H é l è n e B é n a r d e a u
P r é s e n t a t i o n
En partage avec mon amie Christiane Mégel
http://lacrabahuteuse.fr/
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D'abord, j'invite instamment le visiteur du blog à consulter les références à l'oeuvre photographique d'Hélène Bénardeau. Il en comprendra la qualité, l'originalité et l'âme.
Née en 1970, Hélène Bénardeau, mère de Tom et Matisse, enseignait l’espagnol et habitait à Ingrandes, dans le Pays de la Loire. Lors de son troisième épisode cancéreux, Hélène décide de passer à l’abordage et conçoit l’idée de son blog La Crabahuteuse (http://lacrabahuteuse.fr/). Ce même blog deviendra en 2011 un ouvrage chez Jacques Flament, dans la collection L’air du temps, Il est moins tard que tu ne crois, Carnet de bord d’une crabahuteuse. Ce livre formidable a été extrêmement profitable à toute une tribu de sœurs de déveine.
Hélène est un être pas ordinaire du tout. Elle est douée d’un tempérament fort, d’une ligne d’esprit agréable à l’œil et musclée, tenace. Elle sait tenir tête à l’adversité. Elle a eu besoin de puiser dans ses réserves, la maladie l’a longtemps tourmentée. Elle aime depuis toujours les livres et petit à petit, dans un réjouissant éclectisme, le jazz, la chanson française, le rock, le reggae, etc. Elle s’impose à vous par une nature volontaire, robuste et élégante. C’est une très belle femme, ses yeux, malgré une évidente force de malice, émettent de la musique et portent à rêver Ses talents de photographe prouvent qu’elle en avait le meilleur usage. Son visage lumineux et séduisant exprime une féminité épanouie, la présence d’un goût pour la poésie, une grâce exhaussée de quelques indices de cynisme. Débarrassée de ses beaux cheveux par les traitements agressifs, elle demeurait supérieurement belle.
La distinguent encore un puissant instinct maternel et, révélé par son blog et son livre, un réel ressort littéraire, la pratique d’un humour alerte et inspiré, une aptitude à la colère et au cabrement. Et merveille des merveilles, que les vacheries du destin font apparaître, Hélène est douée d’un sentiment élevé de la solidarité. Elle fonde une tribu. Toujours d’une humilité tranquille, elle plaide, elle aide, elle explique, elle assiste, elle désigne, elle salue, elle proteste, la main avec laquelle elle écrit devient littéralement une main secourable. Autour de son îlot virtuel, de grands golfes de sentiments circulent, les gens la hèlent, l’appellent, elle est accueillante, sororale. Elle s’invente une autre vraie famille, une cohorte de femmes blessées, reconnaissantes, rallient son panache couleur Loire. Elle réussit quelque chose de somptueux, de chaleureux, de chevaleresque. Toujours à sa façon, dans sa geste singulière, sans faire fi de ses humeurs, de ses tournures d’esprit, de son goût pour le style et les formulations soufrées. Son outil est affûté, paré pour les grands défis littéraires. Il y a en elle, avec ce que cela comporte de grâce, de poésie et de dignité, de la Doña Quichotte.
Hélène aime et pratique les chevaux, elle chérit les chats, son cœur palpite au passage des félins de poche, elle aime les chiens aussi, elle crée avec les fleurs de délicieux rapports d’affection et de complicité. Elle a le sens inné de la composition florale. Elle assiste, patiente et séduite, au mûrissement superbe de ses roses. Elle aime la Loire, l’âme lente et liquide de la Loire, ses faunes et ses flores, ses longs draps spéculaires, ses incendies, ses vapeurs d’aube, ses cieux et leurs nuanciers subtils. C’est beau, c’est touchant comme elle la regarde, sa Loire, durant de longs et amoureux affûts, en collectionneuse de tableaux, en orpailleuse d’or immatériel. Et ému, je songe que si le Rhin a sa nixe, Lorelei, la Loire a sa nymphe, Hélène..Hélène, sirène de la Loire. Elle cueille ce sublime qui est à sa portée, à deux pas d’elle, à deux coups d’ailes, elle le reconnaît, elle le célèbre. Enchantée, elle enchante à son tour. Elle comprend le rythme de ces eaux et de ces lieux, leurs variations visuelles et sonores, leurs coulées paisibles, leurs mouvements de conquête et de crue, elle les fait siens, un mimétisme opère entre Loire et Hélène.
Hélène (et je me ressouviens du recueil de René-Guy Cadou, Hélène ou le règne végétal) est sensible et réceptive à toute forme de vie : un arbre, un brin d'herbe, un épi, une libellule, un fil de lumière, une perle d'insolite, un oiseau, tout en haut le bulbe de la lune. Elle y recueille de la grâce, de la danse, de l'oeuvre, une raison d'être, une participation intime et charmante au manège du monde. Aussi, elle a un sens extrêmement développé, affûté et esthétique du signe, de la silhouette, du hiéroglyphe, du langage aléatoire et poétique des formes.
Et, bien que, hélas, mille fois hélas, la belle Hélène ait pris son envol vers ailleurs ce 5 février 2017, il nous est donné de participer aux magies de son regard et de son cœur, il nous est donné encore de feuilleter ou de parcourir (puisque, désespérément, le livre tarde) le respectueux recueil de quelques-unes de ses somptueuses captures. Le livre tarde, ai-je écrit. Il tarde à mes yeux et à mon âme parce qu’il est pour moi l’outil supérieur de la célébration, de la reconnaissance et du respect. Qu’on sache pourtant que pendant que j’écris ces lignes, je me sens douloureusement sensible au chagrin des proches, à la douleur lancinante et terrible de ceux et celles qui se trouvent dépossédés d’un être indispensable et chéri. Devant ce désastre terrible, mon rêve de livre, qui persiste et se cherche des issues, se sait aussi mineur qu’inflexible.
Un poème d'Hélène
L e s a b l i e r
(2011)
Les heures et les secondes
Qui filent et se fourvoient
Les creuses, les vagabondes
Celles que préfère mon chat,
Tournicotant, tranquilles
Me glissant dans les doigts
Comme le sable, agiles
Traquant les falbalas
Poussières des temps fragiles
Innocentes, intrépides,
Flèches légères, futiles
que l’enfance dilapide
Grains solidaires, infimes
Que le grave éternise
Que le doute, les énigmes
Tamisent à leur guise
Trame de perles faucheuses
Qui sur nos peaux sillonnent,
Creusant les ruelles sinueuses
Qu’empruntent tous les hommes
D’éclats de rire limpides
En sanglots pathétiques
De surprises candides
En colères volcaniques
Petites gouttes hémophiles
Qui passent en vous priant
De rendre indélébiles
Leurs trépas incessants
De croire que leur décompte
Qui vous sera fatal
Est comme du temps la fonte
Comme du présent le râle
Billes de sel cloîtrées
Dans leur écrin de verre
Que l’on croit amadouées
Parce que faites prisonnières
Qui coulent, même immobiles
Sur l’endroit comme l’envers
Qui tirent sur le fil
Qui tricote votre hier
Rendez les donc précieuses
Uniques et singulières
Ces heures impétueuses
Qui deviendront Naguère,
Antan et Autrefois,
Bagatelles et chimères,
Comme vous comme moi.
Hélène Bénardeau
Q u e s t i o n n a i r e
Pour le site de notre éditeur commun, Jacques Flament, Hélène avait préféré répondre au questionnaire plutôt que de rédiger un autoportrait. Son art de la réponse constitue un merveilleux autoportrait.
Quel est votre trait de caractère majeur ?
Sévèrement atteinte d’Électronite libre.
Quelles sont vos qualités préférées chez un homme ?
La bienveillance. L’autodérision. L’intégrité.
Quelles sont vos qualités préférées chez une femme ?
La bienveillance. L’autodérision. L’intégrité.
Qu’appréciez-vous le plus chez vos amis ?
Leur présence.
Quels sont vos principaux défauts ?
Trop péremptoire en phase passionnelle. J’espère que ce n’est pas incurable et que les coups pris sur la tête ou que les années qui passent me donneront l’antidote. Trop Saint-Bernard. Mais je me soigne. Je fume. Fumais. Refume.
Quelle est votre occupation préférée ?
Ramasser des bois flottés sur les plages et leur boutiquer une seconde existence avec les moyens du bord.
Quelle est votre idée du bonheur ?
Buller délestée de toute nostalgie, bien campée dans le présent, avec un amoureux qui râle en fond sonore après sa mayo qui ne prend pas, un chat sur le ventre qui roumione de bonheur sur mon transat en terrasse, un grillon qui se demande si il pointe à 19 ou 20h, des roses en pagaille sur la claie en osier, une carte postale de mes loulous qui barbottent en bord de mer posée sur le guéridon et Chet Baker qui funnyvalentine loin de sa fenêtre de malheur.
Quelle est votre idée de la misère, du malheur ?
Perdre un enfant. (au propre comme au figuré). Perdre son autonomie. S’oublier par amour. Se mélanger les pinceaux dans la hiérarchie des auxiliaires être et avoir.
Si vous n’étiez pas vous-même, qui aimeriez-vous être ?
Mon chat.
Où aimeriez-vous vivre ?
Je suis merveilleusement bien là où je vis. Mais je pourrais vivre dans bien des endroits, du moment qu’il y ait de l’eau à proximité.
Quelle est votre couleur favorite ?
Celle de la Loire.
Quelle est votre fleur favorite ?
La rose, mais la gogane, l’agapanthe, le lilas, le tiaré, les fleurs des champs la talonnent de bien près sur le podium.
Quel est votre animal préféré ?
Le chat, incontestablement.
Quels sont vos auteur(e)s préféré(e)s ?
Stefan Zweig, Gabriel Garcia Marquez, Vargas LLosa, Milena Agus, Luis Sepulveda, Alessandro Barrico, Herman Hesse, Saint Ex… Il y en a trop. Depuis gosse, je suis aussi hypnotisée par les livres qui tournent autour de la Shoah.
Quels sont vos héros de fiction préférés ?
Le petit Prince.
Quelles sont vos héroïnes de fiction préférées ?
Mafalda.
Quels sont les derniers livres que vous ayez lus ?
La vie est brève et le désir sans fin, de Patrick Lapeyre
Ainsi mentent les hommes, de Kressman Taylor.
Les théorèmes du Port de la lune, de Bernard Manteau.
Personne, de Gwenaëlle Aubry.
Quels sont vos acteurs préférés ?
Philippe Noiret, Claude Rich, Albert Dupontel, Jacques Gamblin, Jacques Spiesser, Mickael Lonsdale, Massimo Troisi, Jeremy Irons…
Quelles sont vos actrices préférées ?
Romy Schneider, Annie Girardot, Jean Seberg, Ludmila Mickaël, Mélanie Laurent, Anne Consigny, Catherine Frot, Sandrine Kiberlain…
Quel(le)s sont vos metteurs en scène préféré(e)s ?
Agnès Jaoui , Zabou Breitman, Tim Burton, Clint Eastwood (même si le gars commence à me fatiguer), Albert Dupontel, Almodovar, Hitchcock,…
Quels sont vos films préférés ?
Le facteur, de Michael Radford.
La vie des autres, de Florian Henckel Von Donnersmarck.
Les vestiges du jour, de James Ivory.
Et au milieu coule une rivière, de Robert Redford.
Dans ses yeux, de José Luis Campanella… trop long.
Quels sont vos chanteurs préférés ?
Euh non. Là, je n’y arrive pas. Mes goûts sont beaucoup trop éclectiques pour que j’en nomme en oubliant les autres (chanson française, classique et moderne, pop rock, latino, un peu de classique mais pas beaucoup, reggae, vieux coucous espagnols, jazz, jazz manouche, etc. Même en ne citant que les grands courants, je n’arriverais pas à mettre de hiérarchie !)
Quelles sont vos chanteuses préférées ?
Idem.
Quel(le)s sont vos musicien(ne)s préféré(e)s ?
Alberto Iglesias. Django Rheinart. Goran Bregovic, Erik Satie, etc.
Quels sont vos héros dans la vie réelle actuelle ?
Ceux qui ont encore l’insolence de rêver. Ceux qui osent être insolents tout court.
Quelles sont vos héroïnes dans la vie réelle actuelle ?
Idem.
Quels personnages de l’histoire aimez-vous le moins ?
Ceux qui ont tout fait dans le seul but d’y rester graver.
Quels sont vos héros dans l’histoire du monde ?
Robert Badinter, Nelson Mandela, les Justes… trop long.
Quelles sont vos héroïnes dans l’histoire du monde ?
Virginia Hall, Nelly Bly, Fridha Khalo, Helen Keller… trop long.
Quelles sont vos boissons et nourritures favorites ?
Le Madiran, le Tariquet premières grives, un p’tit Sauvignon avec une douzaine d’huîtres, les fruits de mer en général, le Coca-Cola (mais le vrai) l’eau qui pique, le chocolat, les fraises Tagada, les nounours guimauve, les pistaches, les tartines de pain frais beurrrrrrrrrées, les gambas, le foie gras, l’oeuf à la coque…
Que détestez-vous le plus ?
L’hypocrisie. La méchanceté. La bêtise
Quels sont les personnages historiques que vous détestez le plus ?
Les bourreaux. Les résistants de dernière minute qui sentent qu’ils vont être en retard pour la photo.
Quel est le fait d’actualité qui vous a le plus marqué ?
Les résultats du premier tour des présidentielles en 2002. La bête immonde me fait peur. Elle rampe toujours.
Quel est le don naturel dont vous voudriez être doté(e) ?
Avoir l’oreille absolue pour pouvoir jouer d’un instrument sans passer par la case solfège !
Comment aimeriez-vous mourir ?
Sans regrets.
Quel est votre état d’esprit présent ?
Je suis comme un suricate converti au boudhisme. Je m’inquiète tranquillement.
Pour quelles fautes avez-vous le plus de tolérance ?
Pour celles dont je connais les racines.
Quelle est votre citation favorite ?
Une parmi d’autres : « Vous pouvez vous désoler que les roses aient des épines, mais vous pouvez aussi vous réjouir que les épines aient des roses. » (Tom Wilsom) Mais j’avoue que le : « Il y a des métastases qui se perdent » desprogien m’échappe assez souvent.
Quels sont vos pays préférés ?
Aucun. J’adore le mien, mais j’ai trouvé du charme à tous ceux que j’ai pu visiter.
Où écrivez-vous ?
Dans mon lit ou près du feu ou dans mon jardin.
Quand écrivez-vous ?
N’importe quand.
Avez-vous des manies quand vous écrivez ?
Non. À part celle d’oublier régulièrement de boire mon café tant qu’il est chaud et celle de fumer beaucoup trop.
Que représente pour vous l’écriture ?
La Mary Poppins la plus efficace du monde pour faire le ménage.
La façon la plus spontanée pour moi de communiquer.
Un bouclier contre les tsunamis émotifs.
Un stratagème pour obliger ma cervelle à tourner moins vite.
Une cordée qui permet aux autres d’escalader ma face nord sans être trop chagrins.
Hélène Bénardeau