabrina Gruss sans être vivement hélé. La création vous agrippe. Le rire tel qu’elle le pratique, elle le place sous la sauvegarde du dernier grand humoriste français, l’un des seuls qui aient atteint à la maîtrise, Pierre Desproges. Voici la longue citation de lui qu’elle place en incipit de son espace.

« S’il est vrai que l’humour est la politesse du désespoir, s’il est vrai que le rire, sacrilège blasphématoire que les bigots de toutes les chapelles taxent de vulgarité et de mauvais goût, s’il est vrai que ce rire-là peut parfois désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles, alors oui, on peut rire de tout, on doit rire de tout. De la guerre, de la misère et de la mort. Au reste, est-ce qu’elle se gêne, elle, la mort, pour se rire de nous ? Est-ce qu’elle ne pratique pas l’humour noir, elle, la mort ? Regardons s’agiter ces malheureux dans les usines, regardons gigoter ces hommes puissants boursouflés de leur importance, qui vivent à cent à l’heure. Ils se battent, ils courent, ils caracolent derrière leur vie, et tout d’un coup ça s’arrête, sans plus de raison que ça n’avait commencé, et le militant de base, le pompeux P.D. G., la princesse d’opérette, l’enfant qui jouait à la marelle dans les caniveaux de Beyrouth, toi aussi à qui je pense et qui a cru en Dieu jusqu’au bout de ton cancer, tous, tous nous sommes fauchés un jour par le croche-pied rigolard de la mort imbécile, et les droits de l’homme s’effacent devant les droits de l’asticot. »  (Pierre Desproges)

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Mais Sabrina Gruss, une fois cette sauvegarde admise, ne ressemble vraiment à personne. Sabrina Gruss est une sorte de Gepetto au féminin, oui, mais un Gepetto crânement fossoyeur, un Gepetto macabre et désopilant qui ferait vivre et danser des fossiles, un Dr Frankenstein réfugié dans le théâtre de Guignol où il fait merveilleusement scandale. Mais cela reste beaucoup trop anecdotique et Sabrina Gruss est à des lieues au-dessus de l’anecdote. C’est une femme étrange qui joue avec les osselets, qui crée des jouets morbides et irrésistibles, qui pousse le rire dans ses derniers retranchements avec l’habileté d’un orfèvre. Qui parvient à créer du tendre avec de l’effroyable, du gracieux avec du vestige, de la vie avec de la mort.

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L’humour noir est ici à l’extrémité de ses potentialités, au sommet de son art et dans la plus extrême tension de son arc. Et si l’on rit, si l’on tremble, si l’on s’émeut, on a tout de même immédiatement la certitude que l’on est dans le domaine de l’art, de l’esthétique, de la conception, de la composition et de l’invention fulgurante. Gruss, c’est l’iconoclaste élevé au rang d’artiste, le blasphème porté à l’état de poésie, c’est le sacrilège sacré. Et cet inconcevable et hilarant théâtre du cimetière, ce fantastique, poignant et macabre cirque Gruss constitue l’une de mes plus déconcertantes et faramineuses découvertes, il me rappelle la vocation la plus haute et la plus noble de l’humour : foutre le cul par terre, les quatre fers en l’air, le cavalier perché sur le cheval du sérieux. Et dans ce violent et imparable attentat contre la rigidité cadavérique du sérieux, la femme artiste s’est adjoint les services de la grâce, de la tendresse et de la poésie. Jamais la gifle et la caresse ne se sont aussi intimement, aussi amoureusement associées. Voici l’un des plus merveilleux scandales qu’il m’ait été donné de voir. La beauté mène à tout, à condition d’y avoir accès. Voici un accès  formidablement déroutant.

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Sabrina Gruss est un oxymore vivant, un oxymore ludique et tragique, c'est un croque-mort ballerin et fildefériste. Elle fait du fil de fer sur un élastique, de la balançoire en haut de la falaise. Sabrina Gruss est une embaumeuse de fantômes, une défaiseuse d'anges, c'est une revenante qui s'en va sur ses pas, c'est un être qui taille des linceuls et des costards dans la soie, la soierie, la soie quand elle rit de tous ses ourlets. Je pressens qu'une vielle souffrance, une lancinante hantise infusent au fond d'elle sur un air de violon qui rit et qui pleure, un violon-toupie, un crincrin de Crémone. Sabrina Gruss est un clown de funerarium, elle dérange, elle colle son joli pied au cul du rang. C'est une élégante pleureuse au nez rouge. Le chagrin et le désir d'amuser font les nez rouges. C'est une beauté, dirait-on, et il ne m'étonne pas qu'il faille être belle, supérieurement belle pour engendrer ceci. Elle a la gravité du hareng saur de Charles Cros, elle erre un peu sous les gibets de la ballade des pendus de Villon, devant les clôtures électrifiées d'Auschwitz, devant les monstrueuses impasses du monde et ses pelures de bananes. C'est une fée à l'envers, à rebours, retroussée comme la lèvre d'un sourire étrange. C'est une Joconde qui affiche son énigme. C'est un mystère passionnant.

Elisabeth Gore

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E L I S A B E T H    G O R E

Les dévoilements secrets

a gore a.jpgJe reviens à l'univers pictural abstrait d'Elisabeth Gore, univers étrange, unique dans lequel j'aime m'immerger, m'absenter au monde pour entrer dans la vibration presque immobile mais puissamment sensible qu'il porte. J'aime entrer dans ce monde de la nuance, des tons chauds, du dépaysement accueillant. Ce monde d'une quête qui me hèle. Ce monde de signes antédiluviens et récents, lointains et frais, issus de la mémoire et de l'invention, de la création et du hasard, de la fouille archéologique et du geste contemporain. Pourtant, j'ai l'impression qu'un lent sablier orchestre la gestuelle de la peintre, qu'un rythme lent mène son bras. J'ai l'impression de deviner son souffle dans les signes qu'elle pose. Dans les indices de sa quête. Dans le monde et en elle-même. Dans le désert et dans l'oasis. En dehors de l'abondance, à l'écart des pullulements, dans le précieux recueillement des traces infimes, des griffures, des caresses. Petites houles, flux, reflux, dépôts, alluvions poétiques. J'entre en étrangeté, mais une étrangeté hospitalière. Je cherche à mettre des mots sur ce que je découvre sur ses surfaces de tons chauds : une entomologie picturale, la traduction du souffle en hiéroglyphes, l'essentiel établi dans l'infime,  l'unité troublée, émue par un dépôt. Ici, le geste méticuleux et l'aléatoire ont rendez-vous. Il y a peut-être une magie, il y a une prise de risque, un abandon de la boussole. Je crois trouver dans les mots une porte non pas d'entrée car je suis déjà à l'intérieur mais la porte d'une chambre d'écho où peut-être la peinture et moi pouvons tinter, résonner ensemble : ici, on assiste à des dévoilements secrets. On lève le voile sur un voile conducteur. Les traces vivantes semblent alterner avec les fossiles, un petit essaim de globules de vie erre dans le désert du monde, le sable et la sève s'entendent, coexistent. Signer, dirait-on, c'est être dans l'oeuvre, c'est y établir sa discrète mais radicale présence, c'est se confondre à elle dans un sertissage intime. L'oeuvre est une intimité qui respire à l'air libre. Ici, l'aventure picturale est enclose dans les haies de l'intime et touche au terme d'une ascension à la sensibilité universelle. Il y a un tour du monde, un tour du temps au sein de l'être. L'infime et l'immense font poème commun.

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Betina La Plante (3)

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 B E T I N A    L A    P L A N T E

https://www.flickr.com/photos/betinalaplante/

Betina La Plante est absolutely incredible. C'est une artiste que j'admire et dont l'oeuvre m'éblouit. Je reviens régulièrement flâner dans ses galeries. C'est un être multiple que gouverne une formidable élégance. Une classe. Une distinction. Il y a en elle du dandy féminin, un être charmant et sociable, une créature sublime et douée (gorgeous and gifted lady) et un talent en éveil permanent, en recherche constante. A l'image de son physique exquis, c'est un être de l'élan, à l'image de sa beauté originale et suave, c'est une artiste complexe, méditative, qui va de la spontanéité à l'artifice. Avant-gardiste, branchée, classique, savante, double (modèle et photographe), naturellement aristocratique, rock'n roll, elle est un peut tout cela, mais quoi ou qui qu'elle soit, elle l'est invariablement avec une majesté irrésistible. Elle a la beauté stellaire et cambrée des gitanes, des danseuses de flamenco, des grâces vénitiennes. Sa recherche opère sur un très large spectre : de la couleur au noir & blanc, de la photographie classique à une approche du graphisme, voire parfois de la gravure, du grain au lisse, c'est parfois une sorte de sculpture dans la lumière, c'est à d'autres reprises de puissantes accentuations, des surpicturalisations étonnantes. C'est toujours l'édification d'un univers singulier et envoûtant. L'art de Betina La Plante comporte aussi une espèce de laboratoire expérimental : il en sort de vrais joyaux baroques, des icônes éclaboussées de lumière. Cette féminité flexible, féline est à l'aise dans l'ombre et dans la lumière, elle trouve aussi ses aises dans le feutré, elle sait capter le feu et la nuit, la dentelle étrange des ombres avec lesquelles elle joue comme un tisserand avec son métier, une harpiste avec ses cordes. Elle a sa magie, sa féerie, sa folie alerte, cette façon de se pencher sur les êtres comme s'ils étaient des astres, comme si chacun était un lieu indispensable de la forêt humaine, ce qui me semble vrai. Betina La Plante est une paysagiste hallucinée, mais je parle d'un être qui vit en bonne entente avec ses visions, je parle d'une poétesse de l'image. Elle est humble et grandiose. Parfois, entre deux rideaux, avec cet œil d'aigle qu'elle a, elle va détacher une merveille. C'est un être curieux du monde. Souvent, presque toujours, elle me surprend, elle ne me laisse pas m'habituer à sa grâce, c'est un diamant à mille facettes. Il y a sa féminité souveraine. Elle vit en bonne entente avec sa beauté mais aussi avec celle des autres qu'elle honore et célèbre.

S O N G E S 

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Dans la pénombre de ce bureau des archives, la femme au crin de lumière triomphe des grisailles bureaucratiques et de la lampe éteinte. Ses boucles lunaires font un lait d'opale qui glisse sur l'arche de son épaule et suit le chemin de son bras. Dans ce terne obscur, on a l'impression d'assister à la descente d'un astre blanc, le passage de la déesse Séléné elle-même. Ce somptueux fouillis de boucles lumineuses, le dôme de cet épaule, le magnifique charbon des yeux accueillent le génie féminin dans ce lieu morne. Le baroque débarque dans le fadasse et le transfigure.

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Betina La Plante, comme ce merveilleux patronyme le laisse supposer, est une experte dans l'écriture végétale. Les nuances du végétal et du minéral semblent, dans leur rencontre, engendrer le ton du ciel qui traverse la ramure. 

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Il y a sûrement du piano dans l'âme de Betina La Plante, une petite pointe de cynisme (c'est l'écharpe des gens sensibles), des mouvements de pinceau. Le piano est aussi dans les magnifiques doigts de l'artiste. Quelque chose d'intense et de spirituel vit dans ce détail. Femme à l'anneau. Les nuances sont feutrées dans cet écrin noir, ce qui attise la ferveur de l’œil. Qui regarde qui ? 

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L'art du contraste rock'n roll. De l'accentuation. On dirait une pochette d'album. Impact immédiat. C'est solide, astral, cette parfaite inscription du masque dans la luxuriance de la chevelure. Les photographies de Betina La Plante semblent toujours décliner la hantise de la mythologie.

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J'aime ce grain qui ramène un peu à la peinture. Et cet éclaboussement formidable qui couronne, qui ceint de fleurs de feu le front de l'artiste. Femme en gloire, être solaire, être dans le soleil ! La lumière entre dans les mouvements de le chevelure et s'accorde à eux. La lumière et l’œil, ensemble, regardent. Art poétique. Je pense un instant à Terrence Malick, à certaines ambiances de ses films, The Tree of life, The New World, .. Cette magie, quelque chose d'incarné, de présent et pourtant de transcendant aussi. 

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Oui, les voiles de Betina, les transferts, les suspensions, les glissements, les superpositions délicates, les échos visuels. Ici, elle est occupée à la soie, à la couture, à la mercerie photographique. Elle compose des images qui résonnent, qui tintent, qui font songer, qui ouvrent la porte au songe. Des images qui s'accordent à nos attentes, aux oiseaux de nos patientes attentes, qui déclenchent des instruments musicaux délicats et profonds. Aux tentures se mêlent les voiles d'une âme. Ce cou superbe est un miracle de la nature.  

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En regardant les yeux de Betina La Plante, les vers que Louis Aragon consacre à ceux d'Elsa me viennent en mémoire : Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire / J'ai vu tous les soleils y venir se mirer,/ S'y jeter à mourir tous les désespérés / Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire". Oui, ces yeux, notes noires où toute l'encre d'une symphonie est déposée, tout l'orchestre, tout le temps et la fièvre de l'interprétation. Quand Betina La Plante, plus tard, entrera dans la légende et dans la forêt qui l'héberge, elle prendra la forme d'un okapi féminin.

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Pétales, pastel et pastoureau. Je regarde cela en écoutant les Living Room Songs d'Olafur Arnalds. Ces deux instants effleurés s'entendent et échangent. Capture d'un souffle, d'un instant d'enfance, de l'auréole d'un ciel. Précieux détails de notre existence, sel même de notre vie.

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Certes, Betina La Plante, c'est aussi cela. La fièvre, l'immense, la fleur de feu centrale, l'opéra magistral des choses. La paix et le tumulte ensemble. Les panoramas sont eux aussi biographiques. Le tempérament de l'artiste tient dans la rencontre de ces contraires parfaitement compatibles, complices dans la conception d'une oeuvre.

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Une image bouleversante, d'une formidable puissance de captation, d'une vertu évocatoire saisissante. L'idée de la perte, celle du chagrin, de la détresse, de la mélancolie, de la fragilité vivent ici intensément, dans cette photographie fragile, cette parenthèse entre deux rideaux : un roman, un recueil tiennent ici dans la photographie. Une âme flotte ici et trouble le regardeur.

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J'aime cette nudité photographiée par Betina La Plante : pour des raisons atmosphériques (grâce, aise, pudeur, élégance, fluidité), géométriques (l'oeuvre fait remarquablement état de la superbe sinuosité du corps féminin), poétiques (cet être marin fait d'une vague sublime ressemble à ces nymphes merveilleuses assises sur les ourlets de nos rêves adolescents et l'âge venu ne les a pas chassées), esthétiques (merveilles des nuances nocturnes et lunaires de gris, de lueurs et d'obscurs), musicales (un pouls cristallin et mélodieux traverse l'image).

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Ma surprise, l'autre jour, de croiser dans la rue ce somptueux double parapluie. Formée de deux jambes de femme et d'un toupet d'étoffe, plutôt que d'arrêter la pluie, cette merveille distrayait les passants de la bêtise du monde et leur offrait une occasion de s'émouvoir. 

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Sans ses cheveux qui volent / J'aurais dorénavant / Des difficultés folles / A voir d'où vient le vent. (Georges Brassens, L'Île déserte). La force est ici avec la beauté et l'image atteint à quelque chose d'irréfutable. Elle nous plaît par son assise formidable, son architecture en équilibre et par la légèreté des mèches soulevées. Le modèle est beau, irrésistible comme une actrice de Bergman. Dans ce visage harmonieux, le regard est franc, droit, généreux, magnifique. Le lieu du visage est fascinant. L'orbe de l'épaule donne à songer. Cette épaule superbe me remet une pensée de Valéry Larbaud en mémoire : "Je n'ai jamais pu voir les épaules d'une jeune femme sans songer à fonder une famille". Ceci me redit aussi, surtout, qu'il y a une dimension transcendante dans notre vie et je crains que très souvent nous ne marchions sur ces fleurs de l'excellence. 

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A nouveau, les trois Grâces (l'allègre Euphrosyne, Thalie qui porte l'abondance et la splendide Aglaé) sont en Betina dans ce merveilleux autoportrait aux bijoux. Elles sont mythologiques et baudelairiennes (fugitive beauté /dont le regard m'a soudainement fait renaître) l'une et l'autre, le modèle et l'artiste, dans une intimité superbe, une complicité éclatante. On est subjugué. Ce port altier allume des cortèges de harpes. Héroïne romanesque aussi en route vers un rendez-vous amoureux, une diva en ascension vers la scène. La composition de l'image est une merveille, une cascade optique, un écho visuel. Cette suite d'épaules donne le vertige. Il y a de la divinité dans l'être. Une trace de divinité. Quelque chose de supérieur. Qu'en faisons-nous ?  

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Je rendais visite à Sonia, chaque mardi. Sonia, dis-je, je cherche à écrire un texte sur l'oiseau, l'envol, les gestes de l'essor, la merveilleuse fatalité d'être léger. Vraiment ? dit Sonia. Attendez, poursuivit-elle en quittant le piano où elle jouait Une Larme de Moussorgski, il me semble que je vous aiderais en vous faisant voir mon dos. Et s'étant dévêtue, elle s'assit, dans une position un peu penchée, un peu cambrée aussi, et me fit voir son dos et comment on quitte le sol, pour, d'une courbe aérienne, plonger tête la première dans l'azur. Il me semble que, en cet instant précis, je compris d'un seul élan le prix d'une larme. 

http://www.youtube.com/watch?v=dzv5-q7PQKU&feature=kp

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La longue
la lente
la langoureuse
phrase du corps
disait à la fenêtre
le vertige que c'est
de vivre
de toujours laisser quelque chose
s'éloigner sans retour
 
L E S    B E L L E S    D E    B E T I N A

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Dans les albums de Betina
les beaux albums
on voit les fées cachées
sous des apparences de femmes
et les femmes percer
sous les étincelles des fées
On voit
dans les albums de Betina
les beaux albums
nager dans le fleuve du temps
une jeune fille à la perle
et le lointain toucher du doigt
la bouche tiède du présent
Dans les albums de Betina
les beaux albums
on voit le vent
les violons
aimer les cheveux sauvages des femmes
et la lumière dans leurs yeux
trouver son nid
Dans les albums de Betina
les beaux albums
on voit
un ange sombre aux grands yeux chauds
porter ailleurs son beau regard
à son oreille
un anneau d'or
hèle la nuit
Dans les albums de Betina
les beaux albums
on voit Suzie
- je l'appelle Suzie -
on voit Suzie
dévisager
la terre entière
on voit Suzie
la sirène au front d'aube
dans l'eau sublime de ses yeux
recevoir le cortège
des dauphins bleus du monde

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Rossinante
 
Le rêve d'un cheval
maigre et sans grâce
un cheval poétique
m'a longtemps devancé
dans les poussières
de la Mancha
où je halais la Meuse
pour qu'elle sût
ce que le verbe "vouloir" signifie

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N'aie pas peur de toi-même
 
Enfant accorde-toi au lait
aux fleurs et à la mort
 
Homme laisse nager
au bénitier de ta faune secrète
les poissons féminins
qui vivent dans ton sang
 
Femme prends dans l'été
le rouge des cerises
avec la force blanche de la foudre
la valse de la soie
avec le couteau de l'indépendance
 
Bientôt sur nous
ainsi qu'un grand-parent
le temps aura tiré
sa couverture de laine
 
N'aie pas peur de toi-même

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Le chat
la femme
sont des morceaux de nuit
qui dansent
le chat le long d'un cercle
la femme autour des dieux
d'elle-même et des chats

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Ah, songeais-je en regardant ces vieux pieds
voilà qui m'instruit
sur l'art 
et le désir
d'aller
longtemps

Avec Alain Adam

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J A M B A G E S   D U    R E G A R D

DANS L'OEIL DU GÉOMAÎTRE

Liminaire

A Geneviève, Hellen et Viih 

Mon vieil Alain, quand on aime, on ne compte pas, on ne mesure pas, on ne tarit pas de chants. Le temps ne fait pas entrave, il n'oppose rien d'infranchissable. Le chagrin persiste, quand on aime, il tient tête à tout, à la ruine, il est d'une émail qu'on ne raye pas. Quand on aime, on sent le profond de l'abîme. Quand on aime, les offenses ont le poids des gazouillis à la fenêtre. Les soutiens ont des parfums de forêt céleste. Quand on aime, on suit et on précède. Quand on aime un vieux peintre, un fameux et lourd talent, quand on aime un vieux barbu mort ainsi, en dépit des sentiments du monde entier et des miens, on fait de la musique sous son balcon, sous le château de son absence, on compose à son chevalet, dans les couloirs de sa galerie. On n'en finit pas. Me revoici avec toi, vieux frangin, dans le projet, soutenu par d'autres, de l'extension de ton oeuvre.

Une nouvelle voile vient de prendre place dans la mâture du voilier d'Alain :

 http://www.leboudoirdubassin.fr/alain-adam-peintre/

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Souvent je pense que
tombé à bas de ton fauteuil
au fond de ton salon
dans tes voilures de fumée
tu es entré dans la mer
tu es entré dans ta vocation tardive d'hippocampe
 de cheval d'eau se délayant
dans le galop de ses éclaboussures 
tu es entré
comme la lune en alchimie
dans l'huile vivante
du golfe de tes œuvres

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Je dis
marin de l’abstrait
vieille figure de l'enfance
tout récent passé
mât pinceau de lent jazz
Je dis
buveur de bleu infusé de bleu
fildefériste
en course sur le fil de l'eau
de l'aube
de l'onde en feu
en fonte
Je dis
grand échassier peintre
debout sur les tessons du déséquilibre
Salut

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Debout dans la nuit
juste devant
les longs cils de la nuit
je m'assois dans la galerie
 
Longs mariages sur la mer
des grands épouvantails
du soir
 
Chemin perdu
des aqueducs au vent
 
Naissance au crépuscule
de la porcelaine des gestes
que rompt
le marteau de la liberté

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Masse des songes
des cris
assis
sous la débâcle
des glaciers et des terres
mêlés à des assauts de ciel
 
Losanges des soleils
grands trapèzes de l'ombre
lourds troupeaux de désordre
 
Parcelles de couleurs
longs champs métis
drapeaux de nuit
tous entre eux suturés
 
Et pendaison
aux longs cous des pinceaux
de la morale des notaires

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Je saluais alors
et je n'ai plus cessé
les grandes effigies
de ton âme changeante
intègre comme
un an de lumière
sur le cycle des villes
toujours retournées
qui fonde
l'axe flexible
de ton grand atelier

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Lent galop dans
la cendre de la neige
dans le volettement 
des flocons de charbon
Dansante procession
sur des copeaux de fleurs
et des clous de cercueil
 
Toujours
tu tends
et tu étires
et tu chiffonnes
et tu compresses
à l'aune de ton caoutchouc
les états de ton âme
mêlés
aux formes bousculées
du monde
Sans cesse tu inventes
le marc de la géométrie 

Frédérique Fenouil

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F R É D É R I Q U E    F E N O U I L

U N   O L Y M P E    F É M I N I N

Je reviens au sculpteur céramiste languedocien, la belle Frédérique Fenouil, jumelle, par certains aspects, de chacune de ses créations. D'abord, pour rappeler au lecteur/visiteur les moyens dont il dispose pour découvrir l'oeuvre. L'Olympe féminin de Frédérique Fenouil. Lieu d'enchantement.

http://www.frederique-fenouil.net/ 
https://www.facebook.com/pages/Fr%C3%A9d%C3%A9rique-Fenouil/154372961422241

a fenouil 6.jpg

Ensuite, pour vous dire à nouveau, pour chercher à formuler ce qui cause mon exaltation. L'artiste aboutit à quelque chose de rare et qui me ravit. Je veux parler d''une alliance harmonieuse, au sein de sa sculpture, de la spiritualité, de la grâce, de la féminité en gloire et du rire, de la joie, de la poésie en joie. Du mystère et de la fête. Regardez ces visages splendides et admettez que quelque chose de hiératique, de sacré, de mystérieux y passe, non comme l'ombre, mais comme la lumière. Une autorité se lit aussi sur ces beaux visages. Un caractère bien trempé. Une fermeté. Il y a le lumineux mystère et le tempérament des créatures fenouiliennes. Des beautés fenouiliennes. Elles sont les indépendantes, les séduisantes, les ravissantes fleurs de l'Olympe féminin conçu par la céramiste. On les sent émancipées, libres. L'exquise épice d'une once d'érotisme serein exhausse leur aura. Elles sont antiques et contemporaines, immémoriales et fraîches comme la rosée, lunaires et solaires, déesses et presque réelles. Totems antédiluviens, à la fois primitifs et coquets, simples et sophistiqués, les femmes de Frédérique Fenouil ont la beauté des passantes de nos rues, la jeunesse du monde en été, la santé des circassiennes aux seins admirables, les yeux languides des Vénitiennes peintes à la Renaissance, une vitalité presque pop art, l'attrait de la Margot de Brassens, et "si les fleurs, le long des routes, se mettaient à marcher", c'est aux filles de Frédérique Fenouil qu'elles feraient songer. Comme le Sétois bien-aimé, les filles de Frédérique ont la passion des chats et des félins de poche, des souris aussi, c'est dire qu'elles ont un sens magique de la conciliation, de l'entente avec la nature, les couleurs et l'art et le pouvoir de faire cohabiter les contraires. Elles sont instinct et savoir, nature et culture, enfance et maturité, conte et réel. Elles ont un équilibre particulier. Elles sont des astres, d'étranges véhicules sur roues parfois qui traversent les époques et créent des liens entre elles. Ce sont de magnifiques petits bolides lents qui nous laissent le merveilleux loisir de la contemplation. Elles sourient, voltigent, toréent dans la grâce, dans la légèreté et la pondération, avec l'orgueil des ballerines et une déclinaison de la gravité qui n'appartient qu'à elle et à quoi nous ne résistons pas. Ce sont des objets, des sujets mythiques, des beautés conçues par leur auteure pour l'effeuillage aromatique, pour l'édification des hommes, pour l'agrément d'un regard poétique sur l'espèce. Ce sont des êtres de terre, de ciel, de lumière. Des fées des jardins, des elfes des rues, des sorcières adorables et peut-être bien redoutables parfois. Parterre, eden de déesses : Artémis, Séléné, Hécate, Vénus Hottentote, Aphrodite, Erèbe, Héméra, Ether, ... Vraies, enivrantes et vraisemblables. Etant déesses, elles sont aussi irrésistibles pépées, oiselles de passage, égéries, poétesses, créatrices, inventeuses, divas, bouquets de couleurs, toutes choses qui m'incitent à penser que l'intense complexité du regard des femmes sur les femmes constitue toujours une leçon de savoir-(v)ivre et de savoir-être. Tout ceci forme, avec un savoir-faire et une ingéniosité technique, une dignité de regard et de conception qui me captivent, une présence qui m'intrigue et m'enchante. A quoi sert l'art ? Il nous aide à respirer, il nous donne envie de respirer, il complique notre respiration, il réenchante notre univers malmené, il jette du doute et du désordre parmi nos clichés, il démasque nos petits conforts hypocrites, il associe des contraires et nous contraint à repenser notre sens de l'équilibre, il troue notre carapace et nous émeut alors que nous nous pensions à l'abri, il ravive l'enfant qui sommeille en nous, il déstabilise l'adulte, l'attendrit, lui joue d'un violon inattendu et qui perfore jusqu'à l'âme, il insinue en nous du vertige et des délices, il sème des étincelles, du beau dans une forme inédite, il met de l'allégresse dans nos heures figées, il place sous le somptueux balcon de notre résignation la folle tentation du bonheur, il administre des gifles considérables à notre candeur, il noue ensemble notre désir et notre inquiétude, il éveille ce que nous cherchons à bercer, il nous dérange, c'est-à-dire qu'il nous sort du rang où nous étions en train de disparaître, il se moque aimablement de nous, il nous empêtre dans les fils confondus de la légèreté et de la profondeur, il pousse immodérément à la création... Voilà quelques-uns des effets que l'art de Frédérique Fenouil produit sur moi.

Première partie

S U L T A N E S   H O R S   D E S   H A R E M S

(sculptures : Frédérique Fenouil - Poèmes : Denys-Louis Colaux )

a fenouil 1.jpg

B R A N C H E    D ' I N F I N I
 
Ses grands yeux ont
le satin d'un miel d'émeraude 
 
Ils cachent des forêts
et des forêts dans la forêt
et des renards dans les châtaignes
des chevreuils dans le chèvrefeuille
des langues roses et mouillées
dans la bouche des mots
des lacets de torrents
à travers les sapins
des rubans de ciel vif
tout au sommet des chênes
dans Brocéliande ouverte
comme les mains d'une amoureuse
 
Ses grands yeux ont
volé l'âme de la lavande
 
Ils ont trouvé
réinventé l'eau bleue
qui fait revenir d'Assyrie
les grands taureaux ailés
et s'asseoir leurs longs muscles
leurs lourdes âmes chavirées
dans la langueur immémoriale
de l'oeil enneigé d'aube
des génisses énamourées
 
Et ses seins sur sa robe
gentiment déposés
comme deux fleurs d'euphraise
sur un rien de velours
soignaient de dix ans de misère
la peine de mes yeux

a fenouil 3 - ph Dominique Bernard.jpg

(photo : Dominique Bernard)

J O S É P H I N E    D E S    F L E U R S
 
Ah vous voilà
belle sage estivale
et vos yeux végétaux
où paissent mes pensées
paraissent aux éditions de l'été
 
votre bouche fruitière
où ma chanson se désaltère
presse les mots de tenir leurs promesses
 
et fleuris vos chemins de robe
sentent le pré et la résine des déesses
 
et votre oiseau de nuit
mêle à vos secrets clos le rimmel des forêts
 
et votre orgueil paisible
écoute dans ses doigts commencer des sonates
 
et le monde à votre ceinture
danse comme un poème
dans la conduite de ses strophes

a fenouil 4 a.jpg    a fenouil 4 b.jpg     a fenouil 4 c.jpg

F L E U R    P E U L E
 
A chaque fois qu'elle descend
la rue
où je me tiens assis
à la terrasse
du café des Oiseaux
je bois 
une gorgée de mon destin
 
Elle marche là-bas
là-haut
en guise d'ailes son enfant
et je mélange
le rêve d'un peu de son sang
à la pluie sombre
de ma vie intérieure
 
Elle s'éloigne
son chérubin
assoupi à l'épaule 
et je retombe
dans la faïence de ma tasse
dans l'arène d'un monde
que j'ai trop longtemps cru
réduit à mon champ de vision
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