Gilles Molinier
Héritier du pictorialisme
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Technique de travail
Ma technique reste très « artisanale » dans le sens où je tiens à marquer mon intervention et mon empreinte dans le plus d'étapes possibles me permettant d'aboutir au tirage final que je conçois tout autant comme un objet que comme une image photographique. Les papiers supports font également partie de mes recherches et je détourne volontiers différents supports que j'adapte alors, comme par exemple des papiers faits main que j'affectionne particulièrement.
Mon travail n'est pas lié à l'utilisation d'un matériel ou d'une technique photographique spécifique dans le sens où j'utilise en prise de vue, à la fois un capteur numérique ou argentique. En numérique j'utilise surtout du matériel de marque Nikon possédant des capteurs de 12, 24 ou 36 millions de pixels, et cela alternativement avec l'utilisation de focales fixes ou variables, En argentique, je vais privilégier du matériel grand format, soit une chambre panoramique 6x17 à objectifs interchangeables, soit d'une chambre monorail Sinar, habituellement faite pour le studio mais je j'utilise volontiers en extérieur, et cela sous différentes tailles de plan film 8x10, 5x7, 4x5 ou 6x17cm.
Il s'agit là, pour moi de la capture de la matière première photographique, L'image est ensuite développée suivant la technologie adaptée, dans le cas de films argentiques, l'image est ensuite systématiquement scannée par moi-même.
Vient ensuite la phase de travail de l'image, que je réalise donc uniquement sous ordinateur mais sans aucune intervention de soustraction, d'addition ou d'assemblage photographique.
Mes images ne sont pas manipulées ou les limites qui correspondent au travail dans une chambre noire traditionnelle.
Une fois l'image réalisée, j'imprime moi-même via différentes techniques d'impressions jet d'encre N&B, pigmentaire ou au charbon. J'utilise et détourne aussi différentes sortes de supports papiers pour mes impressions. J'expérimente beaucoup de choses nouvelles tout en cherchant à obtenir des résultats allant dans le sens de mes images mais aussi possédant une empreinte spécifique.
Je conçois le tirage papier et sa mise en valeur, à la fois comme une photographie mais aussi comme un objet capable de transmettre un rendu qui contribue au sens de l'image.
Bio & Parcours
Gilles Molinier est né en 1965 à Paris. Photographe autodidacte. Étudiant en étude et histoire de l'art. C’est dans l’atelier de ses grands-parents paternels, tous les deux coloristes, qu’il s’éveille à l’art. Il découvre la photographie très jeune, acquiert son premier Nikon puis réalise ses premières illustrations et travaux photographiques. Il comprend alors que la photographie est un véritable langage, son mode d’expression. A 24 ans, Gilles crée une entreprise d’ingénierie qui l’amène souvent à réaliser des images et à les intégrer dans des projets de communication. En 2009, il décide de prendre une nouvelle orientation professionnelle pour exercer pleinement son métier d’auteur photographe. C’est naturellement que ses choix photographiques se portent entre autres vers la nature, milieu dans lequel il évolue depuis toujours. Gilles nous incite aujourd’hui à porter un regard différent sur ce qui nous entoure. Son éclectisme souligne sa curiosité, son ouverture sur le monde et son regard à angles multiples qui mettent en exergue les connexions entre ses réalisations. Son travail nous confirme sa détermination à capturer la quintessence des images et à en restituer les émotions.
Événements et Expositions réalisées récemment
Saint Germain en Laye – L'Atelier – Exposition N&B - sept 2013 / juil 2014 Besançon – Place des Arts – Exposition N&B - Mai 2014 Corée - Séoul - Assemblée Nationale – Exposition mixte N&B - Juin 2014 Paris – Galerie Univer / Collette Colla – Exposition N&B sur le thème de l'arbre – Artiste résident - depuis juin 2014 – en cours Paris - FotoFever Art Fair – Exposition N&B avec la galerie HEGOA Novembre 2014 Cherbourg – « Le Garage - Richard Menant » - Exposition N&B mixte 17 décembre 2014 – 7 janvier 2015 Paris – Galerie HEGOA – Exposition nominative N&B sur le thème de l'Arbre – 8 janv 2015 / 21 fev 2015 Cherbourg – « Le Garage - Richard Menant » - Exposition N&B en duo avec la plasticienne Sandrine Blaisot – L'arbre / l'humain - Mai – juin 2015
Publications majeures Livres
Courir, un autre regard – juin 2014 – Édition Avant Propos ( Auteur A. Bustin ) Arbres – Poésies en noir et blanc – juin 2014 Presse : Magasine Réponses Photo – juin 2014 – Portfolio 10 pages
Ce que nous inspire l’artiste
Molinier, capteur et compositeur d’images, sorcier et sourcier spécialisé dans les lumières, les hiéroglyphes végétaux, la grâce sauvage, homme et esthète de la nature, ami des arbres, des monts et des vaux, des cerfs et des oiseaux, guetteur pacifique et artiste, interprète du détail et du panorama, poète forestier, alchimiste et facteur de ses propres supports d’impression, artisan et aventurier de ses papiers, héritier inventif du mouvement pictorialiste.
Il entre en forêt , s’avance devant les lacs ou les collines, chargé de ses énormes appareils à pieds complexes, de ses extensibles mécaniques à soufflets, somptueuses machines à dompter la lumière et l’image. Mais il est à l’aise en dehors de la forêt et peut, par exemple, détecter et inventer en un quartier, en un coin de rue, en ces lieux qui semblent anodins et ordinaires, un instant de grâce saisissante, un assemblage formel captivant ou révéler la fascination cachée d’une architecture ingrate. Oui, il y a du détecteur en lui, du détecteur de beau et un inventeur de trésors très enfouis, de trésors mimétiques invisibles aux passants incurieux ou blasés, aux terribles passants sans inspiration. Molinier est un inspiré. On sent les ressources en patience, en efforts physiques, en calculs savants, en émerveillements successifs, mais aussi en espaces intérieurs disponibles. Le type dispose, en guise de jardins secrets, d’immenses salles intimes où il réfléchit, pose, mesure, écoute palpiter les panoramas, les lointains immenses, les boulevards forestiers, les montagnes ourlées de lueurs, le cœur intérieur et humide des forêts. Molinier est un vendangeur de la couleur, il la ramasse, la presse, la fait saigner et vivre à son meilleur, à son plus beau, son plus intense : ses pulpes vertes et nuancées de la forêt intérieure, ses houles formidablement pigmentées de mousses charnues et luxuriantes, ses somptueuses flexions de pins émeraude, tout cela sent l’hymne sauvage et la célébration comme je les aime, comme elles me remuent puissamment et en profondeur. Ne voyez pas dans l’homme, malgré la barbe, un bûcheron bourru ou un rustique homme des bois, c’est un dandy, ce Molinier, qui rend le vrai par le sublime secours de l’art, qui donne à l’artificiel des lettres de noblesse et de pertinence, c’est un chercheur d’art. Et un gars saturé d’exigences. Il a le goût de l’excellence. C’est un orfèvre dans la ramure, un artiste dans les fougères, un pictorialiste dans la pente sévère. C’est un merveilleux émerveillé, un homme qui place tout son savoir, toutes ses machineries, toute sa fertile imagination au service de son regard et, dans la foulée, du nôtre. C’est autre chose, plus, beaucoup plus qu’un témoin. Le témoin restitue fidèlement. Molinier invente ce qu’il voit, Molinier traduit dans une quête de perfection sans satiété le frisson que lui inspirent les choses, il lui confère un retentissement perceptible, sensible, il l’orchestre. Ce photographe a quelque chose, oui, d’un chef d’orchestre qui ferait chanter, frémir, resplendir chacun des éléments qu’il saisit dans son objectif. L’image de Molinier a les vertus, la densité, la complexité, l’exigence, la mesure et la liberté d’un poème. Et devant sa photographie, vous n’avez jamais l’impression de contempler un exploit technique, vous vous sentez pleinement en face d’une œuvre, d’un instant béni, d’une seconde définitivement ravie au galop aveugle du temps. Oui, une seconde ravie. Toutes les acceptions servent cette idée.
Molinier a des noirs longs en œil, des obscurités somptueuses que des clartés viennent ourler, et, dans le sombre, il a des rhéostats raffinés et subtils et tout l’espace de sa photographie est formidablement soigné.
Je reviens à cette idée que, sans doute, pour faire œuvre dans le paysage (fût-il urbain),pour s’élever à la condition d’artiste photographe, il faut du souffle et de l’imagination, il faut une vision. Il faut sans doute comprendre que chacun des points devant lequel on place son appareil est un des centres possibles et momentanés du monde. Se dire aussi que tout artiste qui apporte sa singularité réinvente son art. Se dire qu’une photo, c’est aussi le couronnement d’un long effort, d’une démarche, d’une obsession, d’une passion. Le travail de Molinier habite et éclaire toutes ces réflexions.
Enfin, dans la calligraphie photographique de Molinier, il y a invariablement une once de transcendance, quelque chose de pratiquement oxymorique qui confère à la chose fixée un destin d’aérostat en ascension. Il y a quelque chose qui s’élève, quelque chose qui nous élève au-dessus de nous. Il y a, bien que l’imagier soit souvent terrestre et ancré, un grain d’apesanteur. La photographique de Molinier n’appartient pas à ce qui est mais à ce qui existe, de ex(s)istere, « sortir de, se manifester, se montrer ». Dans sa photographie, il y a épiphanie, il y a la manifestation d’autre chose que l’évidence.