Quantcast
Channel: Denys-Louis Colaux
Viewing all 628 articles
Browse latest View live

Marie Nouri - photographe iranienne

$
0
0

M A R I E    N O U R I

Faire de soi le sujet et l’objet de son art

a marie n 1.jpg  a marie n 3.jpg  a marie n 4.jpg

Une étoile du pop art iranien

Une petite idole est née. Elle lance sur le web sa propre galaxie, elle est en l'astre et les stalellites. Amoureuse de la photographie et de son histoire, artiste ingénieuse et inventive, pop artiste raffinée, modèle & femme superbe, la magnifique Iranienne propose au travers d'elle un portrait de femme à l'écart de tous les stéréotypes.  

a marie 20.jpgJe découvre, au hasard de mes pérégrinations internautiques, une photographe iranienne. Son univers me passionne. C’est une excellente photographe mais ce qui m’intéresse avant tout, c’est ce travail photographique dans lequel elle se met en scène. Elle est son sujet et son objet. Dans sa perception étonnante de l’art photographique, Marie Nouri, capitaine et équipage d’un époustouflant rafiot, cumule un nombre incroyable d’emplois : photographe, bien sûr, mais aussi modèle et actrice (avec une palette très étendue de beaux personnages féminins), scénariste, éclairagiste, affichiste et certainement peintre. Au bout de tout cela, de cette quête, de ce jeu, de cette rotation, de ce cinéma, l’artiste sans doute s’approche de soi-même, s’apprivoise, s’analyse mais aussi nous entraîne dans cette valse de tous les états, dans ce curieux manège spéculaire. Cette approche, qui peut sembler narcissique, nous fait songer à l’étonnante aventure d’un Pygmalion se sculptant soi-même. L’aventure artistique de la belle Iranienne présente, par certains aspects, une dégaine rock’n roll centrée sur le culte de l’image et l’esthétique de la pochette d’album. Parfois même, certaines compostions font penser à des affiches de cinéma. Mais son travail dépasse de loin l’exploitation d’une esthétique agréablement superficielle. Car il n’est pas ici seulement question d’être jolie et de plaire. Marie Nouri, belle sans doute, est tour à tour désemparée, folâtre, désespérée, drôle, agressive, inquiétante, superbe, proie & prédatrice, décomposée, volatile, charnelle, spirituelle, morbide. Elle se promène dans l’histoire de l’image, de ses origines dirait-on, à ses toutes récentes potentialités. Et finalement, tout à fait à l’écart de l’être construit, poli, verni, iconique, à l’écart de la femme idéale longuement remodelée, elle réalise, pas à pas, image par image, un étourdissant portrait de femme complète et profondément humaine. Et cette belle femme, avec une remarquable habileté, fait glisser le glamour et le glacé du paraître vers les rugosités, les charmes et les effrois de l’être.

a marie 21.jpg  a marie 22.jpg  a marie 24.jpg

J’ai demandé à l’artiste de me parler un peu d’elle. Voici ce que cela donne. Marie Nouri est née le 2 décembre 1982 à Téhéran. Elle a étudie l’Architecture à l’Université d’Art et d’Architecture.de Téhéran. Elle y suivait un cours de photographie qu’elle a terminé avec une mention d’excellence. Son professeur la jugeait douée et l’a encouragée à poursuivre la photographie. A cette époque,  elle possédait une très vieil appareil Zenith analogue et elle a commencé a épargné en vue de l’achat d’un meilleur appareil. Ça lui a pris environ 5 ans, écrit-elle, pour parvenir à acheter un SLR (Canon 350 D). De ce jour, poursuit-elle, son appareil est devenu son plus grand amour. Comme un grand nombre d’autres étudiants, elle appréciait tous les grands maîtres de la photographie. Elle ne sait trop pourquoi mais Eugène Atget (photographe français spécialisé dans les vues de Paris et regardé comme un des maîtres de la photographie moderne, 1857-1927) était son favori.

a marie n 2.jpg  a marie n 5.jpg  a marie n 6.jpg

Depuis 2005, elle commence à montrer ses photographies sur le site photo.net (voir en dessous les espaces consacrés à l’artiste) et d’aimables photographes expérimentés l’ont, avec leur assistance et leurs commentaires constructifs, beaucoup aidée à progresser. Ce processus s’est poursuivi durant la réalisation de son Jpg Mag (voir les espaces consacrés à l’artiste).

a marie n 7.jpg  a marie n 8.jpg  a marie n 9.jpg

Elle ne considère pas son appareil photographique comme un instrument mais comme une part d’elle-même qui l’aide à se connaître et à connaître le monde, mieux et plus en profondeur de jour en jour. Je lui demande de nous parler un peu de ses dilections. En musique, ses préférences vont à Bach et au groupe Pink Floyd avec lequel elle a grandi mais elle écoute tous les genres de music depuis le folk et la country jusqu’au death metal (le métal extrême) Quoi que ce soit, exhaussé d’une pointe d’âme, l’inspire et elle est reconnaissante envers tous ces artistes qui tentent de faire de ce monde un endroit plus habitable. Ses auteurs préférés sont Friedrich Nietzsche, Ludwig Wittgnestein et Carl Jung. Elle aime les poètes de son pays : Hafez (poète, philosophe et mystique persan du 14ème siècle), Rumi (poète et mystique musulman persan du 13ème siècle. Il a écrit :  L’amour n’est pas l’or/ On ne peut le cacher. / Les effets de l’amour sont apparents.), Omar Khayyam (poète et mathématicien persan du 11ème siècle). Elle apprécie aussi beaucoup  Jerome David Salinger, Charles Bukowski et l’écrivain et poète américain Richard Brautigan.

Au cinéma, elle a une prédilection pour les films qui ont été primés. 

a marie n 11.jpg  a marie n 12.jpg     

Voici des lieux où l’œuvre de Marie Nouri peut être vue, les lieux que fréquente notre merveilleuse petite star du pop art iranien  :

http://photo.net/photodb/folder?folder_id=519062
http://photo.net/photos/marie
https://www.facebook.com/marie.nouri/photos_albums
http://jpgmag.com/people/MarieNouri

a marie n 15.jpg  a marie n 19.jpg

a marie 10.jpg  a marie n 16.jpg  a marie n 17.jpg

a marie n 18.jpg  a marie n 23.jpg  a marie n 27.jpg

a marie n 26.jpg  a marie n 25.jpg

a marie n 28.jpg  a marie n 29.jpg


Karine Krynicki

$
0
0

K A R I N E    K R Y N I C K I

Quand la ferrailleuse se fait sorcière et poétesse

https://www.facebook.com/karine.krynicki/media_set?set=a.533103400082862.1073741825.100001496193671&type=3
http://www.karinekrynicki.com/
http://www.bymentalo.com/

a karine k 1.jpg          a karine k 3.jpg

Découvrons ensemble une artiste française ingénieuse et douée d'un grand sens poétique de la création et de la récréation. Humble mais cultivée, habile et habitée, simple et inspirée, l'artiste Karine Krynicki est une inventeuse d'âmes, une sorte de chamannesse. 

a kk 2.jpgVoyons un peu ce que l'artiste nous apprend sur elle : 

"Je trouve qu'il y a de la magie à travailler les matériaux issus de la récupération. La transformation est un jeu. Détourné de sa fonction première, l'objet devient matière et se fait oublier. Dans une rencontre improbable, les objets s'assemblent pour devenir un nouveau tout qui devient indissociable comme s'il avait toujours existé. Trouver cette harmonie motive ma démarche et mon amusement. Je pose sur ces objets un regard quasi naïf et je me laisse porter par mon imagination. Je recherche l'expression, le détail qui animera l'ensemble, qui suscitera une émotion. 
De là, naît tout un univers d'animaux et de personnages qui semblent tout droit sortis de l'imaginaire d'un enfant, avec son regard sur le monde, son lot d'histoires, de questions, de rires, de peurs, d'innocence et … de boulimie de vie."

a karine k 6.jpg

J'ai immédiatement été séduit par le charme magique de cet étrange petit sphinx

Ma  Démarche

 “La Terre est bleue comme une orange” de Paul Eluard ou “Au tour du pain de rompre l'homme” de René Char ont depuis longtemps été parmi mes vers préférés. L'étrangeté première des rapprochements insolites et soudain la lumière d'une évidence. Petite fille, je regardais les nuages y voyais des personnages et m'inventais des histoires, je fabriquais des poupées en chiffons, avec des bouteilles en plastique ou encore des épis de maïs. Le plaisir du détournement ne m'a jamais quitté. Plus tard, c'est dans les mots, des poètes surtout, mais aussi des artistes, Dada, les surréalistes, puis Alechinsky, Basquiat... que je me suis rendue compte du pouvoir de transformation de la réalité que la création permettait. Un pouvoir ludique, presque jouissif de bousculer d'un côté, l'objet lui-même en le détournant de sa fonction première et de l'autre le regard du spectateur interpellé, invité à changer de point de vue.

a karine k 4.jpg   a karine k 5.jpg   a kk 4.jpg   a kk 7.jpg   a kk 15.jpg

Ce que je recherche aujourd'hui, c'est ce même plaisir. Faire que des objets dans une rencontre a priori improbable, s'assemblent pour devenir un nouvel objet utile ou inutile et que ce tout devienne alors naturellement indissociable comme s'il avait toujours existé. C'est trouver cette harmonie qui motive ma démarche et mon amusement. Car je m'amuse avant tout. Dans la recherche même des objets et matériaux de départ que je chine sur les vide-greniers ou brocantes, que je récupère en bord de route ou sur un trottoir ou encore dans les déchets voués à la benne... Il est rare que je sache au départ ce que je recherche (il est aussi plus facile de trouver ce qu'on ne cherche pas...). Ce sont les objets eux-mêmes qui me séduisent par leurs formes évocatrices qui m'inspirent tout de suite d'autres formes, une courbure, un profil... ou déjà des rencontres. Je pose sur eux un regard quasi naïf et je me laisse porter par mon imagination. 

a kk 19.jpg

J'ai une prédilection pour les objets en métal rouillé, patinés par le temps, chargés d'histoire que j'aime à imaginer puis à continuer à travers le détournement et la création. Il y a une vraie jubilation à redonner vie dans le présent de l'oeuvre à des objets du passé, oubliés, voués à être jetés. Parfois, j'intègre dans mes créations d'autres matériaux, le bois surtout, bel allié, mais aussi le plastique ou des emballages d'aujourd'hui (papier, verre, carton, canettes...).

a karine k 2.jpg   a kk 16.jpg

Dans les luminaires, j'essaie de trouver la cohérence qui réussira à faire oublier la fonction initiale des objets utilisés. J'aime jouer sur l'alliance du moderne et de l'ancien, et mêler élégance et côté récup' brute.
Dans les sculptures, à travers l'assemblage d'objets et matériaux de récupération souvent simples, voire même simplistes parfois, c'est le rendu d'une expression que je recherche. Le détail qui animera l'ensemble, qui suscitera une émotion. Dans le détournement, j'utilise toujours l'humour, mais j'ai besoin de la sensibilité.

a kk 1.jpg   a kk 3.jpg   a kk 5.jpg   a kk 9.jpg

Ce que nous en disons :

Né en 1970, Française, Karine Krynicki est une artiste plasticienne qui sculpte, modèle, peint et trouve sa matière dans les objets délaissés, blessés, détériorés, déclassés, désaffectés, elle les requinque, leur imagine de nouvelles destinées, leur  invente de nouvelles affectations, les soumet aux grâces et aux magies de son imagination. Elle regarde son entreprise artistique comme un jeu, ce qui, à mon humble avis, n'a rien de péjoratif ou de restrictif et ajoute à l'aventure une lointaine épice, une charmante épice revenue de loin. Des vergers, des rues, des squares, des jardins de l'enfance. Il n'est pas requis, pensons-nous, de s'emmerder pour créer. Par ailleurs, chez Krynicki, le bonheur de la trouvaille, la saveur de l'idée originelle, le plaisir de l'aboutissement sont lisibles dans les œuvres, ils y étincellent. On les perçoit et c'est une heureuse perception. Mais ce ravissement ne me paraît pas l'apanage de l'enfance. C'est celui de l'artiste, de l'artisan parvenu heureux, satisfait au terme du processus créatif. Cette joie, je pense, persiste dans l'état adulte. Je crois qu'il reste à l'intérieur de l'adulte, - à l'écart de ses empêtrements, désillusions, dégonflements -, des carillons, des feux d'artifice, des choses qui tournent à l'image des manèges, des musiques chaleureuses, des bouffées de tendresse, des sachets de dinguerie, des faunes et des flores rescapées des grosses moissons de la raison.

a kk 10.jpg

L'art de Krynicki est un art joyeux aussi, mais pas seulement. S'il rit, s'il porte une joie intérieure et rayonnante, il ne craint pas de marcher sur l'absurde, le surréel, l'étrange et même le tragique. Dévoyer les choses, les détourner, les soigner, les transfigurer, transformer leur inertie objectale, leur conférer une présence n'est pas anodin. Il y a toujours un peu du docteur Frankenstein (singulier enfant de Madame Shelley) dans l'opération, de la fée aussi, de la sorcière, de la ferrailleuse, Oui, la sorcière aux pouvoirs magiques entre en jeu (c'est l'artiste qui parlait de jeu) pour instiller un âme à l'objet, le faire passer du fonctionnel au spirituel, de la chose au fétiche. Ces objets sont chargés de sens, d'émotion, ils portent sur eux cette métamorphose qui est leur salut, ce passage du néant fonctionnel au talisman. Les dieux ont seuls ce pouvoir de ressusciter. Passage du vide à l'émotion, au silence habité et à l'expression de quelque chose. Dans ces dévoiements habiles, poétiques, magiques, il y a l'entretien d'une flamme spirituelle. Un dépassement de la matérialité. Une confiance en la poésie, en l'image, le symbole, l'analogie, les figures. Une sorte d'élévation.

a kk 8 le couple.jpg   a kk 15.jpg   a kk 14.jpg

a kk 17.jpg   a kk 6.jpg   

Ainsi, les objets spirituels de Krynicki sont pour moi des poèmes en trois dimensions que je regarde, que j'écoute, que j'entends respirer, sourire, parler une langue légère et profonde, fragile. Rescapés des dépotoirs et des fourrières, des cimetières de l'inutilité, ils sont, par l'entremise d'une artiste, entrés dans le monde inespéré de l'oeuvre, cet objet qui parle, rit, se moque, implore, rayonne, prie, hurle, crée des relations. Ils sont venus à nous et, surpris et charmés, nous entrons en relation avec eux.

a kk 12.jpg   a kk 18.jpg   a kk 13.jpg

Aurore LEPHILIPPONNAT - Trésors découverts (11)

$
0
0

AURORE  LEPHILIPPONNAT

La formidable rencontre de l’art et du sauvage 

https://www.facebook.com/alephilipponnat/photos_albums

a AL 1.jpgAurore Lephilipponnat est une jeune et très talentueuse artiste peintre et dessinatrice française née le 4 novembre 1983. Elle est animiste et milite pour les droits des animaux. Elle vit à Trans-en-Provence. Elle pratique aussi la performance (peinture en direct devant un public).

L’univers de l’artiste, ai-je d’abord envie d’écrire avec une consciente superficialité, n’a pas grand-chose à voir avec sa jeunesse et sa joliesse. Elle présente sans doute une lointaine parenté avec l’univers du peintre et dessinateur autrichien Egon Schiele mort à 28 ans de la grippe espagnole en 1918. Ceci pour rappeler qu’on peut être jeune et porter sur ses épaules toutes les hantises du monde. Il y a une influence de Klimt, avec quelques citations et, dirait-on, une espèce de dialogue engagé avec lui. Mais ceci, l’évocation des parentés, des influences vaut surtout quand on ne sait trop que dire d’une œuvre. Disons que l'artiste témoigne dans son oeuvre de son amour de l'art et de sa passion pour certains artistes.

a AL 2.jpg    a AL 3.jpg    a AL 4.jpg

Le travail de Lephilipponnat semble résulter d’une sorte de précipitation de la maturité en même temps que d’une exacerbation de la lucidité. On semble parfois même être confronté à l’oxymore d’une lucidité hallucinée qui permet à l’artiste de voir au travers des corps qu’elle peint avec vigueur et force, de faire en sorte que l’agencement même des lignes qui composent ces corps en expriment les violents états émotionnels. Ces corps, elle les saisit dans leurs fièvres, leurs passions, leurs convulsions ou leurs décrépitudes. Il s’agit souvent, plus spécifiquement peut-être dans ses dessins, d’une saisie violente et torturée. L’artiste semble chercher à capturer la structure de l’être, son ossature, son squelette, son décharnement. Elle donne aussi, me semble-t-il, sa faille. Elle semble vouloir aller jusqu’à l’os mais en même temps jusqu’à l’âme. Il y a quelque chose qui crie dans ce dessin, quelque chose qui hurle et qui vous étreint violemment. Quelque chose qui vous secoue aussi.

a AL 6.jpg    a AL 7.jpg    a AL 8.jpg

Il y a un immense fond de désespérance dans cette œuvre fascinante, une sorte de chorégraphie du désespoir. La nudité semble aller de pair avec un dépouillement extrême, un déchaussement de la chair. Les visages, lorsqu’ils sont visibles, disent la désolation, la détresse. Il y a peut-être aussi, comme un constat sur l’espèce, une sorte de morbidité ou de proximité de la mort que souligne le gris bleuté des corps parfois orné de soulignements rouges qui font penser au sang et à la plaie.

a AL 13.jpg    a AL 14.jpg    a AL 15.jpg

Il y a, dans la peinture de Lephilipponnat, des éléments qui paraissent moins agités, plus apaisés et plus composés. Mais il y a surtout dans l’œuvre une formidable alliance entre le nerf et la réflexion, entre le tempérament et la composition, entre la vitalité et la technique. Mais ici, où que je porte les yeux, vers l’un ou l’autre des aspects qui composent cette oeuvre abondante en cours de construction, je suis conquis par l’adresse, par le tonus, par l’extraordinaire expressivité, par la violence du propos. Il y a ici une rencontre en altitude, très haut, une rencontre passionnelle entre le sauvage et l’art.

a AL 10.jpg    a AL 11.jpg    a AL 12.jpg

 Aurore Lephilipponnat, - je parie là-dessus-, est une artiste qui a une place dans l'avenir.

a au 1.jpg

a au 2.jpg

a au 3.jpg

a au 6.jpg

a au 4.jpg

Pour Justin & Nora

$
0
0

 a cairon 1.jpg  a cairon 2.jpg  a cairon 5.jpg

Œuvres de Sylvie Cairon

ANNONCE 

Puis au soir de ton cours
sur les fleurs dans la terre
ta vie
peu à peu glisse
comme une eau lisse
de l'or en poudre
trois grains de vent
 
Plus loin
des mains qui t'aiment
dans le creux de leurs paumes
serrent
     comme un lac à la nuit
     ses longs joncs bleus
ce goût
ces fruits
ce fil qui va
de la clé à la plume
et de la plume à l'aile

a su 12 Vilhelm Hammershoi.jpg   a su 15 sarah sedwick.jpg

Vilhelm Hammershoi - Sarah Sedwick

 Elégie pour une Martienne

À  Suzanne
Pour Justin et Nora, avec amour

a su 1.jpg   a su 3 Alice Pike Barney.jpg

Marie Laurencin - Alice Pike Barney

Août 2014 

Aujourd’hui
les gens viennent mourir
sous vos fenêtres
dans vos lits
en vous-même
 
les âmes s’éteignent à vue d’œil
les oiseaux frôlent
les tuiles de vos toits
 
Ecrivant cela
je regarde tourner
dans le ciel
les grands boomerangs
du temps

a su 2.jpg

Andrew Wyeth

Élégie 

Ah te voilà ma chère
à bord de ton steamer en feu
paisible
avec ton drapeau noir
tes orphelins qui saignent
et leurs cœurs douloureux
déchirent devant moi
le grand rideau de la lumière
 
Ah te voilà ma chère
plus que jamais
au gouvernail de ta vie
aimée de mes aimés
femme au galop
sur le cheval de son courage
 
Ah te voilà ma chère
exclusive définitive
seule propriétaire
de  ta maîtrise
soliste
jouant
au beau stradivarius
de son destin dompté
 
ah te voilà Suzanne
au bout de ton humilité
tout au-dessus
de la colline
de ton amour
te voilà au-dessus de ton chemin
troué de clartés et de nuit
d’étincelles qui durent
 
Ah te voilà
artiste désolé
solitaire
 qui œuvre
avec le talent d’un orchestre
à donner toute sa forêt
pour un seul arbre
 
ah te voilà Suzanne
Mon dieu
derrière la maison
avec l’esprit des livres
ton merveilleux jardin
tremble dans la pluie d’août

a su 6 anders zorn.jpg

Anders Zorn

La Vie d’astres tristes

 

Mais un peu triste toi qui sais
Tu lui diras que je m'en fiche...
que je m'en fiche...
 

La Vie d’artiste, Léo Ferré 

Je fais dans ton sillage
le bilan de ma vie
j’ajoute je retranche
je me souviens
je reviens à la ligne
 
Un instant je reprends
de vieux aéroplanes
des couloirs aériens
que l’expansion des arbres
a mis sous l’éteignoir
 
Je calcule
 la marge d’erreur
je vois au sol
le grain mêlé
du bonheur et de la misère
je me languis
j’ai chagrin j’ai souci
et
je secoue le boulier
pauvre bouclier nu
sensé
 
Je laisse le
bénéfice du doute
 
Je sais
nous sourions
la course est imparfaite
 
A la fenêtre
la flûtée d’un moineau
(est-ce toi qui l’envoies ?)
me divertit de moi

a su 4 John Atkinson Grimshaw.jpg

John Atkinson Grisham

Au Jour de tes funérailles 

La route marche devant moi
une pluie personnelle
fait ployer mes pensées
 
ô rêve
ô beau rêve égaré
de l’absence des villes
 
Tu vas dormir
dans le blond insisté des blés
dans le lent glissement
des oiseaux égouttés des branches
et toujours rétablis
 
Tu vas dormir
autour de nous
tant que n’est pas
prononcée
la mort des oiseaux 

a su 5 R Varlez.jpg   a su 14 hélène schjerfbeck.jpg

Robert Varlez - Hélène Schjerfbeck

Le Grand Chien Noir de la Mort

J’ai marché ce jour-là
empêché d’être libre
et d’aller
selon mes vœux
par le grand chien noir de la mort
 
Il m’attendait au sommet de la butte
impassible
noir et droit
terrible
réclamant seulement
que je rentre chez moi
m’asseoir et songer
au fardeau de ciel et de terre
que soulève en nous la disparition d’un être

a su 7 cathy hegman.jpg   a su 11 hugo simberg.jpg

Cathy Hegman - Hugo Simberg

  Prière   

Oh que les fleurs
ce soir
daignent s’ouvrir et embaumer
les  violons
laisser entendre
la pulpe de leur âme
Oh qu’un filigrane de tendre
traverse
l’archet  des fleurs
et la main des solistes
Oh qu’un simple copeau d’amour
roule sous le tranchant
du rabot

a redon o.jpg   a su 10 G. Van de Woestijne.jpg

Odilon Redon - G. Van De Woestijne

 Envol

Ma nostalgie de Dieu
pend
comme un fruit
mort
un long remords
l’arôme
affaissé
du songe d’une nuit d’été
et tu t’en vas
sur une jonque nue
à bord d’un piano
sans solfège
c’est toi qui as raison
c’est ainsi que l’on sort
du chevalet
pour entrer dans la toile

a su 8 wim schumacher.jpg   a su 9 Karel Willink.jpg

 Wim Schumacher - Karel Willink

Mes Enfants 

C’est simple
c’est une mer qui sombre
devant l’île de votre vie 
mes enfants
c’est la nuit qui fait voir 
sous son grand masque aveugle
sa machiner à broyer 
et sa lourde impensée
 
Devant toute cette douleur
levé
mon coeur
ainsi qu’un parchemin qui brûle
crépite et rétrécit
 
Ton âme désormais repose
devant la cécité des choses
sur quoi penchés
nous sèmerons des étincelles

a su 10 Edouard Vuillard.jpg

Edouard Vuillard

ADIEU

  Adieu
emporte du bleu d'aile
adieu
le ciel est mauve de chagrin
adieu
le soleil tout là-bas
est une orange menacée
adieu
les rêves que tu laisses
décochent des épis

a su 19 miro.jpg   a su 16 Matisse.jpg

Miro - Matisse

Betina La Plante

$
0
0

Un poème inspiré par une photographie de Betina La Plante

a betina bouche.jpg

S E C O N D E S   D ' É M E R A U D E
 
En haut du vase de son cou
parmi les vapeurs de tissu
d'une trame de soie
lentes ses lèvres entrouvertes
parlent la langue intime de la nuit
 
De longs oiseaux écartés volent
dans le feutre moelleux des mots
et son haleine isole
dans cet encrier d'ailes
le cygne noir d'un poème échappé
des ouvrages de la nécessité
 
Comme la plume sur la page
le tulle de son chuchotis
glisse doucement passe 
et s'amuït
dans le silence ému

Moché Kohen

$
0
0

MOCHÉ KOHEN

L a   t r a m e   d e   l ’ ê t r e

a moché a.jpghttps://www.facebook.com/moche.kohen?fref=ts
http://www.mochekohen.com/
https://www.facebook.com/pages/Moch%C3%A9-Kohen/226016790768496 

D'où sont issus les papillons humains de Kohen ? Quelle est cette poudre (cette poussière, cette cendre) qui recouvre le tissu léger de leurs ailes invisibles ? Ces suspensions menacées d’évaporation, ces êtres d’une étrange grâce tragique  nous étreignent le cœur. Ils visitent et émeuvent, dirait-on, ce qu’il y a de frêle en nous, ce qu’il y a de fragile, la soie menacée, le coton léger, le tulle fluet de l’être. Il me semble parfois que Kohen rend la trame de l’être, sa toile. L’humanité se dépouille ici de ses apparences, de ses armures, de ses cuirasses pour dire, pour chuchoter le cristal fragile qui la constitue. Ce murmure assourdissant, cet obsédant zonzonnement d’abeille valent tous les cris. Kohen a compris que l’essentiel est parfois ténu, secret, intime. Son œuvre muse, chante et danse cette conviction. Et l'hypnose opère.

Fragiles, presque évanescents, ces êtres se manifestent par la luciole ou le charbon du regard, par des visages ambivalents où s'enchevêtrent les grâces de l'enfance et une douloureuse usure des traits. Ils entretiennent des rapports avec la fumée et la brume, quelque chose semble les menacer de dissipation, et, en raison du rendu de ce danger d'effacement, ils sont formidablement évidents, infiniment présents. Ils ont aussi la beauté, la force presque surnaturelle des halos et des fantômes. Ils ont la puissance de la hantise. Ils sont ourdis dans la toile de la mémoire.

a moché 1.png   a moché 2.jpg   a moché 4.jpg

a moché 5.jpg   a moché 3.jpg

a moché 6.jpg   a moché 7.jpg   a moché 8.jpg

Il arrive qu'ils aient pour fond, pour sauvage écrin un violent bain de sang. Ils ont racine dans l'enfance, le tragique et la légèreté. Ils sont le sfumato. Ils sont matiérés dans un modelé vaporeux, dans un état d'estompement. Kohen atteint à un très haut degré d'intensité poétique par cette façon qu'il a d'établir dans le présent, dans la présence ce dont il suggère l'infinie fragilité. Une tragique impression de chefs-d’œuvre en péril plane sur l’œuvre, l’intensifie, la rend ardente. Ici, lorsqu'ils sont plusieurs, les êtres se blottissent, se cramponnent, s'étreignent. Quelque chose de redoutable est autour d'eux, derrière. Lorsqu'ils sont seuls, quelque chose souvent appuie sur leurs épaules, les fait ployer. Une menace est tapie. Et pourtant, oui, au-delà d'un effroi parfois porté par les êtres, vulnérable et sublime, la beauté se signale, l'irréductible humanité se manifeste. 

a moché 9.jpg   a moché 10.jpg   a moché 11.jpg

a moché 12.jpg   a moché 13.jpg   a moché 14.jpg

a moché 15.jpg   a moché 16.jpg   a moché 17.jpg

J'ai lu quelque part que Kohen est entré en peinture dans le bouleversement provoqué par les oeuvres d'Egon Schiele. Se pourrait-il qu'au-delà de la contorsion violente et du troublant tourment des modèles de l'expressionniste autrichien, Kohen ait trouvé cet état intermédiaire de présence/absence où l'une et l'autre, la présence et l'absence, en raison de leur association intime, sont étrangement exaltées ? Ceci me remet en mémoire la scène de l'effacement des fresques dans Fellini Roma. Et Kohen serait le peintre qui œuvre à l'instant où l'effacement commence à opérer. Kohen serait celui qui jette dans la durée une braise qui a failli s'éteindre. Apollinaire écrivait : "Il y a un poème à faire sur l'oiseau qui n'a qu'une aile". Il me semble que l'oeuvre de Kohen porte cette affirmation en filigrane. Il me semble qu'il y a un poème menacé dans chacune des toiles de Kohen.

a moché 18.jpg   a moché 19.jpg   a moché 20.jpg

a moché b.jpg   a moché c.jpg   a moché 21.jpg

J'écoutais, en regardant les œuvres de Kohen, les magnifiques prières juives que l'excellente Sonia Wieder-Atherton interprète avec génie au violoncelle. Instant de sensibilité vibrante. Il me semblait que la musique et la peinture entraient en correspondance. Profonds échos mutuels, les respirations semblaient se croiser.

http://www.youtube.com/watch?v=suAwiZ0y4Pk

Bien sûr, il faut dire et redire que l'oeuvre est poignante, qu'elle remue le regardeur en profondeur. Et pourtant, cet art subtil fait songer à deux doigts délicats cherchant, pour le retenir, à pincer le fil ténu de la mémoire.

Aurore Lephilipponnat (2)

$
0
0

La Passion selon sainte Aurore

Je reviens à l'oeuvre virulente de cette artiste comme on revient à un pays étranger qu'on aime et dont le magnétisme nous hante. J'y reviens très souvent. Par goût, par intérêt. Je reviens à ce lieu d'art et de tragédie humaine dans lequel la passion, la douleur, l'attente impatiente, le désir, l'effroi, la colère, la fièvre forment des nœuds inextricables et brûlants. Lieu de tempérament, d’ébullition, de convulsion et de maîtrise. Lieu presque shakespearien. En dehors du temps et pour cette raison infiniment présent. Je reviens avec la conviction qu'il faut témoigner d'un talent de cette force.

a au 1.jpg

a au 2.jpg

a au 3.jpg

a au 5.jpg

a au 6.jpg

a au 7.jpg

Isabercée Di-Puglia

$
0
0

Isabercée Di-Puglia

Incarnation de la fièvre

Pour en savoir davantage sur l’artiste, veuillez visiter les espaces suivants :

http://berceedipuglia.blogspot.be  -   http://www.isabercee.com
https://www.facebook.com/isabercee.dipuglia/photos_albums 

a isa 10.jpg

Isabercée Di-Puglia est une jeune et talentueuse artiste, à la fois dessinatrice et peintre. C’est une artiste complexe, en perpétuelle quête, infatigablement attentive à multiplier ses accès vers l’art et la vie, chez elle très intimement conjoints. C’est un être qui palpite, qui emmène son œuvre (et celui qui la regarde) dans une formidable palpitation, dans un troublant enivrement.  Di-Puglia est une puissante nature, à la fois solaire et épanouie dans la couleur et le trait, dans les éclaboussures de vie, secrète et réfugiée dans la crypte de son œuvre où elle nous convie à regarder les précieux et délicats trésors qu’elle amasse à l’abri du bruit et du mouvement, agile et souple dans un dessin très racé et élégant, exaltée et affirmant la vie et l’amour dans des images d’une formidable vitalité. La vie, - dans tous ses états, de la gourmande délectation aux lenteurs passionnées et intenses de la volupté en passant par la fulgurance ou l’énergie du cri et de l’affirmation, - habite cette œuvre saisissante et dynamique. Entrer dans cette œuvre, c’est s’aventurer dans une formidable agitation, c’est rejoindre pratiquement et s’accorder à la course du sang dans les artères. Isabercée, contrairement à ce que ce joli prénom pourrait laisser entendre, est un être en perpétuel état d’alerte. Elle émet et reçoit à tout instant. J’aime chez Di-Puglia l’électricité d’une nature toujours sur le qui-vive, toujours saturée d’émotion, de passion, cette façon de vivre et de rendre dans son art l’élan de vie, de témoigner de ce foyer ardent autour duquel elle se tient dans un perpétuel et séduisant état de fièvre. Isabercée Di-Puglia est l’incarnation de la fièvre.

a isa 1.jpg     a isa 2.jpg    a isa 5.jpg

a isa 3.jpg    a isa 4.jpg

J’aime dans l’œuvre l'intarissable lumière qu’émet la lanterne intérieure de l’artiste, c’est une lumière embrasée, un vrai brasier incandescent. Il distribue une étourdissante et exigeante chaleur humaine. Mais cette lumière dit aussi l’amour sacré, l’amour immodéré de l’art. Même les maternités d’Isabercée rayonnent de cette ardeur à aimer, de ce feu brûlant de l’amour. J’aime chez Di-Puglia ces images de couples qui doublent les débâcles pour affirmer la beauté de l’étreinte et de la rencontre. J’aime, dans l’œuvre, nombreuses, ces âmes plus fortes que l’abîme. Car oui, dans les combustibles qui alimentent le feu « bercéen », il y a une spiritualité profonde, incarnée, une spiritualité puissante et fermement reliée au corps, puissamment ancrée en lui. J’aime quand son art atteint à la fresque, à ces fresques plus fortes que la suie, plus fortes que l’éponge de la suie. J’aime le témoignage qu’elles portent, ce témoignage de résistance obstinée à l’usure et à l’effacement. Chaque fois, Di-Puglia semble engager sa vie dans ce qu’elle affirme. Et cette œuvre dit une confiance formidable en l’art. Elle est aussi admirable à cet effet, dans cette confiance totale, cette immersion complète, cet investissement définitif. Être, exister, c’est créer. Le moindre trait de Di-Puglia l’affirme, l’assène. Et créer, c’est exalter, attiser le foyer de la vie.  Isabercée Di-Puglia est un être si proche de ses convictions, si intimement liée à elles qu’elle se trouve toujours en état de combustion. Ceci est une des explications de son œuvre ardente et admirable.

a isa 2.jpg       a isa 3.jpg

a isa 4.jpg       a isa 5.jpg

a isa couple.jpg      a isa deux.jpg

a isa 6.jpg     a isa 9.jpg

a isa 14.jpg


Avec Isabercée Di-Puglia

$
0
0

Isabelle de la nuit et des couleurs

a isa 5.jpg     a isa 2.jpg     a isa 3.jpg

Oeuvres : Isabercée Di-Puglia - Poèmes : Denys-Louis Colaux
Les oeuvres sont la propriété des auteurs
 
http://www.isabercee.com/
http://berceedipuglia.blogspot.be/
http://www.agentdartistespeintres.ca/isabercee-di-puglia/
 
INCIPIT
 
J'aimerais
après la traversée
après le temps des foudres et des chutes
que la nuit enfin réparée
vous fût douce 
comme sont à mes yeux
intenses
les lampadophores de vos couleurs

a isa 6.jpg

AVERSES NOIRES & CHANTEPLEURE
 
Isabelle
il pleut ces derniers temps
d'énormes gouttes
des brassées de fleuves
et des cieux entiers
sur la rue de votre vie
je suis venu
avec cette chantepleure
afin de donner ou de rendre
à toute cette eau de malheur
le chemin de la mer
et le sens oublié du bleu

a isa 7.jpg

AU FOYER D'ISABELLE
 
Au foyer d'Isabelle
là où sans se consumer
brûlent et dansent les couleurs
se mêlent les étincelles
les papillons et les ombres
je devine des astres de sang ardent
le ciel mêlé au fond de la mer
le jour attaché à la corde du soir
le clou du rêve enfoncé dans la planche du réel
le bénitier amoureux de la main qui se trempe à son eau
 
Au foyer d'Isabelle
à la javelle où ses gestes
s'unissent et se déprennent
j'entends valser l'âme enflammée
du tableau vivant de sa vie
j'entends bouillir
le thé exalté
de son désir de peindre
j'entends hurler
au centre de l'étang
où ses huiles reposent
la héronne cendrée qui se déploie en elle
quand elle ouvre les bras
pour mener son orchestre
 
Au foyer d'Isabelle
la mer entre par la fenêtre
comme un grand chat liquide
de gros caillots de nuit
heurtent
les banquises de l'aube
des navires de glace
fondent au soleil incendié
de longs plumeaux de paons
enlassent des corbeaux
et dans la neige féminine l'ombre
sertit son khôl et son rimmel
 
Au foyer d'Isabelle
les souffleuses de pigments
aux embouchures du cristal
mettent l'empreinte de leurs lèvres
et les orgues de leurs poumons
Puis comme un début d'éventail
au secret d'Isabelle
un mystère s'entrouvre
et son charbon intime
comme deux paumes jointes
héberge
la braise d'un couple d'oiseaux

a isa 8.jpg

ISABELLE EN SA FORGE
 
Je la connais je crois
cette ardeur à battre son fer
à se déposséder
des peuples qu'on héberge
en un musée au fond de soi
 
Sans vous lasser jamais
vous poussez dans la course
qui mène au pays de la trace
au ciel visible de tous
les comètes cachées
dans vos constellations secrètes
 
Du haut de vos balcons
vous jetez des fenêtres
ouvertes sur vous-même
et le ciel tout entier
De grands oiseaux d'extase
mènent rêver vos femmes
dans le velours des nuits
et leurs regards sublimes
ont cet éclat liquide
des grands diamants crus
 
Vous semez de la fièvre
les vrais fantômes de l'étreinte
les combustibles orangés
les pelures d'or fin
que la volupté laisse
dans le ciel où elle passe
vous répandez
le goût 
palpable et vif
comme le corps d'un poisson pris vivant
de la passion qui tourne
dans ces fleuves qui vont
leur ruban autour de la terre

a isa 9.jpg

Ludens chante Lhasa de Sela

$
0
0

a lhasa.jpg

à Xilef Leclerc, guetteur vigilant

a ludens 1.jpg

L  U  D  E  N  S

https://www.facebook.com/trioludens?fref=ts

Ludens est un groupe musical de Bogota. C'est un trio formé de Katie Ellen James (voix et guitare), Ana Maria Lopez (violoncelle) et Jorge Zarate (cordes). La musique de la formation est chaleureuse, très habitée, originale, color&ée de sonorités nouvelles ou inattendues et la voix de Katie Ellen James est un bijou sonore, intense, envôutant et formidablement expressif. Cette très belle formation reprend de façon magistrale quelques titres de notre bien-aimée Lhasa de Sela. Lorsque le jeu (ludens) atteint cette qualité, on l’accueille comme un événement culturel. Ce que je fais. Je soumets les belles covers de Lhasa à votre écoute.

a ludens 2.jpg

I S    A N Y T H I N G    W R O N G

https://www.youtube.com/watch?v=deNxCoZOoO8

L O V E    C A M E    H E R E

https://www.youtube.com/watch?v=4fvQocmkwZ4

Je vous suggère aussi cet espace dévolu à notre fée : 

http://www.alwaysontherun.net/lhasa.htm

Pour Alain Adam

$
0
0

M o n   V i e i l   A p a c h e

Pour Viih, sa fille bien-aimée, auteure des photographies reproduites ici
Pour Geneviève, sa plus fidèle et loyale amie
Pour tous ceux de la bande, Jo, Robert, Annette, Jean-Marie

a AA 1.jpg

Mon vieil Apache
le bateau de notre aventure
sombrait dans l'eau du port
loin devant s'éteignaient
les lampes du café des dunes
le Pérou s'enfonçait
accroché à la coque
et j'entendais déjà
ou je croyais entendre
le geignement sourd de l'épave
 
Et le silence qui venait
roulait comme les funérailles
d'un scaphandrier à la nuit
 
Je parle d'un Pérou
qui tient tout entier dans la paume
quatre tableaux vendus
et la gloire
qui s'assoit
deux secondes sur tes genoux
mon vieil Apache
la gloire
baronne demeurée putain
aristo au trottoir
 
L'humilité rapplique
une giclée plus tard
l'humilité
c'est un destin
frangin l'humilité
la salope est fidèle
on se fait à sa geste
 
On ne cherchait pas les couronnes
jamais
nous autres
avec les sceptres
on fait la chasse aux mouches
 
Nous sommes la bohème
à l'écart des cocktails
et des civilités
nous sommes
des brebis réfractaires
au peigne de la filature
nous n'en avons jamais fini
avec le goût de peindre
avec le goût d'écrire
 et tout en nous s'oppose
à notre épuisement
et nous mourons
inépuisés
 
Mon vieil Apache
mon matelot
la mer oh la mer ce soir-là
au fond du mois d'avril
la mer à l'instant du désastre
c'est un évier un urinal
c'est l'avaloir
par où tout espoir et tout sang
s'écoulent 
 la mer
mon marin mon corsaire
oh la mer ce soir-là
c'est la détresse
masquée de rage
c'est du chagrin au large
c'est le monde persécuté
par une absence
 
Cette nuit j'aurais peint
la jetée tout entière
avec ma propre bile
 
Je dis qu'il ne faut pas
séparer le chant de la plaie
je veux pour te commémorer
ériger au large d'Ostende
où môme j'apprenais la mer
à grandes pompées de vent vert
je veux ériger au large d'Ostende
un voilier catafalque
claquant comme un grand combat de cymbales 
je veux pousser au loin
un mausolée insubmersible
ourlé d'algues de méduses et de sirènes
je veux lever au ciel 
un très grand oiseau peint
avec du sang d'Apache
 
Il me faut à présent
pour me bercer de toi
des voix de femmes des chansons
des marches solitaires
et au loin devant moi
des convois de pianos lents
vraiment imaginaires
 
Mon vieux pirate Apache
mon capitaine au cours interrompu
le temps désormais entre tes paluches
est vrai comme une autruche
guérie du désir de voler
 
Mon vieil artiste évanoui
je me parle de toi
inconsolé
aigre comme un pinard vieilli
ému privé de voix
je m'assois et j'écoute
j'entends dans tes tableaux
dériver le charroi
des continents déboulonnés
j'entends ta main sculpter
les flancs immergés de l'iceberg
que fait sur l'eau
avec des cortèges de fleurs
le passage d'une vie d'homme
j'entends ton pinceau tisonner
l'âtre froid des étoiles
le foyer chaud de la maison
j'entends encore
ta vie qui tire
ta vie qui pousse
ta vie qui tangue
ta vie qui sue à peindre
et à chercher
 
Je m'assois et j'écoute
nager les yeux des femmes
danser leurs épaules leurs seins
dans l'eau savante de tes aquarelles
je vois ta passion d'elles
et je m'en vais heureux
oui heureux malgré tout
comme grisé d'iode
et de Rochefort 10
le long des chemins buissonniers
où tes icônes flottent
petites fleurs pirates
écloses dans ma nuit
que leurs lueurs ravissent

a alain adam viih.jpg

a al ad 1.jpg     a al ad 2.jpg

a al ad 3.jpg     a al ad 4.jpg

Légendes de chevalet

à Alain

Ton Œuvre

Longs mariages sur la mer
des grands épouvantails
du soir
 
Chemin perdu
des aqueducs au vent
 
Naissance au crépuscule
de la porcelaine des gestes
que rompt
le marteau de la liberté

a al ad 7.jpg

Tes grands travaux abstraits

Masse des songes
des cris
assis
sur la débâcle
des glaciers et des terres
 
Losanges des soleils
grands trapèzes de l’ombre
lourds troupeaux de désordre
 
Parcelles de couleurs
contre tout contre
la clôture acérée
du réel
 
Et pendaison
aux longs cous des pinceaux
de la morale des notaires
 
Je saluais alors
les grandes effigies
de ton âme changeante
intègre
intègre comme
la lumière d’un an
tout un an de lumière
sur le cycle des villes toujours retournées
qui fonde
l’axe flexible
de ton grand atelier

a al ad 8.jpg

Le Passage

Après la pluie
la mer entre plus aisément dans l’huile de la nuit
Un semis d’oiseaux noirs doucement escorte et annonce
la légère litre de deuil
qui va planer sur le tableau
et l’invention de la lumière
qui le fécondera
La valse savante du bras orchestre l’admission
de l’éphémère et du furtif
dans l’âme sensible du temps

a al ad 9.jpg

a al ad 10.jpg

Deux portraits de Lhasa par Rita Carmo

$
0
0

R i t a   C a r m o   a   p h o t o g r a p h i é   L h a s a

Le très vigilant guetteur québécois Xilef Leclerc, par le signal qu'il donne au groupe En hommage à Lhasa, attire mon attention sur le site de la photographe portugaise Rita Carmo (née en 1970 à Leiria) et qui a publié un peu partout, de la France au Japon en passant par l"Angleterre. Elle a réalisé en décembre 2004 deux beaux portraits de Lhasa que voici, portraits qui sont visibles sur le blog de l'artiste :

http://ritacarmo.blogspot.ca/2010/01/lhasa-de-sela.html

a lhas 1.jpg

Mes photographies

Armand Rassenfosse (1862-1934)

$
0
0

ARMAND RASSENFOSSE

un génie belge

 

Voilà un des artistes wallons majeurs de la jonction des dix-neuvième et vingtième siècles, un a rassenfosse_1.jpgartiste supérieurement doué et impardonnablement méconnu. Il est à la fois graveur, dessinateur, peintre, aquafortiste, lithographe. Il est aussi l'ami et le collaborateur de Félicien Rops avec qui il met au point une nouvelle pratique du verni mou (technique de gravure en creux) : le ropsenfosse. Il excelle à représenter la femme, c'en est un des plus passionnants chantres.Son art est subtil, ferme, audacieux, inventif. Remarquable affichiste, il est aussi, en 170 magnifiques eaux-fortes, le génial illustrateur des Fleurs du mal de Charles Baudelaire. Rops,a-t-on écrit, l'éclipse. C'est une bêtise, les étoiles ne s'éclipsent pas entre elles. La bêtise a souvent pour objet d'exonérer l'ignorance. C'est, au demeurant, ma passion pour Rops qui m'a fait découvrir le génial Rassenfosse.  

http://fr.wikipedia.org/wiki/Armand_Rassenfosse

http://www.wittert.ulg.ac.be/fr/flori/opera/rassenfosse/rassenfosse_notice.html

http://fr.vivat.be/culture/cinema/article.asp?pageid=1426

http://www.kbs-frb.be/fund.aspx?id=293720&src=true&langtype=2060

http://beauxartsliege.be/IMG/pdf/communique_de_presse.pdf

 

a arm 1.JPG 

a arm 2.jpg

a arm 3.jpg

a arm 4.jpg

a arm 6.jpg

a arm 7.jpeg

a arm 8.JPG

a arm 9.jpg

a arm 10.jpg

a arm 11.jpg

Les Fleurs du mal de Baudelaire par Rassenfosse

a arm 5.jpg

b25898z.jpg

Pour admirer les magnifiques illustrations des Fleurs du mal réalisées par Rassenfosse, consultez ce lien :

http://www.wittert.ulg.ac.be/fr/flori/opera/rassenfosse/rassenfosse_baudelaire.html

a armand 3.jpg

a armand 4.jpg

Betina La Plante encore et toujours

$
0
0

Un poème sur une photographie de Betina La Plante

a betina la plante abc.jpg

C a r e s s e r    u n    v i o l o n c e l l e

O précieux et doux démon du ciel doué d'une avantageuse absence d'ailes, dauphin clair dans sa mue d'ombres, diamant noir sur le lait plissé du drap, sur la jonque en allée du lit, je me détourne du chemin des étoiles pour apercevoir, par la fenêtre, entre les rideaux ouverts, sur la scène de la chambre, le lumineux chemin de tes lignes tendues. Voilà, bel ange obscur et terrestre, ce qui vaut un détour, l'effort d'un détour, voilà ce qui console des laideurs du monde et de son goût pour la soue. Au bout du jour, je pourrai dire, alors que chacun entendra mon âme exaltée ourler mes mots d'un frisson : "J'ai lu trois poèmes de Baudelaire, j'ai marché à la lisière de la forêt d'où un chevreuil a jailli et j'ai vu, par un hublot sur l'infini des êtres vivants, un instant de féminité faire pâlir le crépuscule". Cette nuit, je songerai à un violoncelle aimé de l'étreinte d'un orchestre. 


Marie-Odile Vallery

$
0
0

M a r i e - O d i l e   V a l l e r y 

Il y a des artistes qui vous ont à ce point conquis qu'on revient, sous l'effet d'une formidable aimantation, inlassablement à eux. Ils créent des lieux et des œuvres, des atmosphères dans lesquels ce que vous êtes profondément peut respirer et s'épanouir, trouver des oxygènes propices. Marie-Odile Vallery, avec son formidable trait (pour moi, son irrésistible trait), le feu de sa palette, sa manière vive et dynamique, son esthétique (entre le grand Rops et quelque chose de furieusement contemporain, de totalement présent), son univers féminin exalté et passionnant (galerie exemplaire des femmes dans tous leurs états - on y aperçoit quelques hommes ! ) est une des étoiles au ciel de mon panthéon personnel et à ciel ouvert. Marie-Odile me fait le plaisir de me considérer comme un passeur : j'aime, à l'exclusion de tout ce qui pourrait me faire tenir pour sérieux, cette dignité. Éclaboussé par la beauté d'un art, habité, animé, transcendé par lui, vous cherchez à répercuter votre enfièvrement, à rendre justice à une expression en la proposant à l'attention du plus grand nombre. Et d'intercéder vous rend heureux. Il me semble, au demeurant, qu'on est trop loin aujourd'hui de la célébration à laquelle un tel talent a droit, qu'on est trop frileux devant cet art épatant. C'est un grand péché, une faute capitale que celle qui consiste à ne pas savoir saluer la beauté. Mais plutôt que de gémir, pétri d'admiration et d'estime, je préfère affirmer inlassablement mon enivrement et mon ravissement devant l'oeuvre. La savourer sans modération. L'accueillir avec les enthousiastes égards qu'elle mérite. Et, comme des substances et des essences bienfaisantes et troublantes, en partager les effets avec le plus grand nombre.

T R O I S   C O L L A G E S

Voici d'abord, avant de revenir aux splendeurs de l'oeuvre peint et dessiné, trois collages de l'artiste. Ils font pleinement partie de la geste de Vallery :  méticuleusement et artistement conçus, ils vivent dans l'élégance et la profondeur, ce sont de vertigineuses fleurs de poésie.

a mad 1.jpg  a mad 2.jpg  a mad 3.jpg

OE U V R E   P E I N T   E T   D E S S I N É : N O U V E A U X   J O Y A U X

a mad 4.jpg

a mad 5.jpg

a mad 6.jpg

a mad 7.jpg

a mad 8.jpg

a mad 9.jpg

a mad 10.jpg

a mad 11.jpg

a mad 12.jpg

a mad 13.jpg

a mad 14.jpg

a mad 15.jpg

a mad 77.jpg

Alice Neel

$
0
0

A l i c e    N e e l

(1900-1984)

a neel a.jpgAlice Neel est une artiste américaine, spécialisée dans les arts visuels et connue pour la très passionnante singularité de son oeuvre peint : une production alerte, époustouflante, constituée de portraits atypiques (ses amis, amants, des artistes qu'elle connaît, quelques étrangers), inventifs, captivants, épicés parfois d'une pincée d'humour, colorés et chargés en émotions, des portraits fondés sur un usage étourdissant de la ligne. La peinture et le dessin sont chez elle intimement imbriqués, se portant mutuellement, créant un style, une geste qui va marquer le vingtième siècle. Le choix même de ses sujets indique son ouverture d'esprit, sa vision du monde, son refus de tout sectarisme, son refus du racisme, son humanité ouverte, refusant toutes les ségrégations. Son oeuvre porte aussi témoignage des drames d'une vie, des désarrois immenses, des appels du néant. Chaque peinture, chez elle, semble exprimer un choix : laisser, au risque de suggérer un inachèvement, les détails pour se centrer ce qui est le moteur du travail pictural. (Le superbe portrait, - l'artiste est d'une grande beauté -, est de Robert Mappelthorpe). Neel est aujourd'hui regardée comme un des maîtres de l'art figuratif du vingtième siècle.

 http://www.aliceneel.com/biography/1920.shtml
http://www.aliceneel.com/
http://www.davidzwirner.com/artists/alice-neel/biography/
http://www.theguardian.com/artanddesign/2010/jul/07/alice-neel
 

a neel 1.jpg

a neel 2.jpg     a neel 3.jpg     a neel 5.jpg

a neel 6.jpg 

a neel 7.jpg

a neel 8.jpg     a neel 9.jpg

a neel 10.jpg     a neel 11.jpg     a neel 12.jpg

a neel 13.jpg     a neel 14.jpg     a neel 15.jpg

a neel 16.jpg     a neel 17.jpg     a neel 19.jpg

a neel 19.jpg

Elisabeth Gore

$
0
0

ELISABETH GORE (encore et toujours)

Je reviens à elle. Pour prendre part à la respiration spirituelle de cette oeuvre, à sa chaleur paisible, à son cheminement méticuleux, inquiet et poétique, ensemble. Aventure spirituelle. Merveille d'humanité. Je m'attarde devant trois nouvelles œuvres pour vivre un instant dans leur secret révélé et demeuré secret, pour paraphraser René Char. Cette création picturale me rend un instant prudent, un instant léger et profond. Elle m'offre substances et essences, matière et âme à poème. Elle me prête sa lenteur inspirée, le poids de plume de son geste sacré. Trouver cela, le matin, après l'avalanche radiophonique des catastrophes quotidiennes, c'est trouver un trésor, une oasis étrange, des indices de lumière intérieure, une captivante danse de gestes lents.

a eli 1.jpg

a eli 2.jpg

a eli 3.jpg

Isabelle Vialle

$
0
0

Isabelle Vialle

Artiste peintre expressionniste française née en 1970

http://vialle.isabelle.free.fr/

Voilà une artiste reconnue et extrêmement complexe, secrète, enfouie et pourtant au gouvernail d’une œuvre hallucinante qui semble pourtant faire l’économie de tout ce qui éblouit. Son art semble consister en un curieusement accouchement du filigrane des choses, une venue au monde du caché, du tapi, l’avènement d’une épiphanie profane et fantastique, une étrange épiphanie comme légèrement atténuée, estompée par un très discret voile onirique. Le rêve est ici inséparable du cauchemar, le beau du laid, le figé du chorégraphique, l’élan du magma. L’œuvre ne crie pas, elle s’impose par une sorte de majesté terrible, l’œuvre s’établit dans la haute vocation de la monstruosité, le monstre étant ce qui est digne d’être montré, le monstre étant ce qui avertit, éclaire, inspire, le monstre pouvant figurer encore l’être de caractère surnaturel.

a isa 1.jpg

Il y a dans cet étonnant amalgame, - que la geste picturale rend néanmoins cohérent -, de fleurs et de végétaux humains  étranges, inquiétants, vénéneux ou troublants une philosophie de la vie, une considération de l’espèce en retrait de toutes les dichotomies rudimentaires et de toutes les classifications triviales. L’artiste cherche, traque inlassablement  l’être dans le temps, dans les livres, les légendes, dans les chemins de ses ambiguïtés et de ses déclinaisons successives, dans ses fantasmes, ses effrois, ses enfers, ses hantises. Mais elle mène sa traque en esthète, avec une qualité de geste qui séduit, une profondeur de trait, une manière d’une subtilité effarante, elle opère dans les sombres, dans des fonds nuit, avec des résurgences de bleuté, des gazes, des brumes, à l’écart de tous les aguichages chromatiques.

a isa altérité.jpg

Vialle semble à la tête d’une formidable conjonction d’attributions : prophétesse du malheur et du destin problématique des êtres, visionnaire lovecraftienne, artiste du fantastique, poétesse du désastre, pythie hallucinée,  chantre de la grâce blessée, annonciatrice du passé, des convulsions antédiluviennes conduites dans la giration de la terrible répétition, conteuse visuelle, brasseuse de mythes, tératologue esthète,  spécimen inédit de frémissante humanité, elle est une sorte de formidable âme en ébullition projetant sur la toile, - avec une maîtrise rare, un sens exceptionnel de la nuance -, laves, vapeurs, fragments de nuit, formes crépusculaires, silhouettes nocturnes, merveilleux lambeaux de l’histoire convulsive et de la légende de l’être.

a isa archaea.jpg

Dans ce fastueux spectacle macabre et visuel, on voit de vrais fantômes, des brouillards de marais, des fumées d’enfer, on croise les irrésistibles poèmes macabres de Baudelaire, les douloureux effrois de Howard Philip Lovecraft, la fumée délétère de certains ses mythes, on voit les pauvres et les miséreux de Dickens ou de Charles-Louis Philippe, on voit le drame terrible des déshérités de la terre et des gueux, les pleurs des damnés et les larmes du malheur, une crispante atmosphère d’apocalypse, l’intrusion sinueuse du surnaturel, le prophète Jérémie, la colère de  Léon Bloy, la pensée antique, l’évolution hallucinée de l’espèce, l’imagier des contes mené au maximum de sa fièvre.

a isa canvas.jpg

Plus encore, on admire dans l’œuvre cette rencontre assez inédite, hautement, puissamment troublante, entre l’horreur et le tendre, le délicat et l’effrayant, le corrompu et l’attendrissant, l’affreux et l’humain.  Un talent exceptionnel accomplit la merveille de faire tenir tout cela dans une œuvre qui rayonne presque noir. Oui, s’il est vrai qu’une étoile a pleuré rose, voici une œuvre qui rayonne presque noir. Et ce presque cache un trésor d’humanité. Un frisson sublime. La forme la plus inattendue, et peut-être la plus bouleversante, de la compassion.

a isa des équilibres.jpg

a isa dommages collatéraux.jpg

a isa douve 2.jpg

a isa douve.jpg

a isa innocence.jpg

a isa la becquée.jpg   

a isa la fossoyeuse.jpg

a isa la femme.jpg

a isa la terre était brulante.jpg

a isa le baiser.jpg

a isa le ventre.jpg

a isa les ophélies.jpg

a isa ménine.jpg

 

a isa pendu.jpg

a isa rhizomes.jpg

a isa sur mes lèvres.jpg

a isa vanité.jpg

a isa vaudou.jpg

Avec Philippe Bousseau

$
0
0

Philippe Bousseau : photographies - Denys-louis Colaux : poèmes

C  R  Â  N  E  R  I  E 

a fil 1.JPG

H A V A N I T É
 
 Le havane
de la vie
se consume
Doucement
sa saveur
glisse en cendre
Sa fumée
comme un bord
de nuage
meurt au ciel 

a fil 2.JPG

S A V A N I T É
 
Contre la mort
belle ange
mets ton aile
place ton épaule
appuie
la chaleur amoureuse
de ta hanche
 
Contre la mort 
qui vaincra
qui fera tomber tous les arbres
sombrer les voiliers
sécher les hautes herbes
tomber les félins
les rapaces
le soleil
contre la mort
appuie
la vague de ton flanc
pose le globe de ton sein
le vase de ton bel endroit
pose
l'aquarium de ton ventre
où l'océan assoit
le jour avec la nuit
 
Contre la mort lointaine
la mort toujours imminente 
pose le haut lutrin volant
du livre de ta vie
pose l'accent aigu
du sel bleu de ta vie
pose
ta part d'aube
ton aune de soie noire
et la lanterne de ton âme 

a fil 3.JPG

F I N S    D E R N I È R E S 
 
Oui
un jour
l'étoile s'étiole
 
Sur la chair du vitrail
une éclipse descend
 
Oui le déchirement
est dans l'arbre levé
 
Oui
mais
des hippocampes bleus
naviguent dans ta voix
tu sens bon le cuir d'ange
tu sèmes
un peu partout
ta provision d'éternité
la poudre manquera un jour
mais le geste est écrit

a fil 4.JPG

Viewing all 628 articles
Browse latest View live




Latest Images